Le signal d’un possible infléchissement des discours
A la rentrée 2008, une marque d’équipements sportifs affichait un slogan étonnant : "Pour la réintroduction de l’homme dans la nature". Un contre-pied humoristique qui, au-delà de l’anecdote publicitaire, révèle peut-être une inflexion du regard et du discours appliqués à l’environnement et à la nature.
Car depuis près de trois décennies, le consensus apparent réside très nettement dans la dénonciation des méfaits de l’activité humaine sur les grands équilibres de la biosphère. La protection de la biodiversité, la pédagogie sur les gestes écologiques à pratiquer et, globalement, le souci de réduire les nuisances se traduisent progressivement en injonctions. "Faisons vite, ça chauffe !" explique ainsi l’Ademe en matière d’économies d’énergies. L’homme, « maître et possesseur de la nature », est pointé comme l’un des responsables de la destruction de la planète, par un utilitarisme qui excède la simple satisfaction de ses besoins.
S’il n’est pas question de nier la réalité des dommages environnementaux régulièrement dénoncés ni, à l’inverse, d’attacher une importance excessive aux mouvements anti-humanistes des deep ecologists, il est opportun de s’interroger sur les coûts sociaux et les inégalités nouvelles que génèrent le discours public et les mesures environnementales, en France et au plan international.
Quelles sont les conséquences politiques, économiques et sociales de cette injonction à la réintroduction de l’homme dans la nature ? Dans quelle mesure celle-ci induit-elle de nouvelles formes de stigmatisation sociale envers les plus pauvres ou les plus âgées ? Cette distinction entre l’homme et la nature n’est-elle pas une vision purement occidentale ? D’une certaine manière, cette question de l’environnement ne serait-elle pas devenue la "nouvelle Croisade" de l’Occident ? Eléments de réponse dans cette restitution.