Voici le récit d’une petite fille, Solenn, qui porte un regard implacable sur le travail de sa mère, salariée dans une porcherie industrielle. Souffrance des hommes et des animaux, conditions de vie à la limite du supportable pour les uns comme pour les autres, insémination, castration, sevrage en un temps record... et frustration pour ces hommes et ces femmes qui finissent par se demander s’ils ne sont pas des sauvages.
Un petit livre (une centaine de pages, pour 8 euros) pour s’interroger sur la manière dont nous pratiquons de plus en plus intensément l’élevage industriel sans souci de la qualité de vie des animaux, mais aussi des éleveurs dont les conditions de travail empirent et des consommateurs qui achètent une viande médiocre.
Mais qu’on ne s’y trompe pas ! Il ne s’agit pas là d’un plaidoyer pour le végétarisme. Comme le précise la Der de couverture : Alors, au bout du compte, élever des animaux, manger de la viande, oui, mais pas à n’importe quel prix pour les éleveurs et pour leurs bêtes : « Parce qu’on peut être libres ensemble, ou prisonniers ensemble, c’est à nous de choisir. »
A la fin du livre, un glossaire explique les principaux termes employés dans l’élevage industriel porcin, de caillebotis à verraterie, en passant par caudectomie, cochette ou "Cochons d’or", un trophée attribué aux éleveurs de porcs qui obtiennent les meilleurs résultats en termes de productivité.
Extraits
- En engraissement, les cochons ont l’air bizarres. Ils semblent attendre quelque chose qui ne vient pas.
- La grand-mère Jeanine était étonnée car elle a toujours donné des plantes aux truies et elle ne voyait pas pourquoi cette fois-ci ça les rendrait malades. "Ce n’est plus un élevage, c’est un laboratoire".
- Maman, le lundi et le mardi, elle fait les inséminations et elle aide Rémi. Le mercredi, elle fait les soins aux porcelets, genre castrer ou couper les dents et les queues des petits qui viennent de naître. Le jeudi, elle sèvre les porcelets et elle les amène en post-sevrage. Elle mène les truies en verraterie, puis elle fait le lavage des maters avec le Karcher. Et le vendredi, elle fait rentrer d’autres truies en maternité. Et tous les trois week-ends, elle est de garde.
Lire l’entretien de Jocelyne Porcher