En ce printemps 2014 le loup est revenu en France dans un quart des départements sans que son retour, strictement protégé, ne fasse l’unanimité. Dans la Meuse, l’Aube, la Haute-Marne et les Vosges, les éleveurs, frappés de plein fouet comme ceux des Alpes, des Cévennes et du Sud-Ouest, réclament des mesures de toute urgence.
Alors que la recolonisation du canidé sauvage s’est effectuée depuis 20 ans, son extension suscite des réactions qui rompent avec le climat d’acceptation générale ou d’indifférence qui présidait jusque-là. Alors que des parlementaires envisagent une réécriture des textes européens qui définissent son statut, le moment d’un bilan et d’une action concertée avec d’autres pays voisins, comme l’Italie, l’Espagne et la Suisse, où la situation est comparable, est arrivé. Une gestion contextualisée et territorialisée s’impose.
Après avoir été maudit et combattu pendant des millénaires, le loup a été éradiqué en France il y a presque cent ans. Revenu chez nous en 1992 et recolonisant le territoire depuis parce qu’il est protégé, cet animal mythique est paradoxalement devenu populaire auprès des citadins.
La « guerre du loup » est déclarée entre d’un côté ses défenseurs qui forment un véritable groupe de pression (écologistes, intellectuels et artistes) et de l’autre, les agriculteurs et populations rurales.
Unanimement détesté jadis, le loup est devenu une pomme de discorde et les régions concernées sont de plus en plus nombreuses. Présent dans le Sud (Mercantour) il y a vingt ans, on le trouve maintenant dans le nord du pays, par exemple dans l’Aube. Il a pénétré dans le Massif central. Les agriculteurs et les bergers s’insurgent, ce qui creuse un peu plus le fossé entre les villes et les campagnes.
Pour la première fois, cet ouvrage rassemble de nombreuses contributions venues de tous les horizons : adversaires et partisans, acteurs et observateurs, historiens et bergers, biologistes et sociologues
Cette véritable somme apporte des réponses à des questions qui enflamment une partie de la société française.
Il s’agit d’ici d’un ouvrage qui comporte une cinquantaine de contributions.
Jean-Marc Moriceau, professeur à l’université de Caen, est reconnu comme l’un des meilleurs spécialistes européens sur l’histoire rurale et sur l’histoire du loup. Il a déjà publié Histoire du méchant loup (2007) et L’Homme contre le loup (2011). Jean-Marc Moriceau est membre de l’Institut universitaire de France, président de l’Association d’histoire des sociétés rurales et codirecteur du pôle rural de la Maison de la recherche en sciences humaines.