10/12/2025
Revue de presse du 10 décembre 2025
Nature du document: Revue de presse

Pourquoi diable ne pas tirer le loup... par la queue (leu-leu) ?

Les éleveurs qui le souhaitent pourront tirer eux-mêmes sur le prédateur pour protéger leur troupeaux dans certains départements, sans passer par les gardes de l’OFB ou les lieutenants de louveterie. La porte ouverte à la chasse aux loups, redoutent les défenseurs de l’animal.

La « chasse aux loups » est-elle ouverte ? La question se pose notamment sur le plateau de Millevaches, où la naissance de quatre louveteaux a été confirmée cet été « C’est une exception en France, c’est un cadeau pour la Corrèze », se félicite au micro d’Ici Limousin Muriel Arnal, présidente de One Voice, originaire du département. Les éleveurs du coin, on s’en doute, sont beaucoup moins enthousiastes. « On a quasiment une attaque par jour (…) il faut qu’il y ait un prélèvement rapide, l’Etat est complètement submergé par la situation » s’alarme Marie-France Forest, secrétaire générale de la FDSEA en Corrèze.

Les préfets des départements concernés (Corrèze, Creuse, Haute-Vienne) ont délivré des autorisations « de tirs de défense ». Les associations pro-loup ont tenté de les contester devant le tribunal administratif de Limoges, mais elles ont été déboutées rapporte France 3 Nouvelle-Aquitaine. Les éleveurs ne sont toujours pas satisfaits. « Nous, ce qu’on demande, c’est que le loup devienne chassable. On nous dit souvent que le loup régule le gibier, mais aujourd’hui, il régule surtout nos animaux d’élevage », déclare Marie-France Forest.

La loi entre chiens et loups

Dans le quotidien régional La Montagne, la préfète de la Creuse évoque en novembre un bilan de 114 brebis tuées en 25 attaques. « On ne peut pas dire à 100 % qu’il s’agit du loup car il y a aussi beaucoup de chiens errants », explique Anne Frackowiak-Jacobs. L’arrêté préfectoral donne aussi la possibilité de tirer sur ces canidés réputés domestiques, relève Le Parisien. Ce n’est pas une première. Les préfets de l’Aveyron et de Haute-Vienne avaient déjà pris des mesures similaires en 2024, souligne le quotidien national.

Chantre du Limousin, l’écrivain Christian Signol a écrit un roman qui met aux prises éleveurs et défenseurs du loup fort opportunément récompensé par la fondation 30 Millions d’Amis. « Je trouve tout aussi douloureux de voir un loup tué par balle que des brebis égorgées », assure le romancier du terroir dans un entretien à l’association, créée à l’origine pour la défense des animaux de compagnie. Christian Signol y évoque notamment l’assouplissement annoncée de la réglementation, qui devrait permettre aux éleveurs de tuer le prédateur sans autorisation préalable. La loi, qui doit entrer en vigueur en 2026, est elle aussi entre chien et loup.

Répartition territoriale et « quota » national

Au-delà du plateau de Millevaches et du Massif Central, Ouest France publie une cartographie des « signes de présence » du loup recensé par l’OFB sur l’ensemble du territoire national depuis cinq ans. L’estimation 2025 fait état d’une population totale entre 989 et 1187 « individus », ce qui laisse envisager la possibilité d’abattre jusqu’à 205 loups en 2026 (19%). « Il s’agit d’un sujet incandescent pour les syndicats d’éleveurs de montagne notamment, qui réclament inlassablement une augmentation du quota d’abattage annuel autorisé par l’État », explique le quotidien breton. Outre les agents des brigades mobiles de l’OFB et les lieutenants de louveterie, les éleveurs ovins et caprins auront la possibilité de se voir délivrer une autorisation de défendre eux-mêmes leurs troupeaux avec une arme à feu pendant trois ans, même sans avoir déployer d’autres moyens de protection (clôtures électrifiées, bergers et chiens de défense), expose Pleinchamps.

Mais les éleveurs bovins et caprins se voient toujours imposer des mesures de protection et devront se contenter d’une autorisation annuelle, précise le site d’informations professionnelles du Crédit Agricole. Les syndicats agricoles dénoncent un dispositif encore «  trop timide et excessivement technocratique », rapporte Localtis. De son coté, le CNPN (conseil national de la protection de la nature) a rendu un avis défavorable au projet d’assouplissement de la réglementation, signale le site en ligne du groupe Caisse des Dépôts. « C’est lâcher d’une main en libéralisant notamment les tirs sans autorisation, tout en voulant piloter de l’autre leur réalisation pour contenir la limite du plafond de tirs actuel ». « La réunion du groupe national Loup du 12 décembre promet d’être animée », annonce Pleinchamp. Localtis relève de son coté que la plate-forme du ministère de la transition écologique sur le projet de décret d’assouplissement de la réglementation a reçu près de 5.000 contributions en une semaine, « c’est dire si le sujet divise ». La consultation publique s’achève le 17 décembre.

Au-delà des frontières

En Allemagne, le loup est désormais intégré à la loi fédérale sur la chasse pour se débarrasser plus facilement des loups « problématiques », annonce Le Petit Bleu d’Agen. Le quotidien régional reprend une information du Chasseur Français, qui assure que la mesure du nouveau gouvernement allemand a été reçue favorablement pas les éleveurs comme par les chasseurs. La fédération des chasseurs préconise d’abattre en priorité les jeunes loups entre de juin à octobre, plutôt qu’en hiver.

En Suisse, une louve a été victime en novembre dernier du « tir fautif » nocturne d’un « garde faune », rapporte le quotidien 24 Heures. L’animal, qui portrait une balise GPS, a d’abord été blessé à une patte avant d’être achevé quelques jours plus tard, « pour abréger ses souffrances ». La louve avait rejoint une meute qui a fait l’objet d’une décision d’élimination par les autorités du canton de Vaud. Huit loups de cette meute avaient déjà été tués en septembre par les gardes du canton.

Aux Pays Bas, un loup a été tué par des chasseurs dans la province d’Utrecht. L’animal est suspecté d’avoir mordu une randonneuse au printemps dernier, expose le site belge 7/7. On ne saura que le 12 décembre, après le résultat des analyses ADN, s’il s’agit bien du même animal, baptisé Bram.

Par Stéphane Thépot, journaliste

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