27/01/2020
LE CATALOGUE - AGRICULTURE BIOLOGIQUE

Le (la ?) bio : des hauts et débats (catalogue des publications)

Dossier épineux que celui de l’agriculture biologique. De « la » bio défendue becs et ongles par une poignée de précurseur.ses, à l’essor d’un marché juteux pour les industriels de l’agroalimentaire et les géants de la distribution, de quoi parle-t-on exactement ? D’un projet de société ? De pratiques agricoles supposées plus vertueuses pour la santé de la planète et de ses habitant.es ? De cahiers des charges plus ou moins exigeants ? Ou d’un business comme un autre ? Au sein de la Mission Agrobiosciences-Inrae, en tout cas, le sujet n’a cessé de susciter demandes d’éclairages et mises en débat. Au fil des ans, au gré des avancées de la recherche, des règlementations, des marchés et des politiques publiques, elle a instruit les controverses, tenté de lever des impensés et de détecter des signaux faibles.
A l’heure où les labels et les rayons « bio » des supermarchés se multiplient, où celui-ci est tantôt brandi comme LA solution à un ensemble de maux, tantôt décrié pour ses imperfections, le moment est venu d’inventorier les ressources publiées par la Mission Agrobiosciences-Inrae, replacées dans leur contexte à des fins de traçabilité ! Et depuis 2004, que d’évolutions…

Consommation : le bio à la bouche

-Quand le mangeur bio était un drôle d’oiseau

Il y a plus de dix ans, l’agriculture biologique ne représentait que 2% des surfaces agricoles et 2,6% des exploitations françaises. Côté consommation, la part des produits bio est quant à elle estimée à 1,7% du marché alimentaire (contre 1,1% en 2005). Et bien qu’on soit encore loin de l’effervescence actuelle, on compte déjà, parmi les Françaises et les Français, 8% d’irréductibles qui en consomment tous les jours. Portrait-robot de ces mangeur.ses et de la première heure.

L’imaginaire du mangeur bio. Entretien avec Karen MONTAGNE, anthropo-sociologue de l’alimentation et auteure de l’article, « la pensée magique et sympathique chez le mangeur bio ». Qui sont-ils ? Pour quelles raisons consomment-ils ces produits ? Les mangeurs bio français ressemblent-ils aux mangeurs bio anglo-saxons ?
Émission de radio « ça ne mange pas de pain ! », diffusée sur Radio Mon Païs, Mai 2008.

La dentiste et la bio. A partir d’une discussion engagée avec sa dentiste, le sociologue Bertil SYLVANDER décrypte la perception que nous avons des « mangeurs bio ». C’est qu’à l’époque, «  la bio pose problème à la société, d’une manière ou d’une autre et certes, parfois maladroitement ».
Émission de radio « ça ne mange pas de pain ! », diffusée sur Radio Mon Païs, Mai 2008.


[Zoom - Par ailleurs…]

Le biologique : un créneau émergent dans une Méditerranée en mutation. De l’Espagne à la Croatie en passant par la Tunisie ou l’Égypte, quelle est la part de l’agriculture biologique par rapport à l’agriculture conventionnelle ? Comment cette filière se structure-t-elle en Europe mais aussi dans les pays du sud et de l’est de la Méditerranée, ou encore dans les Balkans ? Une lettre de veille du CIHEAM (Centre International de Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes), mise à disposition par la MAA, le 15 décembre 2008.

-Démocratiser le bio ? Les pieds dans le plat !

Le « bio » s’invite dans les cantines mais la route est encore longue… Une revue de presse de la Mission Agrobiosciences suite à l’annonce de Philippe Desbrosse, à l’époque chargé de mission auprès du gouvernement pour la mise en œuvre du programme national agriculture biologique : « Une circulaire à paraître à la fin du mois préconise d’introduire 15 à 20 % d’ingrédients bio dans les menus de la restauration collective de l’administration, y compris les armées et les prisons. » Une décision ambitieuse, certes, mais dont l’application soulève de nombreuses questions… Le 11 avril 2008.

