Histoire du climat

Cet allongement radical de la perspective ne l’amène toutefois pas à remettre en cause une des principales conclusions de son illustre prédécesseur : le climat est certes une composante importante de l’Histoire, mais il ne la détermine pas (ou, du moins, il ne la détermine plus depuis quelques milliards d’années...).
Ainsi, par exemple, l’offensive du "général Hiver" n’a fait que s’ajouter aux erreurs stratégiques et tactiques de Napoléon pour provoquer l’hécatombe de la retraite de Russie. De même, les gelées tardives et les étés pluvieux qui se sont succédés en 1783, 1784, 1786, 1787 et 1789 et l’été 1788, qui a été au contraire torride et sec, ont joué un rôle "non négligeable" dans le déclenchement de la Révolution française, mais le contexte politique de l’époque constitue lui aussi un facteur essentiel.
Sa remontée aux origines de la vie permet à l’"écologue" qu’est Pascal Acot de montrer les multiples interactions qui régissent notre planète. Au départ, l’action du soleil et de la foudre sur la "soupe primitive" fait émerger les premiers acides aminés, mais ensuite c’est la photosynthèse des algues qui crée l’atmosphère, ce qui permet d’affirmer que "la vie façonne le climat". Aujourd’hui, le réchauffement de la planète fournit une nouvelle illustration de cette interdépendance : l’espèce humaine y contribue et, dans le même temps, en subira les conséquences.
Tout au long de son livre, Pascal Acot s’affirme "antidéterministe", mais l’importance des problèmes actuels le fait au final douter : du fait de l’inertie des phénomènes climatiques, n’avons-nous pas dépassé le point de non-retour ? N’est-il pas déjà "définitivement, inéluctablement trop tard" ? En se réclamant du pari de Pascal, "qui, en l’absence de preuve de l’existence de Dieu, pariait qu’Il existe", il estime toutefois que "les sociétés avancées doivent impérativement favoriser le développement durable des pays les moins avancés". Il faudrait pour cela changer tout à la fois "les rapports destructeurs des hommes à la biosphère" et "les rapports destructeurs des êtres humains entre eux" ou, autrement dit, inventer "une écologie de la libération humaine".
Passant sans effort de la biologie à l’anthropologie et de l’astronomie à la botanique, Pascal Acot est en permanence soucieux de ne pas perdre son lecteur en route. Il prend ainsi la peine d’expliquer très clairement chaque mot savant. De plus, entre les origines de l’agriculture, les effets d’El Niño ou encore "le grand bond en arrière" de la Chine sous Mao, la variété des sujets qu’il aborde relance en permanence l’intérêt de son exposé. Cette Histoire du climat offre en définitive une riche grille de lecture.