21/11/2005
A propos de l’OMC
Nature du document: Chroniques

Elevage et productions animales : à qui profite la mondialisation ?

La Mission d’animation des agrobiosciences avait conçu et animé un débat, lors de la Conférence annuelle de la Fédération Européenne de Zootechnie au Caire en 2002 : « La globalisation dans le secteur de l’élevage et des productions animales : pour le bénéfice de qui ? ». Quelques propos tenus notamment par Paolo Di Castro, ancien Ministre italien des Politiques Agricoles et Saad Nassar, membre de la délégation de l’Egypte à l’OMC

Marcel Mazoyer, Professeur Institut National Agronomique Paris-Grignon : « On a pensé pendant quelques dizaines d’années que la révolution agricole contemporaine et la révolution verte allaient résoudre les problèmes agricoles et alimentaires du monde. Tout au moins, on a fait comme si cela était vrai. Il est certain qu’il y avait 2,5 milliards d’humains sur notre planète il y 50 ans, et qu’il y en a 6 milliards aujourd’hui. Il est certain aussi qu’il y en a 3 milliards actuellement qui mangent mieux que les 2,5 milliards qui existaient il y a 50 ans. Mais il y a de nos jours dans le monde plus de gens qui souffrent de carences alimentaires et de faim qu’il y a 50 ans. Et la majorité d’entre eux sont des paysans. La question agricole et alimentaire mondiale reste donc à résoudre. Pourquoi les choses sont-elles encore comme cela ? Que faire ? Telles sont les questions primordiales relatives à l’agriculture et à l’alimentation au 21ème siècle. »

Laurence Roudart, Professeur à l’Institut National Agronomique Paris-Grignon : « Les différences de la productivité du travail agricole sont si élevées que nous devons assurer la production des paysans les plus pauvres et les moins équipés contre les très bas prix des produits agricoles qui sont ceux actuellement du marché international, et qui ont des répercussions sur l’agriculture des pays en voie de développement. C’est là une voie pour réguler la globalisation et ne pas la rejeter. »

Alessandro Nardone, ancien Président de la Fédération Européenne de Zootechnie, Professeur à l’Université de la Tuscia : « A qui profite la globalisation ? Pour moi, quand j’entends les analyses de Marcel Mazoyer et de Laurence Roudart, c’est très clair : Qui est perdant ? Ce sont des centaines de milliers de travailleurs agricoles ! »

Paolo Di Castro, ancien Ministre italien des Politiques Agricoles, professeur à l’Université de Bologne : « Si nous voulons gagner uniquement par une compétition sur les prix, nous n’avons aucune chance. Parce qu’il y a des régions dans le monde qui peuvent obtenir des prix plus bas que les nôtres à cause de coûts de main-d’œuvre et de pris du foncier plus bas. Dans ces conditions, ce sera très dur pour nous la compétition des marchés mondiaux si le coût de production est notre force unique. Mais, heureux Européens, nous avons une quantité de produits alimentaires traditionnels ! »

Saad Nassar, Gouverneur de la Province du Fayoun, membre de la délégation de l’Egypte à l’OMC, Professeur à l’Université du Caire : « Nous devons rechercher à tirer le meilleur parti de la globalisation en marche, mais en même temps comment minimiser ses impacts négatifs sur les pays en voie de développement et maximiser ses effets positifs. En quelques mots, l’Egypte se prononce en faveur de la libéralisation des échanges pour les produits agricoles mais avec un traitement préférentiel pour les pays en voie de développement. »

Paolo Di Castro, ancien Ministre italien des Politiques Agricoles, professeur à l’Université de Bologne : « La globalisation signifie que quelque chose est irrémédiablement en mouvement. Nous pouvons mettre des règles sur la globalisation...Nous pouvons essayer d’avoir une « bonne » globalisation ».. Mais nous ne pouvons pas stopper la globalisation en raison de la tendance lourde en faveur des exportations dans tous les pays. Le défi consiste à pouvoir créer des règles qui jouent un rôle important pour les pays en voie de développement et ne donnent pas seulement des avantages aux pays développés. »

Lire le texte intégral de la Table-Ronde en anglais

La Mission d’Animation des Agrobiosciences assure chaque année la conception et l’animation des Tables-Rondes organisées par la Fédération Européenne de Zootechnie dans le cadre de ses Réunions Annuelles. L’objectif poursuivi est d’éclairer les termes du débat sur l’évolution de l’élevage et des productions animales en rapport avec les transformations économiques et sociales. Leur sujet est choisi en rapport étroit avec l’actualité. Ces Tables-Rondes sont chaque fois suivies par plusieurs centaines de participants, provenant d’une quarantaine de pays, principalement d’Europe, du Bassin Méditerranéen et d’Amérique du Nord réunis en Congrès autour de thèmes de leurs spécialités

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