27/01/2004
Parution.

Objectif décroissance. Vers une société harmonieuse.

« À bas le développement durable ! Vive la décroissance conviviale ! » Serge Latouche donne d’emblée le ton de cet ouvrage collectif : « la croissance zéro ne suffit pas » car nous sommes déjà en train d’épuiser la planète ; « pour survivre ou durer, il est donc urgent d’organiser la décroissance ».

En effet, « quand on est à Rome et que l’on doit se rendre par le train à Turin, si on s’est embarqué par erreur dans la direction de Naples, il ne suffit pas de ralentir la locomotive, de freiner ou même de stopper, il faut descendre et prendre un autre train dans la direction opposée ». Bruno Clémentin, animateur de la revue Casseurs de pub, et Vincent Cheynet, de l’association Écolo, précisent qu’en l’occurrence, c’est notre train de vie qu’il conviendrait de changer, avec notamment « une réduction draconienne de notre consommation énergétique. Dans une "économie saine", l’énergie fossile disparaîtrait. (...) Le transport aérien, les véhicules à moteur à explosion seraient condamnés à disparaître. Ils seraient remplacés par la marine à voile, le vélo, le train, la traction animale (là où la production d’aliments pour les animaux est possible). » Plus généralement, la décroissance devrait entraîner « la fin des grandes surfaces au profit des commerces de proximité et des marchés, la fin des produits manufacturés peu chers importés au profit d’objets produits localement, la fin des emballages jetables au profit des contenants réutilisables, la fin de l’agriculture intensive au profit de l’agriculture paysanne. Le réfrigérateur serait remplacé par une pièce froide ou une cave, le voyage aux Antilles par une randonnée à vélo dans les Cévennes, l’aspirateur par le balai et la serpillière, l’alimentation carnée par une nourriture quasiment végétarienne, etc. » En résumé, « le programme de la décroissance pourrait se définir par "tous pauvres pour que personne ne soit miséreux" ». Le canadien Serge Mongeau invite dans cet esprit à se tourner « vers une simplicité volontaire » et Pierre Rabhi ajoute que ce doit être « une sobriété heureuse ».
Actualisant les réflexions de Pierre Fournier et, surtout, de l’économiste Nicholas Georgescu-Roegen, la vingtaine de textes rassemblés dans cet ouvrage ne font pas qu’évoquer un futur souhaité : certains décrivent des « chantiers de la décroissance » déjà existants. Par exemple, Michel Lulek, du réseau Repas, place dans cette catégorie « le terreau des néo-ruraux », ; Marie-Andrée Brémond, membre de l’Arche de la Borie-Noble, salue le « rôle des communautés et éco-villages » ; Sabine Rabourdin et Fabrice Flipo, du réseau Action Climat France, expliquent comment se déroulent les « paris contre l’effet de serre »... Ces illustrations ont le mérite de donner corps à l’utopie. Pour autant, tous les acteurs cités s’inscrivent-ils vraiment dans une perspective de décroissance ? Au final, les réponses qu’esquisse ce livre font moins mouche que les questions très fondamentales qu’il pose. Entre autres celle-ci, avancée par Madeleine Nutchey, une des animatrices de la revue Silence : « Quel prix êtes-vous prêts à payer pour conserver votre salaire ? »

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Sous la direction de Michel Bernard, Vincent Cheynet et Bruno Clémentin. Éditions Parangon, 2003.

Sources : ruralinfos.org et Edition Parangon.

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