18/11/2020
Une contribution de Tanguy Martin
Nature du document: Contributions
Mots-clés: Normes , Politiques

Les femmes, avenir de l’agriculture française ?

Saviez-vous que l’agriculture, elle-aussi, bottait en touche sur la question de l’égalité femmes-hommes ? Bien que souvent tues, les difficultés rencontrées par les agricultrices, ou les femmes aspirant à le devenir, sont peut-être plus criantes encore dans les champs qu’ailleurs. Revenus moindres comparés à ceux de leurs homologues masculins, invisibilisation dans les statistiques agricoles, machisme ambiant dans la profession… Voici pour le sombre portrait brossé par Tanguy Martin, membre d’Ingénieur.es sans frontières, dans cette contribution pour la Mission Agrobiosciences-INRAE. Un article très éclairant, sur un sujet méconnu, qui propose en prime quelques pistes d’amélioration. Avec un mot d’ordre : femmes, hommes, agriculteur.rices ou non, luttons.

Le poète a toujours raison
Qui voit plus haut que l’horizon
Et le futur est son royaume.
Face à notre génération,
Je déclare avec Aragon :
La femme est l’avenir de l’homme.

Jean Ferrat, La femme est l’avenir de l’homme, 1975

Les femmes savent depuis longtemps qu’elles sont l’avenir des hommes : elles n’ont pas attendu que Jean Ferrat le chante sur tous les toits. En cette rentrée 2020, il semble que l’on reconnaisse aussi qu’elles sont l’avenir de l’agriculture française. En tout cas, la question de la place qu’elles y tiennent est à l’honneur. Le réseau InPACT vient de publier un livret sur l’installation des femmes en agriculture donnant la part belle aux témoignages, parfois édifiants [1]. La Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB) a organisé une série de webinaires sur l’égalité femmes-hommes en agriculture à l’occasion du salon « La terre est notre métier » cet automne. Le festival de films ALIMENTERRE, organisé par le Centre Français pour la Solidarité Internationale, a mis à l’affiche de son édition 2020 le documentaire « Femmes de la terre » de Jean-Pierre Vedel qui dresse des portraits d’éleveuses, en creusant notamment leur rapport à l’environnement.

L’espace rural est-il imperméable à l’esprit MeeToo ?

Pourtant, d’expérience personnelle, professionnelle ou militante, la référence à un problème de genre en agriculture amène régulièrement à des débats, parfois entre hommes seuls, remettant en cause la pertinence ou la priorité du sujet. L’espace rural est-il imperméable à l’esprit MeeToo qui imprègne le fond de l’air social depuis quelques années ? Les colleuses féministes viendront-elles jusque dans nos campagnes éduquer nos fils et nos compagnons ? Je me garderai bien de toute prévision ou prophétie. Mais à toutes fins utiles, je me propose de compiler ici quelques ressources et arguments pour étayer les discussions. Pour autant, je ne suis pas sociologue de l’espace rural ou du genre, et ce texte n’a pas pour vocation l’exhaustivité scientifique.

Égalité de façade

Commençons par le commencement. Oui, il y a des discriminations de genre dans l’agriculture française malgré une législation garantissant l’égalité en droit français, quel que soit le sexe ; et même le projet d’inscrire cette égalité dans la Constitution. Ces discriminations ne sont pas, comme on l’entend parfois, réservées aux agricultrices des pays dits du Sud . Ainsi, l’accès aux facteurs de production et notamment au foncier agricole est plus difficile pour les femmes que pour les hommes en France, comme souvent ailleurs. Pour les candidates au métier d’agricultrice, le manque de ressources propres (foncier non bâti et bâti) s’ajoute à la défiance des organismes prêteurs et des potentiels bailleurs de terres. Ces éléments conjugués font qu’elles sont contraintes de se reporter sur les petites unités de production, selon la MSA (Mutualité Sociale Agricole). Les prêts bancaires sont plus modiques pour ces dernières que ceux consentis à leurs homologues masculins. Leur recours à d’autres structures financières (coopératives de production, abattoirs, etc.) accroît leur taux d’endettement au démarrage de leur activité. Il en découle des écarts en termes de durée de prêts, plus longs pour les femmes que pour les hommes [2].

