On s’en doute, au-delà d’AquaBounty, les développeurs de cultures biotechnologiques aux Etats-Unis sont inquiets des résistances des consommateurs, qui cherchent « à forcer l’étiquetage des aliments fabriqués à partir de cultures génétiquement modifiées », rapporte le Meridian Institute (sur la base de la traduction d’un article de Reuters). En réaction, ils « préparent une campagne visant à renverser le cours de ce qu’ils considèrent comme un ressentiment grandissant du public à l’égard de ces cultures. Cette démarche s’inscrit dans un effort pour contrecarrer la propagation des initiatives étatiques visant à exiger l’étiquetage, ont expliqué des cadres de Monsanto Corp., de DuPont et de Dow Chemical. De telles initiatives, soutiennent ces entreprises, sèment la confusion chez les consommateurs et agitent l’industrie manufacturière. Cathy Enright, vice-présidente exécutive pour l’alimentation et l’agriculture de Biotechnology Industry Organization (BIO), a déclaré : « Même si nous l’emportons, nous sommes perdants. Il est insoutenable d’essayer de s’y opposer Etat par Etat ». Les cadres de ces entreprises précisent que la campagne, qui comportera probablement un large volet sur les médias sociaux, s’emploiera principalement à faire connaître les avantages des cultures biotechnologiques.
Pro-OGM contre pro-étiquette
Toutefois, les partisans de l’étiquetage soutiennent que la dynamique est en leur faveur. « Ils devraient s’inquiéter », a commenté Scott Faber, directeur exécutif de la campagne Just Label It. Quant à Dave Murphy, porte-parole de Food Democracy Now, un groupe de pression en faveur de l’étiquetage, il a déclaré : « C’est un mouvement en pleine expansion. Nous n’abandonnerons pas tant qu’il n’y aura pas d’étiquetage ». Jerry Steiner, vice-président exécutif de Monsanto, a reconnu que l’industrie est confrontée à une rude bataille. « Nous respectons pleinement le fait que les gens se fassent leur propre opinion », a-t-il affirmé, « Mais il existe un manque de données. Il nous incombe de mieux veiller à le combler ».
L’étiquette certes, mais l’éthique ?
Après l’étiquetage et les questions économiques, quid de l’éthique en matière de recherche sur les animaux transgéniques ? Le dernier numéro du journal de la communauté universitaire de Laval alerte : « Des porcs qui produisent des médicaments dans leur semence. Des lapins et des poissons fluorescents. Des modèles animaux d’obésité morbide, de cancer et d’Alzheimer… L’éthique peine à trouver des remparts pour harnacher l’impétuosité des chercheurs en biotechnologie animale. »
Il faudra sans doute un jour ouvrir aussi ce débat-là, isn’t it ?
Sources
- Bientôt des animaux transgéniques dans les assiettes des Américains, les Echos.fr, 6 mai 2013
- L’industrie biotechnologique rétorque à la campagne pour l’étiquetage des aliments OGM aux Etats Unis, par le Meridian Institute qui a traduit un article publié par Reuters le 25 avril :
U.S GMO food labeling drive has biotech industry biting back - Le carnaval des animaux transgéniques, Le fil, le journal de la communauté universitaire de Laval, Volume 48, numéro 27, 2 mai 2013
Lire sur le site Web de la Mission Agrobiosciences
La saga du saumon transgénique américain : nouvel épisode, revue de presse, 1er juillet 2011