21/07/2003
L’alter-économie
Nature du document: Notes de lecture
Mots-clés: Mondialisation

Quelle "autre mondialisation" ?

Non pas " contre la mondialisation ", mais " pour une autre mondialisation " : ce positionnement oblige les " altermondialistes " à dépasser le registre de la seule dénonciation et donc à avancer des propositions constructives. Dans le prolongement de sa précédente livraison, la revue du Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales (MAUSS) cherche à clarifier les débats en cours en présentant cette fois-ci une trentaine de textes sur le thème de " l’alter-économie ".

De nouveau, l’extrême hétérogénéité des positions est flagrante. D’un côté, les partisans de la traditionnelle " économie sociale " préconisent un rajeunissement et une généralisation des pratiques coopératives, associatives et mutualistes. S’en démarquant totalement, Serge Latouche dénonce " l’oxymore de l’économie solidaire " : l’économie ne peut être solidaire car elle est par essence fondée sur l’égoïsme, l’injustice et l’amoralité. Plutôt que de chercher à l’humaniser, il propose en conséquence de se débarrasser du concept même d’économie, au profit de la gratuité, du don, de l’égalité fraternelle...
Autre clivage essentiel : tandis que les " révolutionnaires " s’attaquent en priorité aux lieux de pouvoir en espérant changer à terme les règles du jeu, les tenants de " l’économie plurielle " cherchent dès maintenant à " enchâsser " des logiques solidaires (commerce équitable, système d’échange local, microfinance...) dans l’économie de marché.
Un des intérêts de cet ouvrage est qu’il prend en compte différentes approches de la question : " sociale et solidaire " en France ou en Italie, " solidaire et populaire " en Amérique latine ou encore " communautaire et solidaire " au Québec. Mais, dans le même temps, son coordinateur, Alain Caillé, exclut de son champ de référence tant les solidarités familiales et claniques d’Orient et d’Afrique que les pratiques caritatives d’inspiration anglo-saxonne et que, dans un tout autre registre, les économies au noir, clandestines ou mafieuses. " En rassemblant ces identifications négatives, on pourrait résumer le projet de l’économie solidaire en un slogan synthétique : "Ni (tout)-marché, ni (tout)-État, ni(tout)-famille, ni philanthropie, ni clandestinité."
Il semble au bout du compte difficile d’élaborer une définition générale de l’alter-économie sans rester dans à une logique d’opposition. Pourtant, les analyses et les expériences très variées que présente cet ouvrage ont au moins une caractéristique commune : " elles ne forment pas tant une autre économie qu’une autre manière de se rapporter à l’économie. Ce qui leur donne leur force, c’est l’exigence de justice, de solidarité et de réciprocité dont elles sont porteuses. Paradoxalement, c’est cette subordination de l’économique au social, au politique et à l’éthique qui est pour elles la condition du succès économique. "
De la brève histoire du " mouvement citoyen mondial " que livre Gustave Massiah aux explications que donne Amartya Sen sur " l’indice de développement humain ", en passant par la " théorie de l’économie plurielle " qu’avance Jean-Louis Laville ou encore par le témoignage de Nancy Neamtan sur " l’économie solidaire comme radicalisation de la démocratie ", ces textes de chercheurs engagés offrent une très riche matière à la réflexion.

Éditions La Découverte - revue Recherches n° 21 - premier semestre 2003 - 430 pages - 30 €.

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