Cette complexité d’accès au métier rejaillit sur le statut de la femme une fois devenue agricultrice. Beaucoup d’entre elles ont dû attendre 1999 pour devenir conjointes collaboratrices - et 2006 pour que ce statut soit accessible aux conjointes non-mariées - , alors que le statut de coexploitante existait depuis belle lurette [3]. Mais, que voulez-vous, ces messieurs rechignaient à cotiser pour deux. Le statut de conjoint·e permet de ne payer qu’une demi-cotisation pour le ou la conjoint·e, il a souvent été celui de la femme dans les couples d’agriculteur·rices. Il est symbolique des difficultés des femmes à trouver leur place dans l’agriculture française depuis la fin du XXème siècle. Certes, son succès a été de courte durée. Entre 2007 et 2017, le nombre de conjointes collaboratrices a été divisé par deux selon la MSA. Les nouvelles installées deviennent désormais préférentiellement exploitantes, avec des droits complets. Toujours est-il que le statut de conjointe collaboratrice a été, et reste, le marqueur que l’évolution de la place des femmes dans l’agriculture française n’est pas une ligne droite vers l’émancipation féminine. Dans ce cas, un nouveau statut a été l’occasion de confirmer le travail féminin précaire comme variable d’ajustement du travail sur la ferme. Renouvelant ainsi les formes de l’exploitation des femmes dans l’agriculture, en substituant un travail gratuit par un autre [4].

L’évolution de la place des femmes dans l’agriculture française n’est pas une ligne droite vers l’émancipation féminine.

De ces discriminations résultent des différences de revenu, le revenu principal de l’exploitation agricole étant capté par l’homme à qui la femme doit demander un partage [5]. En 2017, les revenus professionnels agricoles annuels moyens des cheffes d’exploitation étaient inférieurs de 29 % à ceux des hommes selon la MSA. Et cela rejaillit sur les retraites. Les retraites agricoles sont déjà dramatiquement basses, à 700 € par mois en moyenne. Mais cette moyenne cache une autre disparité, celle des hommes étant de 840 € par mois et celle des femmes de 570 € [6]. Cela s’ajoute au fait que dans les fermes, comme ailleurs, les tâches domestiques restent en majeure partie à la charge des femmes. Ainsi, ces dernières se retrouvent plus que les hommes à adapter leur temps de travail professionnel pour s’occuper de la sphère familiale [7]. En 2016, 53 % des exploitantes et coexploitantes travaillaient à temps partiel sur l’exploitation agricole, contre 36 % des hommes selon l’INSEE.

Il y a un autre point d’achoppement, le congé maternité. À tel point que les chercheurs Xavier Cinçon et Agnès Terrieux se demandent si ce dernier en agriculture «  n’est pas une conquête sociale au service des hommes » [8]. En effet, le congé maternité des agricultrices instauré en 1978 a longtemps été d’une durée inférieure à celui d’une salariée ; le rattrapage complet n’ayant eu lieu qu’en 2008 [9]. Contrairement à celle d’une salariée, la rémunération du congé maternité est versée à l’entreprise agricole, a priori pour embaucher un·e remplaçant·e, et non à la femme. En cas de coexploitation, c’est l’homme qui va décider comment utiliser cet argent, quitte à confier au remplaçant également une partie de ses tâches [10]. Quoi qu’il en soit, seules 55 % des agricultrices recourent au congé maternité à l’occasion d’une naissance [11].