Dix ans après, où en est-on ? A-t-on fait des progrès dans la démocratisation et l’accès à ces produits ?

Produits bios et locaux à la cantine : du potentiel et des résistances (1 et 2). Depuis le temps qu’on parle de l’importance de s’approvisionner en local/bio/frais/sain comment se fait-il que la pratique ne soit pas généralisée ? Depuis les cuisiniers rétifs au changement, jusqu’au manque d’engagement politique de nos élus, en passant par la cupidité des entreprises de services, ils sont nombreux les freins et résistances à l’introduction de produits bios et locaux à la cantine. A moins qu’une vision systémique de l’alimentation territoriale ne soit en cause… Par le cabinet TERRALIM, décembre 2019.

Manger sain, écologique et pas cher, est-ce possible ? Organisée sur le stand de l’Inrae pendant le Salon International de l’Agriculture 2019, cette table ronde s’interrogeait sur la possibilité de bien manger, sans se ruiner, tout en contribuant à rémunérer correctement l’agriculture durable. Telle est l’équation à laquelle ont tenté de répondre, avec la complicité de la Mission Agrobiosciences, Benjamin ALLES, épidémiologiste (EREN-Inrae), Christophe AUDOUIN, directeur général « Les Prés Rient Bio » (entreprise qui commercialise les yaourts « Les 2 vaches » de Danone) et Maxime DE ROSTOLAN, ingénieur agronome, fondateur de Fermes d’Avenir. Le 27 février 2019.

[Zoom - Expérimentation]

Alimentation positive : défi et des faits. Consommer 20% de bio et de local sans dépenser plus, est-ce possible ? C’est en tout cas le pari du Centre d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu Rural (Civam) Bio 09 et du Parc Naturel Régional (PNR) des Pyrénées Ariégeoises qui ont lancé, de novembre 2018 à juillet 2019, le Défi Famille à Alimentation Positive (FAAP). Les résultats, par Manon DELBELLO, étudiante en master 2, « Risques, science, environnement et santé », IEP Toulouse. A lire dans le Sesame n°6, Novembre 2019.

Santé : gare aux faux-semblants

Il y a dix ans, l’idée que les produits bio seraient meilleurs pour la santé que leurs homologues issus de l’agriculture « conventionnelle » était déjà largement ancrée dans les esprits. Paradoxe : du point de vue de la recherche, rien ou si peu ne saurait encore l’étayer. A l’heure actuelle, force est de constater que cette croyance a encore la peau dure. Au point que, dans ce « sacre du sain et du sans », le bio incarne l’aliment santé par excellence. Quant aux effets de sa consommation sur la santé de l’environnement, ils réservent quelques surprises.

Le bio est-il meilleur pour la santé ? La vérité sur les bienfaits du bio. Ici et là, on entend dire que manger bio serait meilleur pour la santé ou encore que les produits bio auraient plus de goût. Alors, ces produits labellisés présentent-ils un intérêt réel pour la santé ? C’est la question que Sylvie Berthier, de la Mission Agrobiosciences, a posé aux deux invités de cette table ronde, Denis CORPET, Directeur de l’équipe Aliment et Cancer (Inra-Envt) et Bertil SYLVANDER, économiste et sociologue.
A l’époque… Du point de vue de la santé, nous disent les deux chercheurs, il y a très peu de différences entre les produits issus de l’agriculture conventionnelle et ceux de l’agriculture biologique. Le bio, c’est bon pour la planète et l’environnement, mais pour le mangeur, rien ne vient l’étayer. Ce n’est pas le produit bio en lui-même qui semble jouer mais des facteurs associés comme une alimentation variée, riche en fruits et légumes.
Émission de radio « ça ne mange pas de pain ! », diffusée sur Radio Mon Païs, Mai 2008.

