Chasse à l’ours en Suède : faut-il en faire tout un plat ?

Pour une fois, Libération et Le Figaro sont (presque) d’accord. Les deux journaux dénoncent en titre « le massacre » des ours en Suède. Plus précisément, ils font chacun référence à une série d’articles publiés sur le site du Guardian. La correspondante du quotidien britannique à Göteborg y rapporte l’indignation des écologistes et des universitaires scandinaves contre la décision du gouvernement suédois de délivrer 486 permis de chasse à l’ours brun cette année, soit environ 20% de la population d’ursidés du pays.

Chasse gardée

« En plus d’un nombre élevé de permis, la Suède a assoupli sa réglementation sur la chasse pour autoriser l’utilisation d’appâts, de caméras et de chiens pour tuer les ours – des pratiques qui étaient auparavant illégales », rapporte la journaliste Beata Furstenberg. Le Chasseur Français justifie de son côté cette évolution par la baisse du nombre de permis de chasse dans le pays. Le magazine se félicite de voir de nouveaux pratiquants s’intéresser à ce « gibier » en citant l’exemple d’une jeune femme cuisinière populaire en Suède, récente lauréate d’une émission télévisée comparable à Top Chef en France.

« Rien ne justifie un tel acharnement » estime toutefois Libération : « l’ours n’attaque que très rarement les moutons des éleveurs ou les Suédois eux-mêmes. Au cours du siècle dernier, deux personnes ont été tuées lors d’une traque à l’ours ». L’article signale que l’indignation est telle sur place que les chasseurs sont protégés par la police à l’aide de drones. « Les chasseurs habilités à chasser l’ours sont encadrés par des policiers qui patrouillent afin de prévenir toute manifestation de militants pro-environnementaux », précise Le Figaro. « Cela s’explique par le fait que les manifestations contre les chasses au lynx et au loup ont augmenté en début d’année », a déclaré au Guardian Joacim Lundqvist, policier et coordinateur de la faune sauvage pour le nord de la Suède.

Loups, lynx... et gloutons aussi dans le viseur

La presse régionale a également repris l’alerte du Guardian. « Lynx, loups, ours sont dans le viseur en Suède », retient Sud-Ouest, en soulignant que « les pro-chasse ont aidé à voter une nouvelle loi donnant aux associations locales plus de pouvoir de gestion des grands prédateurs depuis novembre 2022 ». En 2023, l’Europe avait déjà épinglé la Suède pour avoir attribué des licences pour tuer le lynx et le loup, rappelle Ouest-France. Le quotidien breton souligne que même la population suédoise d’élans a chuté de 60 % depuis la fin du siècle dernier « à cause de la chasse ».

La chasse aux loups en Suède avait déjà fait l’objet d’une dépêche de l’AFP publiée l’an dernier par le quotidien suisse Le Temps. « Ours brun, lynx et gloutons, bien qu’eux aussi classés menacés, font l’objet de quotas de chasse depuis des années », soulignait l’agence France Presse. On y apprenait au passage que la viande d’ours pouvait se retrouver à table en Suède, au même titre que celle des cervidés.

Un plat qui se mange froid ?

Toujours l’an dernier, une histoire abracadabrantesque de chasse à l’ours en Suède avait défrayé la chronique. BFMTV faisait alors ses choux gras d’un épisode de chasse qui avait failli mal tourner pour un chasseur et son fils. La chaîne d’information s’inspirait cette fois d’un article du quotidien britannique The Telegraph. L’épilogue de cette anecdote ne manque pas de piquant et fut rapporté par de nombreux médias en France. Le chasseur, défiguré, s’est vengé en cuisinant l’ours à toutes les sauces, rapporte ainsi 20 Minutes.
D’autres pays pratiquent la chasse à l’ours, en Europe centrale, mais aussi en Russie, au Japon ou en Amérique du Nord, rappelle Ouest-France.

Revue de presse de Stéphane Thépot, lundi 26 août 2024.

SOURCES :