05/05/2008
Aux Editions La Découverte, avril 2008
Nature du document: Notes de lecture

"Une vie de cochon" (pas toujours rose)

En Une, une bonne bouille de petit cochon pointe son groin luisant vers le lecteur. Les yeux malicieux dégagent une douceur envahissante et la bouche se fend comme un sourire... Une invitation à tourner la couverture rose pâle - comme il se doit.
Voici le dernier livre de Jocelyne Porcher, chargée de recherches à l’Inra après avoir été éleveuse et technicienne agricole, et de sa co-auteure, Christine Tribondeau, qui a longtemps été salariée en production porcine industrielle. Autant dire que nos deux femmes connaissent parfaitement leur sujet. La Mission Agrobiosciences a d’ailleurs réalisé plusieurs interviews de Jocelyne Porcher, l’une des meilleures spécialistes des relations entre l’homme et l’animal dans les systèmes d’élevage.
Cette fois, il ne s’agit ni d’un livre savant, ni d’un papier universitaire ou d’un rapport officiel, mais bien d’un livre à lire comme un roman qui convoque, une fois encore, un des thèmes de prédilection de la chercheure : celui de la souffrance partagée par les animaux et les hommes dans les systèmes de production industrielle.

Voici le récit d’une petite fille, Solenn, qui porte un regard implacable sur le travail de sa mère, salariée dans une porcherie industrielle. Souffrance des hommes et des animaux, conditions de vie à la limite du supportable pour les uns comme pour les autres, insémination, castration, sevrage en un temps record... et frustration pour ces hommes et ces femmes qui finissent par se demander s’ils ne sont pas des sauvages.
Un petit livre (une centaine de pages, pour 8 euros) pour s’interroger sur la manière dont nous pratiquons de plus en plus intensément l’élevage industriel sans souci de la qualité de vie des animaux, mais aussi des éleveurs dont les conditions de travail empirent et des consommateurs qui achètent une viande médiocre.
Mais qu’on ne s’y trompe pas ! Il ne s’agit pas là d’un plaidoyer pour le végétarisme. Comme le précise la Der de couverture : Alors, au bout du compte, élever des animaux, manger de la viande, oui, mais pas à n’importe quel prix pour les éleveurs et pour leurs bêtes : « Parce qu’on peut être libres ensemble, ou prisonniers ensemble, c’est à nous de choisir. »

A la fin du livre, un glossaire explique les principaux termes employés dans l’élevage industriel porcin, de caillebotis à verraterie, en passant par caudectomie, cochette ou "Cochons d’or", un trophée attribué aux éleveurs de porcs qui obtiennent les meilleurs résultats en termes de productivité.

Extraits

  • En engraissement, les cochons ont l’air bizarres. Ils semblent attendre quelque chose qui ne vient pas.
  • La grand-mère Jeanine était étonnée car elle a toujours donné des plantes aux truies et elle ne voyait pas pourquoi cette fois-ci ça les rendrait malades. "Ce n’est plus un élevage, c’est un laboratoire".
  • Maman, le lundi et le mardi, elle fait les inséminations et elle aide Rémi. Le mercredi, elle fait les soins aux porcelets, genre castrer ou couper les dents et les queues des petits qui viennent de naître. Le jeudi, elle sèvre les porcelets et elle les amène en post-sevrage. Elle mène les truies en verraterie, puis elle fait le lavage des maters avec le Karcher. Et le vendredi, elle fait rentrer d’autres truies en maternité. Et tous les trois week-ends, elle est de garde.

Lire l’entretien de Jocelyne Porcher

De Jocelyne Porcher, chargée de recherches à l’Inra, et Christine Tribondeau, longtemps salariée en production porcine industrielle

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