Les fermes-usines étranglent-elles l’élevage ? (article original)

Début juillet 2015, souvenez-vous : « Nuit de la détresse », blocages d’abattoirs puis, sur le Tour de France, des 2CV Cochonou (accusé d’utiliser des viandes étrangères tout en surfant sur une image franchouillarde) et de distributeurs, suspectés d’engranger des marges excédentaires sans augmenter le prix aux producteurs… C’est dans ce contexte déjà très tourmenté que le 17 juillet 2015, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, annonçait que plus de 22 000 élevages (10%) étaient au bord du dépôt de bilan. Et que, dans la foulée, François Hollande lançait un appel solennel à la grande distribution pour améliorer la rémunération des éleveurs et présentait 24 mesures destinées à soulager la trésorerie des agriculteurs, à aider l’investissement et à soutenir l’export. Peine perdue, les esprits continuaient de s’échauffer…
Prenant le taureau par les cornes, c’est dans ce contexte hyper-tendu que la Mission Agrobiosciences organisait, lors desControverses européennes de Marciac, une dispute sur la coexistence des modèles d’élevage : est-elle encore possible, souhaitable, durable ? Ou, dit autrement, les fermes-usines étranglent-elles l’élevage ?
Résultat ? Pas de consensus mou à l’issue de ce débat très riche et respectueux mené entre Philippe Chotteau, agro-économiste, directeur du département économie des filières à l’Institut de l’élevage, et Michèle Roux, Secrétaire générale de la Confédération paysanne, éleveuse de bovins en Dordogne, mais, comme le dit le modérateur, Philippe Baralon, une opposition assez nette entre une coexistence qui paraît dangereuse et une autre qui paraît naturelle et une diversité de marchés.
Télécharger ci-dessous le PDF (12 pages) de cette dispute, suivie d’une réaction de Philippe Monget, sur les limites de l’élevage de débat, et du débat avec les participants.