Le futur de l’élevage en Europe à la lumière des crises sanitaires récentes (Publication originale)
Les crises sanitaires majeures - l’ESB et la fièvre aphteuse - qui ont remué l’opinion des pays d’Europe de l’Ouest entre novembre 2000 et mars 2001, sont-elles seulement le résultat d’erreurs au sein du dispositif de contrôle sanitaire ou bien des signaux d’alarme qui indiquent que les orientations prises au cours des dernières décennies pour l’intensification de l’élevage doivent être fondamentalement révisées pour le futur ? Tel est le sujet de la Table Ronde organisé par la Fédération Européenne de Zootechnie à Budapest en août 2001. Des questions toujours d’actualité avec de nouvelles alertes concernant la peste porcine ou la grippe aviaire.
Coordonné et traduit par Jean-Claude Flamant, Directeur de la Mission Agrobiosciences.
La Table Ronde réunit d’une part une figure marquante de la zootechnie britannique, Maurice Bichard, connu à la fois pour ses recherches sur l’amélioration génétique et pour son implication concrète dans la sélection de souches de porcs, d’autre part Malla Hovi, universitaire finlandaise dont les recherches sur l’élevage explorent des voies alternatives selon les principes de l’agriculture biologique. Quatre experts apportent en outre leurs points de vue sur différents aspects de la chaîne alimentaire : le patron d’un groupe franco-allemand de l’industrie de l’équarrissage, Patrick Colenbier ; le vice-président de la Fédération Européenne des Fabricants d’Aliments du Bétail (FEFAC), Martin Tielen ; le Président de l’Association des Eleveurs Hongrois, Peter Horn ; et enfin un enseignant-chercheur, spécialiste de l’étude du comportement des consommateurs et des stratégies de la distribution, François d’Hauteville.
Le débat converge d’abord sur ce qu’on peut considérer comme étant un accord : même si ces crises n’étaient que les conséquences de défaillances, voire d’erreurs humaines dans le contrôle sanitaire de la chaîne alimentaire, il n’est plus possible d’ignorer les réactions de la population dont les certitudes relatives à la rationalisation et l’intensification des systèmes d’élevage qui a prévalu au cours des cinquante dernières années sont fortement ébranlées.
La divergence porte sur l’intérêt de développer des techniques d’élevage à faible coût (« cost-savings technologies »). Elles ont permis, pour Maurice Bichard, de satisfaire les besoins d’une consommation de masse, à bas prix, tout en assurant une meilleure garantie de sécurité sanitaire. En fait, conteste Malla Hovi, cela ne peut plus être un objectif aujourd’hui et si l’élevage rationnel et intensif a réussi, c’est bien à externaliser les coûts, en reportant les frais de transport et de sécurité de la chaîne alimentaire sur d’autres opérateurs. Et elle ajoute que, de ce point de vue là, l’ESB est exemplaire quant aux conséquences négatives de l’intensification des élevages. Oui, considère Patrick Colenbier, au nom des équarisseurs, il faudra bien réintroduire au niveau des producteurs les coûts liés à une transformation purement énergétique des déchets d’abattoirs. Pourtant, il y a de nombreuses raisons économiques et sociales qui induisent la nécessité de mettre à disposition des consommateurs des produits à qualité sanitaire garantie et à bas prix (« commodity market ») : la raison en est le bas niveau des ressources pour une large part de la population, argumente Peter Horn à propos du cas actuel de la Hongrie, ou encore la conjonction de deux logiques communes aux consommateurs de toutes catégories explique François d’Hauteville - la « culture du choix » et la « culture du prix bas ». Compte-tenu de la force de ces deux « cultures », il se déclare pessimiste quant aux possibilités d’un large développement d’une « agriculture alternative », et il doute que les consommateurs, par leurs actes individuels d’achat, admettent la nécessité de payer pour ce qui relève d’une logique collective.
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