La féminisation de l’agriculture en demi-teinte

Les agricultrices (cheffes d’exploitation) existent bien, nous les avons rencontrées. Elles représentent 27 % de la profession en 2016 selon l’INSEE, chiffre qui n’évolue plus depuis plus d’une décennie. Par contre, le taux de féminisation des actifs agricoles ne cesse de diminuer, il était de 45 % en 1955 contre 29 % en 2016 [12]. En effet, à la diminution du nombre de conjointes collaboratrices déjà évoquée, s’ajoute celle du nombre de salariées agricoles quand le nombre total de salarié·es agricoles, lui, reste globalement stable, voire augmente légèrement. Ainsi les communications des Chambres d’agriculture ou du ministère de l’Agriculture se félicitant de l’augmentation du nombre d’agricultrices, voire que « l’activité agricole se féminise », sont trompeuses [13]. Elles ne s’appuient que sur la catégorie de cheffe d’exploitation et compare la situation aux années 70, époque où ce statut était assez inaccessible aux femmes, alors que le taux de féminisation de l’agriculture, tous statuts confondus, y était plus important qu’aujourd’hui, à plus de 35 %. Ces chiffres permettent de se féliciter de la reconnaissance statutaire des agricultrices, mais rien de plus.
Ces femmes sont de plus invisibilisées. En effet, les références dans l’espace social agricole renvoient à l’idée d’un travail d’homme. Selon la MSA en 2017 :

« Environ 140 300 femmes d’exploitants ne sont ni cheffes, ni collaboratrices d’exploitation et n’ont donc pas un statut de non-salariées agricoles. Salariées dans l’entreprise de leur conjoint ou dans une autre entreprise, elles assurent un complément de revenu au ménage, ce qui indirectement contribue au maintien de l’exploitation. Leur participation à la gestion des exploitations n’est pas directement mesurable, mais réelle. Lorsqu’elles sont interrogées dans le cadre du recensement agricole, elles déclarent majoritairement aider à la gestion de l’exploitation, bien que n’ayant pas le statut de collaboratrice. »

Comme l’indique Valéry Rasplus, on peut également noter que sur cinq syndicats agricoles en France, seuls trois d’entre eux ont eu une femme comme présidente ou porte-parole : Brigitte Allain pour la Confédération Paysanne et Christiane Lambert pour les JA puis la FNSEA. Ainsi, depuis la Seconde Guerre mondiale, sur cinquante leaders de syndicats agricoles au niveau national, il n’y a eu que deux femmes [14]. Enfin, la MSA nous apprend que le mot agricultrice n’a fait son apparition dans le Larousse qu’en 1961, alors que les femmes représentaient plus de 45 % des actifs agricoles en 1955, comme déjà mentionné.

Archaïque patriarcat

Au-delà des statistiques de l’INSEE et de la MSA montrant la baisse de leur nombre, leur moindre rémunération et la surprécarité de leur statut [15], on trouve peu de données sur les ouvrières agricoles. La pénibilité du travail agricole ayant globalement diminué depuis les cinquante dernières années, on peut facilement faire l’hypothèse que ce n’est pas une question de force physique. Lorsque ces dernières sont aussi étrangères, voire sans-papiers, elles cumulent les problèmes qui se multiplient plus qu’ils ne s’additionnent [16]. Le média en ligne Reporterre a publié en 2020 une série d’articles sur les conditions de travail d’ouvrier·es agricoles employé·es en France par l’intermédiaire d’entreprises d’intérim espagnoles avec le statut de travaileur·ses détaché·es [17]. Au non-respect des horaires légaux, de la décence élémentaire dans le logement, des salaires minimaux et des consignes de sécurité au travail, s’ajoutent pour les femmes le harcèlement et les violences sexuelles [18]. Ainsi, on attend le verdict du procès aux prud’hommes pour harcèlement sexuel de l’entreprise d’intérim espagnole Laboral Terra et sept autres entreprises françaises. Le nouveau capitalisme agricole, décrit par François Purseigle, Geneviève Nguyen et Pierre Blanc, semble bien s’accommoder du patriarcat le plus archaïque. Le passage de la ferme familiale à la firme, recourant à une main d’œuvre salariée importante, ne semble pas porter les prémices de l’émancipation féminine.

Le nouveau capitalisme agricole semble bien s’accommoder du patriarcat le plus archaïque.

