La vallée de la Garonne peut-elle devenir une vallée des biotechnologies de niveau européen ?
C’est la question que se sont posé les participants et les intervenants, scientifiques, universitaires, élus et professionnels, tout au long de cette journée organisée le Samedi 18 octobre 2003 à Agen par les Rotary-Club des différentes villes et régions concernées en Midi-Pyrénées et Aquitaine. Journée conçue et animée en collaboration avec la Mission Agrobiosciences.
D’abord, il y a la Garonne. Un fleuve, certes capricieux, mais qui, depuis les Pyrénées jusqu’à l’Atlantique, relie et affleure des espaces ruraux et urbains fortement concernés par l’enjeu des biotechnologies. Ne serait-ce que l’agriculture et l’agroalimentaire, deux secteurs phares et diversifiés du Sud-Ouest, pour qui les progrès en matière de sciences du vivant représentent non seulement un enjeu stratégique dans leurs activités traditionnelles mais aussi un enjeu de diversification vers des domaines encore peu explorés ou peu exploités.
Sud-Ouest : un poids scientifique et technologique considérable.
Il y a la recherche et la technologie sur le médicament avec des avancées attendues pour le traitement du cancer. Sans les biotechnologies, sans leurs avancées, on ne peut prétendre peser dans ces secteurs d’avenir. En clair, si de nombreux territoires de l’hexagone souhaitent tenter l’aventure, tous n’ont pas les mêmes atouts. Les organisateurs avaient donc pris soin d’inviter les scientifiques qui, principalement à Toulouse et Bordeaux, étaient à même de mettre sur la table le potentiel du Sud-Ouest dans ce domaine. Au gré des interventions, on apprenait à mieux connaître les biotechnologies tout en prenant conscience du poids technologique et scientifique considérable et les singularités qu’elles représentaient ici.
Biotechnologies : une ingénierie du vivant, par le vivant, pour le vivant !
Que sont les biotechnologies ? Les intervenants ont d’abord, à chaud, tenté quelques définitions personnelles. Chacune d’elles, ajoutait sa pierre à un sujet que l’on ne croyait pas si vaste. Pour ce responsable de l’Inserm « C’est la connexion entre la chimie et la biologie pour faire des produits à échelle humaine ». « C’est ce que la cellule vivante fait depuis toujours. C’est elle notre référent pour envisager de nouvelles technologies pour de nouvelles thérapies et de nouvelles molécules » renchérit ce directeur d’un laboratoire de recherche lié à un groupe pharmaceutique. Certains précisent d’entrée de jeu, les enjeux stratégiques. Pour ce directeur de recherche de l’Inra « C’est gagner une place scientifique et industrielle dans un secteur détenu actuellement à 99% par les USA ». D’autres éclairent sur les débouchés « Des applications des sciences de la vie pour faire des choses proches de l’activité quotidienne des hommes tels que des matériaux ou des carburants à partir de plantes... ». Un entrepreneur en biotechnologies reviendra aux origines en précisant que « Les biotechnologie ça a commencé avec le pain, la bière ou les fromages pour lesquels, depuis longtemps, on utilise la vie pour produire des biens et des services... ». Conclusion d’un spécialiste des procédés biologiques « Les biotechnologies c’est l’ingénierie du vivant, par le vivant, pour le vivant... ».
Être suffisamment forts pour gagner à l’échelle de l’Europe.
Quels sont les potentiels en présence et les facteurs de la réussite pour le futur ? C’était la deuxième question posée. Les réponses ont un peu décoiffé le public, dont beaucoup n’étaient pas familiers du monde de la recherche. Ainsi a-t-on parlé de « Génopole », de « Cancéropole » ou encore de « Génomique fonctionnelle »... tout ceci pour évoquer le poids national des grands ensembles créés à Toulouse et à Bordeaux au cours des dix dernières années par les grands organismes de recherche en partenariat avec les universités. Et pour faire le lien avec les secteurs économiques concernés, les responsables présents à la tribune ont évoqué les travaux développés en biotechnologie végétale, en microbiologie, en génétique humaine, en bioinformatique... à Toulouse comme à Bordeaux. Il aurait pu s’agir d’un simple cours de vulgarisation scientifique si l’enjeu n’avait été de faire toucher du doigt les termes de passage de la recherche à la création de richesses économiques. Tout particulièrement les responsables des incubateurs et les chefs d’entreprise présents ont illustré en quoi la culture de l’innovation présente dans les laboratoires doit être complétée par une culture de l’économie et de l’entreprise. Le tableau ne saurait être complet sans situer la nature des besoins de formation pour les nouveaux métiers dans ces domaines en émergence, en insistant sur le fait qu’il s’agit certes de chercheurs et de chefs d’entreprise mais également de techniciens de niveaux intermédiaire qui trouvent dans l’Institut de la Garonne créé à Agen un site privilégié. Cette réflexion d’ensemble était partagée par tous les intervenants : « Malgré tous ces facteurs favorables, depuis la recherche jusqu’à l’entreprise, sommes-nous suffisamment forts pour être gagnant à l’échelle de l’Europe ? » Et, question subsidiaire : « Pour y parvenir, ne faut-il pas fonder l’alliance des pôles de Bordeaux et de Toulouse, voire même avec Montpellier ? »
Une dynamique d’avenir qui dessine un nouveau territoire interrégional ?
