La science est-elle culturelle ?
Pendant longtemps cette question ne se posait même pas. Les termes Culture et Science faisaient « naturellement » bon ménage. Une alliance sous-tendue par une notion de progrès partagée depuis le siècle des Lumières. La rupture s’annonce au 19ème avec l’opposition entre scientistes et romantiques... La nature idéale est prônée par ces derniers. La science devient donc suspecte. Puis vient le divorce à propos duquel le physicien dénoncera la totale imperméabilité entre les disciplines littéraires et scientifiques. Plus près de nous, la vulgarisation sera qualifiée de vulgaire ou d’illusoire car, en voulant traduire la science en langage simple, elle masque la complexité qui en est pourtant son moteur et se voit soupçonnée de « dogmatisme ». Aujourd’hui, alors même que le bain de culture ambiant est plutôt du côté d’une « défiance au progrès », certains formulent de nouvelles approches pour entretenir les rapports science et société. L’une d’elle propose d’abord de regarder la complexité en face en prenant pour objet la fonction critique d’une science « empêcheuse de penser en rond ». Une science comme activité de la pensée et du doute et non plus seulement comme productrice de résultats. L’autre approche proposée est de montrer comment, à l’heure où la science est en débat, la culture parle à travers la science par l’imagination, les valeurs ou encore le contexte économique et social. En remontant le fil de l’histoire, Valérie Péan, de la Mission Agrobiosciences, s’est attachée, en introduction à la Conversation de la Maison Midi-Pyrénées, à dresser un état des lieux des relations entre science et culture.
La science ne fait plus culture.
C’est un fait sur lequel les membres de la Conversation s’accordent. En cause, la culture (l’inculture) des scientifiques due, en partie, à l’hyper spécialisation des savoirs ou au caractère intrusif de la science, cette "empêcheuse de tourner en rond". De fait, c’est la nature de la science elle-même dont il est question car le terme recouvre divers sens. Entre science-institution, production scientifique, expression de chercheurs ou produits de la science, de quelle science parle-t-on ?
Face à ces constats d’échec, les membres de la Conversation soulignent néanmoins des voies de réconciliation. Si effectivement, personne ne parle physique quantique à la terrasse des cafés, on ne peut pas en dire autant dans le domaine de la santé. La science ferait donc culture dès lors qu’elle nous interpelle.
Pour autant, être informé, est-ce être cultivé ? Probablement pas. « Comment inverser les choses pour que nous ne soyons plus une masse à informer mais pour que nous puissions nous construire un itinéraire culturel au sens fort du terme ? ».
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La conversation
La Conversation de Midi-Pyrénées est une expérience pilote organisée de 2003 à 2009 par la Mission Agrobiosciences dont l’objectif est de clarifier par l’échange de points de vue et d’expériences les situations de blocage Sciences-Société.
A l’issue de chaque séance, la Mission Agrobiosciences édite le contenu des échanges au travers d’une synthèse écrite « Les restitutions de la Conversation de Midi-Pyrénées ». Accéder à toutes les restitutions de la Conversation de la Maison Midi-Pyrénées éditées par la Mission Agrobiosciences.