Mission Agrobiosciences : Au vu des critiques dont il a fait l’objet, l’arrêt de la production française du yaourt Essensis est-il une surprise ?
Béatrice de Reynal : Deux aspects sont à prendre en compte. D’une part, c’est effectivement une surprise, car Danone tenait vraiment à son produit. C’était réellement d’une importance stratégique pour l’entreprise. ... Et, d’autre part, non car après le démarrage foudroyant du yaourt, le soufflé était retombé bas.
Y a-t-il eu dernièrement d’autres aliments fonctionnels qui ont connu un sort similaire, mais moins médiatisé ?
Il y a, par exemple, la bouteille d’eau Vichy Célestins complexe anti-âge. Elle a été présentée comme la première bouteille santé aux antioxydants, censés lutter contre le vieillissement de la peau. Le produit a fait un flop total.
Danone est un "spécialiste" de l’innovation sur le marché des aliments fonctionnels, et plus particulièrement avec les produits laitiers. Le fait que la firme ait dû arrêter la production d’Essensis témoigne-t-il d’une crise à venir pour le secteur des aliments fonctionnels ?
Cet échec n’est pas forcément révélateur d’une crise pour ce segment de marché. Mais le Français, en tant que consommateur, est toujours suspicieux envers les produits qu’on lui présente comme étant bénéfiques pour la santé. Il n’y a qu’avec des résultats tangibles qu’il peut "croire" aux bienfaits qui sont avancés. Du coup, pour des aliments fonctionnels sans preuve ou n’ayant pas démontré une réelle efficacité, ce qui est le cas du yaourt Essensis, il ne rachète pas. Et ceci devrait rester vrai dans les années à venir. Avis donc aux industriels !
Propos recueillis par Marc Roze pour la Mission Agrobiosciences, en réaction à la revue de presse du 6 février 2009, Le caddie français s’écrème ? Danone retire son yaourt santé Essensis