Ces dernières questions constituaient une transition naturelle au troisième temps de cette matinée, celle d’une table ronde réunissant les élus des trois villes, Agen, Bordeaux et Toulouse et des deux régions, Aquitaine et Midi-Pyrénées, dialoguant avec Bernard Belloc, Président de l’Université des Sciences Sociales de Toulouse, ex-Vice-Président de l’Assemblée permanente des Présidents d’Université, sous la haute main de Jean François-Poncet, Président du Conseil Général du Lot-et-Garonne. « Les biotechnologies peuvent-elles faire territoire ? Comment l’alliance entre les deux régions et les trois villes peuvent-elles se réaliser autour de ce thème ? » Deux points importants ont surgi de ces échanges. Jean François-Poncet a tout particulièrement insisté sur la ressource nouvelle pour la société que constituent les territoires ruraux, et la nécessité pour les collectivités de disposer d’une aide à la recherche pour les aider à concevoir ce que l’on peut appeler « l’ingénierie du développement local ». Bernard Belloc pour sa part a fait ressortir la nécessité d’une concertation organique entre les Présidents des Universités de Bordeaux et Toulouse, condition nécessaire à la mise en œuvre de la stratégie d’alliance appelée par les chercheurs, et peut-être aussi pour faire avancer l’idée exprimée par Georges Estibal, Président des Rencontres de la Garonne, de création d’une grande région « Garonne-Pyrénées » comme il existe une région « Rhônes-Alpes ». Et si les biotechnologies pouvaient favoriser l’amorce d’une telle région ? Personne n’a contesté ce fait : c’est bien la dynamique de la circulation des hommes et des idées qui, bien souvent, dessine les forces et offre un destin à de nouveaux territoires. Les biotechnologies en sont un vivant exemple.
09h00 Ouverture des 5èmes rencontres
J. Darbaud président du Rotary Club d’Agen ; G. Estibal président du Comité exécutif
09h15. Table ronde : Biotechnologies quel Futur ? : État des lieux, genèse, potentiels et projections sur le futur.
Animée par Jean-Claude Flamant. Mission Agrobiosciences.
Avec B. Aveiler, professeur à l’Université Bordeaux 2 ; H. Broly, Directeur général Sorebio, T. Candresse, directeur de l’Institut de biologie végétale moléculaire Inra-Bordeaux ; C. Chevalet, directeur de la Génopôle Toulouse Midi-Pyrénées ; G. Goma, professeur Génie des procédés Insa-Toulouse ; D. Perret, président de l’Asedis-So ; H. Pontanier, directeur scientifique Laboratoire Pierre Fabre ; J-J Toulme, directeur Institut européen Chimie Biologie.
10h00. Table ronde : Biotechnologies quel futur ? : Stratégies pour le développement.
Animée par Jean-Claude Flamant. Mission Agrobiosciences
Avec Philippe Baralon-, président de Association Biotechnologies Midi-Pyrénées ; A. Boudet, Cnrs Professeur Université Paul-Sabatier-Toulouse ; C. Cassagne, directeur Institut supérieur de technologies et de biomolécules-Bordeaux ; J. Dardaud, président Institut de la Garonne ; P. Dumesnil, président de Ceva-Santé animale ; P. Gorry, directeur Incubation-Bordeaux ; B. Lindet, présidente de Biotechnica ; J. Montagut, directeur de Cité biotechnologies de Toulouse ; P. Requier, président de Incubateur-Toulouse.
11h30. Table ronde : L’engagement des collectivités dans l’aménagement du territoire et pour le développement local.
Animée par Ludovic Martinez
Avec Alain Veyret, maire d’Agen ; Alain Juppé, Député maire de Bordeaux, président de l’Agglomération bordelaise ; Philippe Douste-Blazy, Député maire de Toulouse, président de l’Agglomération toulousaine ; Alain Rousset, président du Conseil régional Aquitaine ; Martin Malvy, président du Conseil régional Midi-Pyrénées ; Jean François-Poncet, président du Conseil général du Lot et Garonne ; Nicolas Jacquet, délégué général de la Datar ; Bernard Belloc, vice-président du Conseil des présidents d’universités ; Jean-Alain Mariotti, président de la CCI du Lot et Garonne.