16/01/2007
Comment instruire le débat OGM ?
Mots-clés: OGM

" Il faudrait créer un parti du débat".

Copyright Philippe Assalit

Auteur de l’ouvrage "Nourrir la planète" paru aux éditions Odile Jacob, Michel Griffon, responsable "Agriculture et développement durable" à l’Agence Nationale pour le Recherche (ANR) répond à la question comment instruire le débat OGM. 

Dans cet entretien, il aborde le cadre général du débat OGM, insiste sur la question des OGM du point de vue des pays en voie de développement, élargit le débat autour du thème de l’artificialisation de la vie et conclu sur la façon d’instruire le débat OGM de nos jours. Propos recueillis par Jacques Rochefort, Mission Agrobiosciences.
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Mission Agrobiosciences : Selon vous sur quoi porte le débat OGM ?
Michel Griffon : Le problème du débat sur les ogm, c’est qu’il s’agit plus d’un pugilat et qui est fortement médiatisé, les deux choses étant liées, qu’un véritable débat. De ce fait on retient surtout qu’il s’agit d’un combat entre ceux qui sont totalement pour et ceux qui sont totalement contre devant une opinion publique globalement inquiète. L’important est plutôt d’en sortir par le haut et de commencer par savoir précisément sur quoi porte l’antagonisme.
C’est d’abord l’existence d’un risque éventuel pour la santé humaine, éventuellement la santé animale, l’environnement. C’est aussi la question de la propriété par les entreprises semencières des variétés cultivées, propriété conférée par un brevet pendant une certaine durée. Les entreprises concernées, un petit nombre d’entreprises internationales, échappent en grande partie aux pouvoir des Etats et donc au contrôle des sociétés. Avec le temps, elles pourraient devenir propriétaires d’un grand nombre des variétés cultivées et les agriculteurs seraient de simples utilisateurs de ces variétés sans droit de les reproduire, tout cela alors que, depuis que l’agriculture existe, les agriculteurs détenaient les variétés cultivées et les amélioraient pour le bien commun. On peut supposer effectivement que si les choses continuent ainsi, les agriculteurs ne détiendront aucune des futures grandes variétés efficaces. Ce qui est en train de se produire est donc une rupture historique dans la propriété du contenu génétique des semences.
C’est aussi une question politique. L’Etat est appelé à trancher rapidement alors que la
difficulté à trancher l’amène naturellement à différer les décisions en espérant peut être que les différentes parties prenantes se fatigueront avec le temps.
C’est enfin une question éthique à caractère général sur le droit que nous aurions à modifier l’ordre génétique du monde vivant.

Les débats sont compliqués par le fait que l’on mélange en permanence des questions à caractère général -qui concernent tous les ogm- et des questions à caractère spécifique à chaque ogm. Quand on pose la question « êtes-vous pour ou contre les ogm ? », c’est une question qui n’a pas de sens parce qu’il y a déjà un nombre important d’ogm, sans compter ceux du futur, et qui sont différents en termes de propriété publique ou privée, en termes d’enjeux économiques et sociaux, en termes d’enjeux environnementaux, et d’enjeux pour la santé humaine ou la santé animale. De quoi parle t’on ? Donc répondre à la question générale « êtes-vous pour ou contre les ogm ? », qui est la question rituelle parce que l’on est dans un conflit et que l’on est dans un moment où il faut se déterminer, amène logiquement à répondre non pas de manière générale mais de manière particulière à chaque cas. Je sais que dans ce conflit, dire que l’on souhaite répondre au cas par cas vous classe ipso facto pour les anti-ogm dans les rangs des pro-ogm. Mais on ne peut pas échapper au fait qu’il y a bien des questions spécifiques auxquelles il faut répondre au cas par cas -par exemple les transferts de gènes dans la nature-, et des questions générales -comme la propriété intellectuelle- qu’il faut aussi traiter.

Lire la suite de l’entretien, en téléchargeant le PDF ci-dessous.

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Interview de Michel Griffon, responsable "Agriculture et développement durable" à l’Agence Nationale pour la Recherche (ANR), ancien directeur scientifique du CIRAD.
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