Alimentation, le sacre du sain et du sans. Dorénavant, on ne parle plus tant des tendres saveurs noisette d’un beurre roussi que des composés cancérigènes qu’il contient ou des taux de mercure présent dans la chair des poissons. Une bascule profonde qu’analyse Pascale HEBEL, directrice du pôle consommation et entreprise au Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de vie (CRÉDOC). A lire dans le Sesame n°4, novembre 2018.

Sans les végétaux, on se trompe avec le bio ? Qu’ont de si spécial les mangeurs et les mangeuses bio ? Les effets bénéfiques sur l’environnement de leur consommation viennent-ils du mode de production (AB) ou de leurs habitudes alimentaires particulières ? Résultat : pour faire valoir les atouts du bio, il convient d’augmenter sensiblement la part du végétal et non pas, simplement, de remplacer un produit conventionnel par un autre estampillé bio. Mais rien n’est simple car si, à régime constant, l’alimentation conventionnelle réduit l’impact environnemental, elle accroît par ailleurs l’exposition aux contaminants chimiques… Par Lucie GILLOT, à propos des résultats de l’enquête BioNutriNet (Inrae, Inserm, CNAM…), présentés et discutés le 21 juin 2019, lors d’un séminaire organisé à l’initiative de Solagro.

Rentabilité : we can do it !

Souvenez-vous, en 2007-2008 avaient lieu les premières émeutes de la faim. Dans ce contexte, on était encore loin d’envisager que l’agriculture biologique puisse, un jour, « nourrir le monde » : ça, c’était le rôle de l’agriculture intensive ou encore, de technologies comme les OGM. Pourtant, la prise en compte des nuisances environnementales et du changement climatique, ainsi que l’avancée des savoirs et des pratiques ont peu à peu contribué à faire évoluer le paysage agricole français : selon les chiffres de l’Agence Bio, l’agriculture biologique représente aujourd’hui 7,5% des surfaces agricoles et 9,5% des exploitations françaises. En l’espace d’une décennie, le bio s’est hissé au rang d’alternative de plus en plus crédible au modèle dominant…

Modèle productiviste : ces agriculteurs qui sortent du rang. Une revue de presse de la Mission Agrobiosciences, le 19 mai 2016. Face à la crise du modèle conventionnel productiviste, la baisse des cours ou encore la multiplication des nomes et des contrôles, de plus en plus d’agriculteur.ices remettent en cause les paradigmes qui ont guidé jusqu’alors leur activité. Certain.es opèrent un changement radical, se tournant vers l’agriculture biologique. La raison invoquée ? « Retrouver un pouvoir de décision et un prix rémunérateur ».

Pascal MASSOL, agile pour ne plus être fragile. L’ancien leader des producteurs de lait en colère et ex-fondateur de l’APLI (l’Association des Producteurs de Lait Indépendants) s’est converti au bio pour éviter la faillite. Il a par ailleurs redéployé toute son énergie militante au sein de Biolait, une SAS destinée à collecter le lait bio dans 70 départements français. En 2016, la petite entreprise née en 1994 a collecté près de 180 millions de litres de lait. Les éclairages de Stéphane THEPOT, à lire dans le Sesame n°2, novembre 2017.

Des céréales bio très rentables. Un édito de Lucien BOURGEOIS, chroniqueur pour la Mission Agrobiosciences. Se basant sur une étude menée par Arvalis, l’économiste spécialiste des politiques agricoles s’attaque à la rentabilité des fermes converties au bio. Résultat : le bio est rentable pour celles et ceux qui le maîtrisent... Le 25 octobre 2019.


[Zoom - Un modèle de réussite]

Agriculteurs, chercheurs et systèmes complexes : en route vers l’agroécologie. Depuis quelques années, des chercheur.ses de l’Inrae ainsi que des agriculteur.ices membres des réseaux CIVAM échangent et coopèrent, ce pour tenter d’observer, de comprendre et ainsi, de généraliser les systèmes complexes en agroécologie. Cet article offre un retour sur une visite à la ferme du Gaec Ursule (Vendée), pionnière en matière d’agriculture biologique depuis 2000. L’idée ? Apporter la preuve que «  c’est possible de réussir ». Par Goulven LE BAHERS (Civam), Marianne CERF, Martine GEORGET, Virginie PARNAUDEAU, Hayo VAN DER WERF (Inrae). A lire dans le Sesame n°3, Mai 2018.