La domination masculine dans l’agriculture française, en elle-même injuste et injustifiable, mérite de lutter pour son abolition. Mais elle contribue aussi à amplifier d’autres problématiques. Le premier est que la France a un problème de renouvellement des générations agricoles. Le solde net du nombre d’exploitant·es agricoles est de 5 600 en moins par an, dans une période de chômage de masse. 36 % des chef·fes d’exploitation ont plus de 55 ans et seront à la retraite dans sept ans. Dans ces conditions, freiner l’accès au métier aux prétendantes féminines est plus que dommageable. Par ailleurs, les travaux sur le « care » [19] montrent que les femmes ont en moyenne un rapport à l’environnement différent de celui des hommes. Ce rapport n’est pas inné, mais socialement construit. L’idéologie de l’exploitation et de la destruction des ressources naturelles est emprunte de traits virils exaltant la force physique et la domination de la nature. La sociologue Hélène Guétat-Bernard et la philosophe Carine Pionetti relèvent que, selon l’anthropologue Michèle Salmona :

«  L’éloignement des agricultrices de la formation aux technosciences leur a facilité une position critique par rapport aux méthodes de l’agriculture intensive, leur donnant ainsi « une avance dans la réflexion actuelle sur la production animale, la relation aux bêtes, les technosciences, l’apparition des OGM, le clonage et le développement durable ». Son long travail d’enquêtes auprès d’agriculteurs et d’agricultrices français·es, sur plusieurs décennies, la conduit à conclure que : « Cette lucidité des agricultrices dans le domaine du travail avec la nature, en particulier avec les bêtes, ne veut pas dire « qu’elles sont du côté de la nature » mais que leurs réflexions et leurs actions sont profondément liées à leur culture du soin et du vivant. Elles ne se laissent pas prendre aux discours scientifiques et techniques lorsque ces derniers sont profondément démentis par la culture séculaire du soin et du travail chez les femmes . » [20]

Résultat, la féminisation des métiers agricoles amènerait certainement à faciliter la transition agroécologique qui semble être la solution actuelle pour répondre aux désordres environnementaux produits par l’agriculture, sans tomber dans une fuite en avant technologique délétère [21].

Longue marche pour les droits en faveur des femmes

Les agricultrices et travailleuses agricoles n’ont bien sûr pas attendu le XXIème siècle pour lutter et faire valoir leurs droits. Les femmes ont conquis le droit d’adhérer à un syndicat sans demander l’avis de leur mari en 1920. En 1933, les Jeunesses Agricoles Chrétiennes (JAC) créent la branche féminine de l’organisation. A l’époque, elles revendiquaient déjà « une autre place que celle d’aide familiale et de travailleuse invisible » . Il faut attendre 1957 pour qu’une commission féminine voit le jour à la FNSEA, en Meurthe-et-Moselle . Malgré l’élection de Christiane Lambert à la tête des JA (1994) puis de la FNSEA (2017), une recherche rapide sur internet peine à trouver des traces de revendications actuelles en faveur des agricultrices au sein du syndicalisme agricole majoritaire ces derniers temps. Notons cependant que la commission nationale des agricultrices de la FNSEA a une page Facebook active, suivie par plus de 800 personnes (pour comparaison, la page Facebook de la FNSEA est suivie par plus de 25 000 personnes et sa fédération départementale de la Creuse 1 800). Si les sites Internet de la Coordination Rurale et du Modef abordent bien la question féminine, les seules revendications claires qui en ressortent, semblent porter sur les retraites. Seule la Confédération Paysanne a un cahier de propositions nationales facilement accessible sur la question. Ce qui ne veut pas dire, pour autant, que ces dernières soient appropriées par tous ses membres, ni que les autres syndicats ne sont pas actifs sur la question. Ils n’en donnent simplement rien à voir sur Internet.

