14/02/2005

OGM : Sortir de l’impasse

Revue électronique "Vivant"

Une tentative tonique pour explorer « les pistes aujourd’hui très étroites en Europe d’avancées raisonnables et de positions consensuelles sur les OGM ». Un autre titre du papier aurait pu être « OGM : pour raison garder ». Un papier accessible sur le Web, publié par la Revue électronique « Vivant », dans son numéro de septembre 2004. Une note de lecture de Jean-Claude Flamant de la Mission Agrobiosciences.

L’agriculture biologique constitue aujourd’hui un point de cristallisation de l’opposition aux OGM. Et si les OGM étaient le futur de l’agriculture biologique propose Alain-Michel Boudet de manière provocante ? Et ceci, dit-il, grâce aux avancées qui pourraient être réalisées par la transgenèse en vue d’une réduction massive d’intrants - pesticides et engrais - en agissant sur l’amélioration de la valorisation de l’eau, l’assimilation des engrais ou la résistance des plantes aux maladies, toutes avancées assurant le développement d’une agriculture de masse respectueuse de l’environnement.

Le fil rouge de son argumentation, c’est qu’il faut distinguer dans le débat d’aujourd’hui ce qu’est la technologie de la transgenèse - technologie générique - et ce que l’on en fait ! Ainsi les maïs Bt qui n’ont pas un intérêt majeur dans les conditions agricoles européennes, ne présentent aucun avantage pour les consommateurs. Or, si ceux-ci perçoivent un doute quant à la sécurité alimentaire des produits issus de ces maïs - justifié ou non - fort logiquement, ils ne veulent pas être confrontés à un danger potentiel pour leur alimentation. Et à ce propos, il salue les opposants aux OGM qui ont su faire mouche, avec des « actions marketing anti-OGM » efficaces reposant sur « des actions spectaculaires et des formules simplificatrices » bien assimilées par les médias de masse ! Mais si, dans un futur plus ou moins proche, des OGM étaient disponibles qui présenteraient à la fois des avantages environnementaux indéniables et des bénéfices santé pour les consommateurs ? Et, parce que les avantages du maïs Bt sont aujourd’hui douteux faut-il rejeter globalement « tous les OGM » demande Alain-Michel Boudet ?

Ce papier est d’abord un papier de dénonciation des conditions dans lesquelles se déroule - ou ne se déroule pas - le débat sur les OGM. Et Alain-Michel Boudet énumère les raisons pour lesquelles selon lui les acteurs sont tous responsables du blocage actuel : les scientifiques qui n’ont pas compris suffisamment tôt le changement intervenu dans les sociétés industrialisées vis-à-vis des avancées scientifiques, les pouvoirs publics pour avoir « laissé se développer, quasi exclusivement une recherche technologique à fort potentiel applicatif par le secteur privé », « la pusillanité et l’autisme des politiques » et leur manque de courage face aux réactions spontanées de leurs électeurs, « le silence assourdissant des grands organismes de recherche » dont le financement dépend du pouvoir politique, les grandes multinationales pour avoir privilégié les actions marketing au détriment d’une écoute des nouvelles sensibilités concernant l’alimentation et l’environnement, et enfin les opposants systématiques eux-mêmes par leur « utilisation d’arguments reposant sur des présupposés idéologiques » concernant par exemple l’économie de marché ou les rapports à la nature.

Pour s’en sortir, il y a deux défis à relever conclut Alain-Michel Boudet : « (1) définir des modalités acceptées d’exploitation de cultures transgéniques à avantages clairement démontrés ; (2) améliorer le degré de maturité de nos sociétés dans l’instruction du débat contradictoire ». Il faut retrouver les voies de la raison, dit-il, celles d’une recherche valorisant « un fantastique réservoir d’innovation s’inscrivant en rupture dans la domestication des espèces végétales entreprise par l’homme depuis près de 10.000 ans », face à ce que l’auteur dénonce comme étant « une opposition manichéenne », « des présupposés idéologiques », des réflexes « quasi religieux », le « domaine passionnel des OGM », et pour résumer le tout « une mobilisation excessive »  !

Or, défend l’auteur, le débat actuel sur les OGM risque d’apparaître dans quelques années comme « un exemple de mystification intellectuelle dans lequel l’idéologie aura supplanté l’objectivation scientifique et technologique ».

L’interpellation d’Alain-Michel Boudet a le mérite de la franchise et de la clarté. Elle répond au besoin de disposer d’un corps complet d’arguments, pour ou contre les OGM : voir par exemple dans le camp des opposants : « Société civile contre OGM ». http://www.agrobiosciences.org/impr...

Ce qu’il défend, c’est que la société ferait collectivement une grosse erreur en rejetant a priori tout ce que va permettre la transgenèse. Mais il ajoute que la démarche raisonnée de la science ce n’est pas uniquement de la technologie, c’est aussi une réflexion sur la meilleure manière de l’utiliser pour faire face aux nouveaux défis du développement durable. Sa profession de foi, c’est que les voies de la raison doivent permettre de trouver les moyens de « sortir de l’impasse »... C’est aussi un sujet de débat.

Jean-Claude Flamant
Mission d’Animation des Agrobiosciences, janvier 2005

Vivant N° 5 (septembre 2004), Alain-Michel Boudet

Site de la Revue Vivant

Lire les nombreux articles et publications sur le thème "OGM"- édités par le Magazine Web de la Mission Agrobiosciences

Lire les nombreux articles et publications sur le thème "AGRICULTURE"- édités par le Magazine Web de la Mission Agrobiosciences

Lire les nombreux articles et publications sur le thème "ALIMENTATION"- édités par le Magazine Web de la Mission Agrobiosciences

Lire les nombreux articles et publications sur le thème "SCIENCE ET SOCIETE, OGM, ETC...- édités par le Magazine Web de la Mission Agrobiosciences

Accéder à l’ensemble de la « Revue de Presse Quotidienne »- du Magazine Web de la Mission Agrobiosciences

Mot-clé Nature du document
A la une
SESAME Sciences et société, alimentation, mondes agricole et environnement
BORDERLINE, LE PODCAST Une coproduction de la MAA-INRAE et du Quai des Savoirs

Écoutez les derniers épisodes de la série de podcasts BorderLine :
Où sont passés les experts ?
Précarité alimentaire : vers une carte vitale de l’alimentation ?

Rejoignez-nous lors du prochain débat, le mardi 23 avril 2024.

Voir le site
FIL TWITTER Des mots et des actes
FIL FACEBOOK Des mots et des actes
Top