Marchés : le bio, conventionnel de demain ?

Quelques années ont passé depuis le projet initial de l’agriculture biologique en tant qu’ensemble de pratiques, de principes et de valeurs porteurs d’une critique de la société capitaliste. Voilà qu’aujourd’hui, de nouveaux acteurs économiques, toujours plus puissants, tentent de se saisir de ce marché en plein essor. De la bio à sa « conventionnalisation », le point sur un retournement d’image que la Mission Agrobiosciences reniflait déjà, il y a quinze ans…

[Signal faible] Allemagne : forces et freins au développement de l’agriculture biologique. Un café-débat à Marciac, le 1er Avril 2004, en présence de Heinrich Graf von BASSEWITZ, gestionnaire d’une ferme d’agriculture biologique de 1 400 ha, docteur en économie rurale, et président de la coopérative Biopark regroupant 700 producteur.ices, pour 130 000 ha bio. Il était alors question de l’organisation de l’agriculture biologique germanique, de l’avenir des marchés ou encore des problèmes à venir et des perspectives pour y remédier. A l’époque déjà, ce débat provoqua de vives réactions de la part des producteurs bio du Gers qui voyaient là les prémisses de l’industrialisation de l’agriculture biologique.

Le bio et la Chine. Damien LACOMBE, président de Sodiaal - la plus grosse coopérative laitière en France, n°3 du lait en Europe et cinquième mondiale – mise sur sa filiale Nutribio pour alimenter le marché chinois en lait bio pour bébé. Selon Sodiaal, l’entreprise lui permettrait de devenir le n°1 du lait bio en France sur un marché qui ne représente aujourd’hui que 2,3% des 25 milliards de litres de lait collectés. Par Stéphane THEPOT, à lire dans le Sesame n°2, novembre 2017.

La dernière tentation du bio ! Entre les valeurs des pionnier.ères et la ruée des nouveaux et nouvelles converti.es, le point sur les effets paradoxaux de la standardisation du bio… Un déchiffrage de Tomás GARCIA AZCARATE, chercheur à l’Institut d’économie, Géographie et Démographie de Madrid, membre de l’Académie d’Agriculture de France, ancien fonctionnaire européen. A lire dans Sesame n°2, Novembre 2017.

Le bio, bientôt conventionnel ? Le bio serait-il en train de vivre un retournement d’image, devenant malgré lui le conventionnel de demain ? Dans le cadre des 25es Controverses européennes à Bergerac, le mardi 16 juillet 2019, sur le thème : « Images des mondes agricoles dans la société : l’état de chocs ? ». Avec Jean-Luc BONGIOVANNI, agriculteur en bio des Hautes-Pyrénées, Anne RUGEMER, éleveuse en Andalousie et Benoît LEROUX, sociologue à Université de Poitiers.

[( [Zoom - L’envers du décor]

Tout beau, tout bio ? L’envers du décor. Une note de lecture de Nicolas GEOFFROY (stagiaire à la Mission Agrobiosciences) à propos de l’ouvrage de François DESNOYERS et d’Elise MOREAU (éditions de l’Aube, 216 pages, 2011). De l’Espagne qui fait du bio « sans état d’âme », jusqu’au « rouleau compresseur chinois », en passant par les raisons qui poussent les agriculteur.ices à la conversion ou encore, l’usage de produits naturels « pas si inoffensifs », examen détaillé des coulisses d’un marché en pleine expansion. A l’époque déjà, les deux auteur.es craignaient que le commerce et les relations avec la grande distribution ne détournent la bio de son « âme contestatrice » … Le 28 février 2013.

Par Laura Martin-Meyer, 27/01/2020
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