19/06/2013
Revue de presse du 19 juin 2013. Pacte national de lutte contre le gaspillage.

Chasse au gaspi : tous concernés ? (revue de presse)

La lutte contre le gaspillage reviendrait-elle à l’ordre du jour en ces temps de crise ? Le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’environnement) et la FAO ont lancé en février dernier une campagne internationale avec pour slogan (« Pensez. Mangez. Préservez. »). Au niveau européen, vingt-et-un distributeurs ont signé le Retail Agreement on Waste, visant à sensibiliser les consommateurs. Et depuis le 14 juin, la France se lance aussi dans la bataille : Guillaume Garot, ministre délégué à l’Agroalimentaire, a annoncé la mise en place d’un Pacte national de lutte contre le gaspillage.

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Des chiffres toujours aussi durs à avaler

« Redonner à l’alimentation et au travail de ceux qui la produisent leur juste valeur », tel est le souhait exprimé par Guillaume Garot lors de l’annonce du pacte. En effet, on oublie trop souvent que derrière les aliments dans nos assiettes, se cache une quantité insoupçonnable d’eau, d’énergie et de matériaux. Comme le rappelle le Huffington Post, chaque foyer français jette en moyenne 20kg de nourriture par an, dont 7kg sont encore emballés. Addition faite, à l’échelle européenne, une année de gaspillage alimentaire suffirait à nourrir près de 200 millions de personnes. Et au niveau mondial, les pertes d’eau liées au gaspillage chaque année rempliraient 70 millions de piscines olympiques. De quoi s’alarmer…

Le pacte ne vise pas à pointer du doigt d’éventuels responsables, peut-on lire sur le site du ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, mais au contraire à valoriser l’implication des signataires, qu’ils soient producteurs, distributeurs ou restaurateurs. Guillaume Bapst, fondateur du réseau d’épiceries solidaires ANDES, met d’ailleurs en garde contre la simplification « entre les méchants et les gentils » et souhaite une « prise de conscience nationale ». Pour lui, « le ministre a réussi un plan d’adhésion ». LePoint.fr souligne qu’il s’agit de la première concertation sur le sujet qui rassemble autant d’acteurs en France, et évoque un « discours engagé » et un « programme concret ».

Onze mesures pour diviser le gaspillage par deux

Tous les secteurs sont concernés, puisqu’il s’agit d’aller plus loin que l’initiative personnelle, comme l’a annoncé le ministre dans Les Echos : cela « concerne les consommateurs que nous sommes mais […] aussi les entreprises, les producteurs et la grande distribution ». Le but : diminuer par deux le gaspillage alimentaire à l’horizon 2025. La mise en place de filières de récupération des invendus à tous les niveaux, y compris pour les agriculteurs, l’adaptation des formats par les industriels, et la vente en vrac par la grande distribution font partie des mesures adoptées. Les consommateurs ne sont pas oubliés, avec la diffusion d’une campagne de communication pendant l’été et à la rentrée 2013, à la radio et par internet.

Par ailleurs, la liste des mesures comprend un assouplissement du cadre législatif et réglementaire du don alimentaire. Il s’agit de faciliter les donations en limitant la responsabilité des entreprises en cas de « non-conformité mineure » des produits. Rappelons que la question du don peut poser des problèmes sanitaires, économiques et logistiques. Un autre point phare de ce pacte est le remplacement systématique de la mention DLUO par la mention « à consommer de préférence avant ». Cette fameuse date limite d’utilisation optimale est souvent mal comprise par les consommateurs, qui la confondent avec la date de péremption, après laquelle le produit peut présenter des risques sanitaires. Guillaume Garot explique : « même si vous dépassez la date limite (d’un paquet de gâteaux), il est toujours consommable […] il aura gardé ses qualités nutritionnelles » (Les Echos).

L’amorce d’un changement ?

Pourtant, selon Le Point.fr, la faiblesse de cet accord réside dans le fait qu’il n’est pas contraignant et repose essentiellement sur la bonne volonté des signataires, chargés de sensibiliser les acteurs de leurs chaînes respectives. Les industries agroalimentaires sont par exemple supposées mettre en place des chartes « anti-gaspi » et promouvoir des « guides de bonnes pratiques ». Agnès Banaszuk, chargée de la prévention des déchets à France Nature Environnement, parle d’une « première étape », qui aurait pu aller plus loin, notamment en termes de transparence des chiffres du gaspillage. Par ailleurs, elle déplore que d’autres propositions, concernant par exemple le calibrage des aliments, n’aient pas été prises en compte alors qu’une grande partie de la nourriture se perd pour des raisons purement esthétiques.

Une première étape donc, qui sera suivie en octobre d’opérations pilotes pour mesurer l’ampleur réelle du gaspillage alimentaire en France, depuis la production jusqu’à la consommation.

Une revue de presse de Juliette Baralon, stagiaire à la Mission Agrobiosciences


Sources :

Le Point, Les Echos, La Dépêche, Huffington Post...
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