« Il est où le patron ? »

Du côté des organisations défendant l’agroécologie paysanne, outre les ressources citées en introduction, la FNAB a consacré son Assemblée Générale de 2018 à la place des femmes dans l’agriculture. La mobilisation de groupes de femmes dans les Civam de Drôme et d’Ardèche a abouti, en 2016, au documentaire « Je, tu, elles… ». On peut citer aussi une autre initiative très intéressante en Île-de-France, où le réseau des Amap anime un groupe de femmes, « les Josianes ». Celui-ci recourt au théâtre forum pour s’outiller face au machisme ambiant, et notamment pour répondre à la question rituelle quand ces dernières rencontrent quelqu’un sur leur ferme : « Il est où le patron ? ». Enfin, des formations de plus en plus nombreuses sont organisées en non-mixité choisie sur des sujets techniques souvent considérés comme réservés aux hommes et, en premier lieu, la conduite du tracteur. Cette liste est bien sûr non exhaustive. Il existe aussi toute une littérature scientifique sur le sujet. Citons à titre d’exemple les contributions au numéro 222 de la revue POUR de 2014, ayant pour thématique : « L’agriculture familiale au prisme du genre ». Très subjectivement, j’ai aussi envie de mettre en avant les travaux d’Hélène Guétat-Benard et de Clémentine Comer que j’ai déjà mobilisés ci-dessus.

Et maintenant ? Au boulot !

À ce stade j’espère avoir convaincu qu’il y a intérêt et urgence à soutenir toutes les femmes qui travaillent dans l’agriculture, ou qui y aspirent, au jour le jour, dans leurs projets d’installation, dans les politiques publiques ou syndicales et, à vrai dire, dans toutes les luttes d’émancipation qu’elles élaborent et élaboreront. Pour commencer, puisque la France doit définir son plan national stratégique pour la PAC post-2020, le ministère et les parties prenantes dans l’élaboration du plan feraient bien de se creuser les méninges pour trouver des mesures afin de lutter contre toutes les inégalités et oppressions évoquées ci-dessus.

Il n’y a pas de problème pour financer de telles mesures.

Pour être constructif et ne pas être dans la critique pure, j’y vais de ma proposition, bien sûr insuffisante et à améliorer. Il serait bon que toute Dotation Jeune Agriculteur (DJA) versée à une femme s’installant agricultrice soit majorée de manière substantielle pour contrebalancer les difficultés des femmes à accéder au métier et aux facteurs de production. D’ailleurs, le gouvernement avait annoncé vouloir négocier avec Bruxelles l’accès à la DJA après 40 ans pour les femmes, puisque ces dernières accèdent au métier en moyenne plus tard. À ma connaissance, cela n’a pas eu lieu ou n’a pas abouti . Il n’y a pas de problème pour financer de telles mesures : des centaines de millions d’euros, voire des milliards, sont versés via la PAC et encouragent des systèmes agricoles nocifs pour l’environnement ou qui favorisent la concentration foncière, ainsi que la désertification sociale des campagnes. Tout cela est grandement lié au caractère majoritairement surfacique (le montant de l’aide est attribué par hectare) des aides de la PAC. Cette particularité défavorise d’ailleurs les femmes, car elles mettent en valeur moins de surface agricole que les hommes, en moyenne. Ce n’est qu’une proposition, qui n’est peut-être même pas prioritaire. Le genre, lui, est une question prioritaire dans l’agriculture française. Retroussons donc nos manches et attaquons-nous-y vite et bien.
À l’heure où le bien-être des animaux de ferme et les trop nombreux suicides d’agricuteur·rices ont franchi la barrière médiatique, et à juste titre, il serait temps que celui de la condition féminine en agriculture arrive aussi à s’inscrire dans les préoccupations de l’opinion publique et du « monde agricole » français. Surtout, quand on sait qu’il peut y avoir du temps entre une prise de conscience générale et les mises en actes nécessaires. Ce doit être un objectif pour nous tous·tes, que nous soyons femmes ou non, agriculteur·rices ou non. Pour la nécessité de justice que cela représente, mais aussi pour garder des campagnes vivantes produisant une alimentation locale et préservant les écosystèmes.

