Avalanche de neige artificielle
185 millions de litres selon Libération, 2 millions de mètres cubes pour France Info, 10% des ressources annuelles de la région, pointe Le Monde. Ces chiffres, très variables d’une source à l’autre mais tous aussi hallucinants, seraient les ressources nécessaires en eau pour assurer la couverture des pistes, constituée à 100% de neige artificielle. Un pourcentage record, qui ne saurait toutefois faire oublier les 80% de Sotchi, en 2014. Voire, les 90% de Pyeongchang en 2018. Une triste première place sur le podium due entre autres au choix du lieu : l’hydrologue Carmen de Jong signale ainsi pour Le Monde que Pékin profite de moins de 5 cm de neige par an, avec un climat certes très froid mais aussi très sec et une région en stress hydrique important. Ce à quoi les autorités chinoises rétorquent, à travers Wei Qinghua (responsable des opérations de montagne à Zhangjiakou pour les Jeux de Beijing) et le CIO, que les ressources en eau sont suffisantes, en partie grâce à des réservoirs d’eau de pluie construits pour l’occasion, et que l’eau retournera au sol avec la fonte…
Piste verte ou noire ?
100% d’énergie verte sur les sites de compétition (dans un pays qui reste le champion mondial des émissions de gaz à effet de serre…). Un autre score mis sur le devant de la scène par le comité d’organisation chinois, lequel y aurait consacré plus de 8 milliards d’euros selon Le Monde. Résultat : des champs d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques ont poussé dans toute la région. Mais à quel prix, au-delà des investissements clamés haut et fort ? Récemment, des témoignages ont fait état d’agriculteurs expropriés de leur terre, sans indemnisations et sans bénéficier de l’électricité gratuite qui leur avait été promise. "Ils ont dit qu’il s’agissait de terres impropres à la culture, mais ce sont de très bonnes terres. Ils ont promis 400 euros pour un demi hectare, mais au final ils n’ont rien donné", déclare le paysan Xu Wan sur France Info. De quoi être presque soulagé que cette énergie verte n’inclut pas les infrastructures d’hébergement.
A une réserve près…
Troisième sujet tendu que pointe notamment CNN, la réserve naturelle de Songshan dont les limites ont été modifiées. Une réserve qui abrite entre autres l’aigle impérial et le léopard doré, espèces sur la « liste rouge » des espèces menacées. Malgré les réclamations des scientifiques chinois qui, d’après Ouest France, proposaient dès 2015 que le site soit construit à un autre endroit, un quart de la réserve a été déplacé pour construire de toutes pièces le site de Yanging qui accueille les épreuves de ski alpin.
Cette déclassification d’un site pour installer des pistes de ski participe au développement des sports d’hiver insufflé par le gouvernement chinois. La Chine s’est en effet engagée à créer mille stations à l’horizon 2030, et tant pis si cela se fait aux dépends des ressources et milieux naturels.
Si le CIO et les autorités chinoises peinent à cacher l’impact environnemental réel de la compétition, la critique est facile pour pointer les dérapages qui se déroulent à des milliers de kilomètres… N’oublions pas que d’ici deux ans, les Jeux Olympiques de Paris et leur « héritage durable » risquent bien, eux aussi, de montrer le revers de leur médaille, comme l’illustre cette analyse de controverse réalisée tout récemment par des étudiants de Sciences Po Toulouse, "JO de Paris 2024, démesure d’avenir pour la seine-Saint-Denis"