Le Forum de l’Agriculture Raisonnée Respectueuse de l’Environnement (FARRE) est né en en 1993, quand personne ne parlait d’environnement... Il y a moins de cent participants lors de la première convention FARRE en 1997. Trois ans seulement après, à Paris, 650 personnes s’y sont bousculées". A l’heure où chacun s’empare des thèmes de l’agriculture raisonnée, Bernard Guidez a bien raison de rappeler le rôle pionnier de ce réseau, qu’il préside en Midi-Pyrénées. Face à un large public, dont la conseillère régionale Elizabeth Mitterrand, le Directeur Régional de l’Agriculture et de la Forêt, et les Présidents de la Chambre régionale d’Agriculture et de la Fédération Régionale des Coopératives agricoles, Christiane Molesin, directrice du Lycée agricole d’Auzeville, se déclare " ravie d’accueillir ces débats qui forment les jeunes à l’esprit critique ". Parmi ces jeunes, notons ceux du BTS Technologie Végétale qui, avec leur animatrice Nathalie Latgé, viennent de remporter le concours des Espoirs en Agriculture Raisonnée, et qui ont présenté ce jour-là les résultats de leur travail pédagogique.
Tout au long de la matinée, trois tables rondes se succèdent tambour battant, animées par le consultant Georges Mas. Premier sujet : comment valoriser sur le marché les productions issues de l’agriculture raisonnée ? A l’issue des interventions du directeur de Carrefour Labège, Michel Rouault, et du responsable des approvisionnements de la coopérative " Terre de Gascogne ", Patrick Desangles, les questions fusent, essentiellement centrées une forte préoccupation : le niveau de prix d’achat de ces produits certifiés par la grande distribution... Pour sa part, Gérard Lopez, président de l’institut de sondage B.V.A, et qui fait office de grand témoin, les produits de l’agriculture raisonnée n’auront de succès commercial que s’ils véhiculent les valeurs actuellement porteuses : " au-delà de l’environnement, il faut lier cette démarche aux notions de qualitén de sécurité, d’origine et de diversification du goût "...
Vient ensuite le problème de l’articulation entre l’étiquetage et les signes officiels de qualité. Un sujet défriché à travers l’exemple du vin - avec les points de vue de Guy Dartigues (Président de la délégation régionale INAO) et Jacques Tranier (directeur des Caves de Rabastens)- et qui suscite de multiples remarques : sur les risques de confusion entre les différents labels et certifications, sur l’articulation avec l’agriculture Biologique, sur les comportements des consommateurs qui se retrouvent aujourd’hui face à 18 000 références alimentaires en grandes surfaces et ce, sans que le temps consacré aux achats n’ait augmenté. " Dans ce contexte, attention à ne pas transformer les étiquettes en manifeste ! ", avertit G.Lopez.
Enfin, avec B.Ferrière, de Qualisud et Michel Fau, de la Chambre d’agriculture de l’Aveyron, les enjeux du développement de l’agriculture raisonnée ont permis d’aborder la question de la durabilité... des agriculteurs. Les sujets d’inquiétude ? Au-delà même d’une valorisation par les prix, les problèmes de transmissions d’exploitation et de multiplicité des contrôles
comme outil de l’agriculture durable. Mais attention, rappelle un intervenant, " ne demandons pas à l’agriculture raisonnée de régler tous les problèmes ". Et Jean-Louis Cazaubon de rappeler son objectif premier - produire mieux - pour répondre à la demande sociétale et le lui faire savoir. " Mon grand-père déjà raisonnait l’agriculture, puis mon père et enfin moi-même. Cela dit, nous devons communiquer, nous engager résolument dans cette démarche de développement et nous avons en cela un rôle de missionnaire...Il faut tout faire pour que la machine à exclure ne se mette pas en marche, en revalorisant la fonction de production... L’agriculteur doit être maître de son destin et de sa production ". Un credo que reprend à sa manière Gérard Lopez -" Je veux croire que tout ce qui ne sera pas estampillé agriculture raisonnée ne sera pas totalement irraisonné " - ainsi que Bernard Guidez, en conclusion : " Le poids de l’image est considérable dans l’accès aux marchés. Nous devons parler, clarifier, qualifier, simplifier, et ce à travers une démarche volontaire, pour redonner du sens à l’agriculture et de la fierté à l’agriculteur ".