24/10/2007
Dans le cadre du Plateau du J’GO, une émission co-organisée par la Mission Agrobiosciences, le restaurant le J’GO et Radio Mon Païs

Cinéma et Alimentation : « A la carte de nos salles obscures », chronique de Michel Lafarge, journaliste. Mission Agrobiosciences

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La Chronique

Procurer du plaisir gastronomique au cinéma n’est pas une affaire gratuite. Si l’on mange très mal parfois et à des prix exorbitants sur la Croisette pendant le Festival de Cannes, on peut s’apercevoir que l’on ripaille à l’envi dans nombre de films et singulièrement dans les productions françaises.
A la carte de nos salles obscures on trouve : Le déjeuner sur l’herbe, L’aile ou la cuisse, Delicatessen ou encore Les galettes de Pont-Aven. Et bien d’autres que l’on pourrait citer. Il y a aussi deux sortes de metteurs en scène. Certains sont partisans du gras, tel Claude Chabrol, on s’en serait douté, Bertrand Tavernier et aussi Henri Langlois. Et puis il y a aussi les chichiteux du maigre, comme Robert Bresson, Eric Rohmer ou encore Alain Resnais. Mais beaucoup de nos acteurs se sont spécialisés dans l’emploi de bons vivants. Leur corpulence les prédestinait sûrement à ce genre de performance. Par exemple, dans Alexandre le Bienheureux, Philippe Noiret passe son temps au lit en dégustant l’andouille et le thon arrosé de vin. Dans Le gorille vous salue bien, Lino Ventura se gave de petit salé aux lentilles. Dans Touchez pas au grisbi, Jean Gabin attaque le foie gras sur biscottes. Quant à Gérard Depardieu, on s’en serait douté, il est le prototype même incarné du gastronome sur grand écran.
Mais le cinéma a beaucoup de mal à traduire les raffinements d’un repas, tout simplement faute d’odeurs et de saveurs. Aussi mise-t-il sur le choix du lieu, sur le choix des plats et sur le choix de la dramaturgie, de la prise de commandes. Le site choisi est le plus souvent un restaurant réputé.
L’enseigne atteste bien entendu de la bonne chair servie. Quelques exemples : dans L’aile ou la

cuisse, on voit défiler les devantures du nec plus ultra gastronomique parisien. Mais la région du tournage plaide aussi pour la qualité des produits. La Grande vadrouille se situe en Bourgogne et l’action du Bonheur est dans le pré se déroule en plein Gers.
Le choix des mets place aussi le spectateur derrière l’écran. Avec le comédien, il préside à l’inventaire du menu. Le metteur en scène l’invite en quelque sorte à sa table. Quant à la commande, elle est l’expression du désir. Elle fait saliver le cinéphile, comme s’il y était. Et comme le qualifierait Jean-Paul Sartre, ce cinéma est un
« cinéma de situation ». Le repas proprement dit est un prétexte. Prétexte à convivialité familiale chez Claude Sautet, avec les agapes d’une communion solennelle ; mise en valeur d’un dialogue dans les Tontons flingueurs ; accalmie avant ou après une tension dramatique comme dans les Eaux profondes de Michel Deville.
Mais le repas peut aussi revêtir une critique politique de la société. Dans Le festin de Babeth, c’est le puritanisme qui est visé. La dialectique du plaisir gustatif est une contestation de la morale établie. Dans Le chocolat, c’est l’idéologie religieuse qui est la cible. Le cinéma devient alors un plaidoyer pour l’efficacité subversive de la tentation, à laquelle on cède comme garantie de la délivrance de ses préjugés. Quant à La grande bouffe, on s’en souvient, elle annonce et dénonce « prémonitoirement » la société de consommation où le corps et l’âme ne sont plus des valeurs humaines mais ont vocation à une très lente dégradation.
Procurer du plaisir gastronomique au cinéma n’est pas, comme on le voit, une affaire gratuite. Promotion, défense et transmission du bon goût, revendication hédoniste, adhésion à une philosophie épicurienne, primat du vécu sur la représentation que l’image peut en donner, cette mise à distance nous prouve que le plaisir authentique se trouve
toujours dans l’assiette. Le cinéma se donne pour mission de nous mettre l’eau à la bouche et le feu à l’imagination. Et de nous rappeler aussi que le réel, et c’est d’actualité, vaut toujours mieux que le virtuel. En portant à l’écran ses propres limites, le 7ème art nous redonne le goût du bonheur avec ses recettes éprouvées. Michel Lafarge. Mission Agrobiosciences. Juin 2007

Cette chronique « Art et Alimentation » » est une des séquences de l’émission du 4 Juin Avril 2007-. Le Plateau du J’GO est co-organisé par la Mission Agrobiosciences, le Restaurant du J’GO et Radio Mon Païs.

Autre chronique de Michel Lafarge : Le Banquet du Théâtre Sorano-

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Alimentation en débat : les Chroniques « Art et Alimentation » de la Mission Agrobioscience. 4 Juin 2007

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