03/02/2025
[BorderLine] Végétalisation de l’alimentation : à l’aube de nouveaux régimes ?
Nature du document: Contributions

Végétalisation de l’alimentation : "Ne pas tomber dans le cliché"

Pour préparer un futur débat BorderLine consacré à la végétalisation des régimes alimentaires, la Mission Agrobiosciences-INRAE lance une série d’entretiens pour mieux cerner ce sujet et ses angles morts. A cette occasion, nous accueillons la contribution de Louise Galipaud, Responsable de programmes alimentation durable à la Fondation Daniel et Nina Carasso, qui invite à ne pas assimiler la végétalisation de l’alimentation à l’alimentation végétarienne.

Que vous suggère, d’emblée, l’expression « végétalisation de l’alimentation » ? Pouvez-vous en donner une définition ?

Louise Galipaud : La végétalisation de l’alimentation concerne l’évolution de notre alimentation vers davantage de végétaux et notamment de protéines d’origine végétale. Elle suppose ainsi une diminution de la consommation de produits d’origine animale. Cette évolution est plébiscitée par de nombreux travaux scientifiques, qui font le constat d’impacts négatifs de la consommation de protéines animales (à la hausse à l’échelle mondiale) : conditions d’élevage et bien-être animal, émissions de gaz à effet de serre, augmentation des maladies cardio-vasculaires, etc.

Il me semble important de ne pas tomber dans le cliché qui voudrait assimiler "végétalisation de l’alimentation" et "alimentation végan ou végétarienne" car augmenter notre consommation de produits végétaux n’implique absolument pas un arrêt de la consommation de produits animaux, il s’agit d’un rééquilibrage. En effet, nos régimes alimentaires ont fortement évolué ces dernières décennies, notamment sous l’effet de l’industrialisation, au profit de protéines animales à bas coût pour les consommateurs, mais avec de nombreux coûts cachés pour les citoyens et la planète.

Selon vous, cette notion comporte-t-elle des points aveugles, des éléments sous-estimés ou rarement abordés dans les débats ?

Louise Galipaud : Trois sujets sont souvent sous-estimés dans cette notion.

Premièrement, les changements de comportement nécessaires à cette végétalisation. La culture, les normes sociales, les biais cognitifs, mais aussi les environnements alimentaires* influent fortement sur nos capacités collectives et individuelles à changer et à concrètement faire évoluer notre assiette. Je pense par exemple à la dissonance cognitive [1], aux valeurs positives que l’on associe à la viande (comme la force), à l’histoire de la gastronomie française, ou encore aux millions dépensés en marketing et en publicité par les géants de l’agro-alimentaire et des fast-foods : autant d’éléments qui nourrissent l’inertie dans laquelle nous nous trouvons. Il est primordial de réfléchir de manière systémique à tous ces enjeux : sans demande de la part des citoyens-consommateurs, les pratiques agricoles et l’offre alimentaire ne pourront évoluer.

Le second point, rarement abordé concerne les impacts positifs de l’élevage extensif sur la biodiversité ou encore sur l’ouverture des paysages. Des effets qui sont souvent passés sous silence par ceux qui défendent la végétalisation de l’assiette, mais qui méritent d’être expliqués par des experts scientifiques et entendus par tous.

Enfin, comme dans tout changement, il est nécessaire d’envisager les répercussions de telles évolutions. La végétalisation de l’alimentation appelle une réflexion aboutie et apaisée, ancrée dans le dialogue entre les différentes parties prenantes, sur l’avenir des éleveurs. Les plans de formations et les accompagnements aux évolutions professionnelles sont souvent les impensés des politiques publiques, elles devraient pourtant en être le socle, pour accompagner les éleveurs mais aussi les filières et les territoires concernés.

Rendez-vous le jeudi 20 mars 2025, de 18h00 à 20H00,
Agora du Quai des Savoirs (39 All. Jules Guesde, 31000 Toulouse).
Gratuit et ouvert à tous les publics sur inscription (recommandée)

S’INSCRIRE : https://sondages.inrae.fr/index.php/661445?newtest=Y&lang=fr

Vous aussi, alimentez le débat
Spécialistes du sujet comme néophytes, répondez aux deux questions :

1/ Que vous suggère, d’emblée, l’expression « végétalisation de l’alimentation » ? Pouvez-vous en donner une définition ?
2/ Selon vous, cette notion comporte-t-elle des points aveugles, des éléments sous-estimés ou rarement abordés dans les débats ?

Envoyez-nous vos contributions d’ici le 10 mars 2025 en une page maximum (4000 signes max) à mission-agrobiosciences[arobase]inrae.fr .
Après validation, celle-ci sera publiée sur le magazine Web de la Mission Agrobiosciences-INRAE.

Contribution de Louise Galipaud, Fondation Daniel et Nina Carasso

[1tension née de la contradiction entre les différentes valeurs, croyances d’un individu, ou entre ses pensées et son comportement


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