Tanguy Martin, Ingénieur.es sans frontières, novembre 2020

[1] https://terredeliens.org/femmes-paysannes-installation.html
[2] Communication de la sociologue Sabrina Dahache lors du colloque « Être agricultrice » organisé au Sénat en 2017 par Chantal Jouanno
[3] Clémentine Comer, « La « conjointe collaboratrice » : un recul statutaire ambigu », revue POUR 2011/5 (N° 212), p. 19-24
[4] Sur la question du travail gratuit lire Maud Simonet, « Travail gratuit : la nouvelle exploitation ? », Textuel, 2018, 152p
[5] Ibid
[6] https://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Fiches/2020/FI10_avenir_agriculture.pdf
[7] Dahache S., 2010, « La singularité des femmes chefs d’exploitation », in Hervieu B. (coord.), Les mondes agricoles en politique, Presses de Science-Po, Paris, p. 93-110. Ou encore, Dufour A., Courdin V., Dedieu B., 2010, « Femmes et travail en couple : pratiques et représentations en élevage laitier en Uruguay et en France », Cahiers Agricultures, vol. 19, n°5, p. 371-376
[8] Xavier Cinçon, Agnès Terrieux « Le congé de maternité en agriculture : Une conquête sociale au profit des hommes ? », revue POUR, 2014/2 (N° 222), p. 111-113
[9] Témoignage de Jacqueline Cottier, présidente de la Commission nationale des agricultrices de la FNSEA, dans le rapport sénatorial « Être Agricultrice » de 2017
[10] Xavier Cinçon, Agnès Terrieux, ibid
[11] Jacqueline Cottier, ibid
[12] 130 000 non-salariées (exploitantes, co-exploitantes), 49 000 salariées permanentes et 272 000 salariées ayant eu une activité temporaire au cours de l’année (CDD, saisonnières, apprenties et stagiaires rémunérées, ETA ou CUMA) en 2016, selon la MSA
[13] REPÈRES SOCIO-ÉCONOMIQUESSUR L’AGRICULTURE FRANÇAISE - Évolutions sur longue période, APCA 2019
[14] Valéry Rasplus, " Les femmes comme représentantes syndicales dans le milieu agricole français ", AgriGenre, juin 2020. Pour suivre ces questions : agrigenre.hypotheses.org
[15] Forget V., Depeyrot J.-N., Mahé M., Midler E., Hugonnet M., Beaujeu R., Grandjean A., Hérault B., 2019, Actif’Agri. Transformations des emplois et des activités en agriculture, Centre d’études et de prospective, Ministère de l’agriculture et de l’alimentation, la Documentation française, Paris
[16] C’est l’idée d’intersectionnalité, lire par exemple : Le Dem, Gildas. « L’intersectionnalité, enquête sur une notion qui dérange. Les usages d’un concept fécond accusé d’être abscons », Revue du Crieur, vol. 7, no. 2, 2017, pp. 66-81
[17] https://reporterre.net/Travailleuses-detachees-dans-l-agriculture-elles-racontent-leur-calvaire-en-France
[18] https://reporterre.net/Marocains-Senegalais-Equatoriens-Ces-travailleurs-etrangers-qui-ramassent-nos-peches
[19] Vocabulaire sociologique anglais incomplètement traduit par « soin » en français
[20] Hélène Guétat-Bernard, Carine Pionetti « Genre et rapport au vivant dans l’agriculture française », revue POUR, 2014/2 (N° 222), p. 201-212
[21] Nous explicitons cette « fuite en avant » avec Ingénieurs sans frontière Agrista dans notre Cahier d’acteur déposé à l’occasion du débat public de 2020 sur la Politique agricole commune
[22] Les femmes dans le monde agricole, Centre d’études et de prospective, n° 38, mars 2012
[23] Rapport d’information sénatoriale : « Femmes et agriculture : pour l’égalité dans les territoires », 2017
[24] http://www.confederationpaysanne.fr/mc_nos_positions.php?mc=16
[25] https://www.fnab.org/images/actions/MEP_FEMMES_EN_AB_PAGE_A_PAGE_VF.pdf
[26] https://www.civam.org/femmes-et-milieu-rural/collectifs-en-non-mixite/
[27] Aide de l’Union Européenne délivrée, notamment sous condition d’âge (moins de 40 ans) et de formation (au moins un diplôme agricole de niveau IV), aux personnes devenant agriculteur·rices
[28] https://www.lafranceagricole.fr/actualites/gestion-et-droit/egalite-femmes-hommes-les-mesures-en-faveur-des-agricultrices-1,3,443898587.html


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