Bêtes et Hommes

Présentation : Pourquoi « Bêtes et Hommes » dont il y avait tout lieu de redouter la banalité du sujet ? Mille signes ont témoigné qu’il y avait là matière à une vraie réflexion pour autant que l’on s’attache à la seule question de la relation des humains aux animaux aujourd’hui dans le monde occidental et que les animaux soient bien pris pour eux-mêmes et non pas dans leur représentation symbolique ou imaginaire.
La perception que l’on vit une nouvelle grande phase d’extinction des espèces, la prise de conscience que les animaux que l’on mange ne sont pas des choses transformables à l’infini sans conséquences fâcheuses pour les humains, les découvertes récentes de compétences très sophistiquées chez certains mammifères ou oiseaux de nature à ébranler les humains sur leur manière de penser le vivant, etc... nous ont alerté sur l’enjeu philosophique et sociétal de ce qui allait devenir « Bêtes et Hommes ».
Comme les humains, les animaux ont une histoire.
Ils se transforment en fonction de ce qu’ils perçoivent et interprètent de leur monde.
Les relations que nous entretenons avec les animaux sont multiples suivant que l’on est éleveur, scientifique, propriétaire d’un animal familier ou encore amateur de faune sauvage. Mais chacune pose la question de savoir comment vivre ensemble, quelles sont les conditions de notre cohabitation... L’exposition montre, sous un angle inédit, comment les relations concrètes transforment les bêtes et les hommes.
Sur plus de 3 500 m2, une scénographie spectaculaire composée d’une quarantaine de huttes révèlera l’architecture de la Grande Halle fraîchement rénovée. De nombreux artistes contemporains témoignent de leur expérience du rapport aux animaux, par des oeuvres plastiques (Carole Benzaken, Rebecca Horn, Panamarenko, Alain Séchas..), des ensembles photographiques (Jane Evelyn Atwood, Nick Brandt, Philippe Lopparelli, Alex Majoli...) ainsi que des vidéos (Georges Rey, Muriel Toulemonde, Chris Marker...). Des animaux vivants, « en résidence » - mainates,iguanes, outardes, corneilles, loutres, vautours - en seront les invités privilégiés.
UN PARCOURS EN QUATRE SEQUENCES
- Les animaux transforment les humains
Manger comme un cochon, malin comme un singe... quantité de métaphores convoquent les animaux pour décrire les humains. Mais aucune ne témoigne de cette histoire au cours de laquelle les humains ont essayé d’apprendre des animaux, d’en acquérir des compétences particulières, voire d’être transformés par cet apprentissage.
L’animal est un étranger pour l’homme
- Que signifie une sauterelle immobile pour un crapaud ?
Rien parce qu’il ne la voit pas tant qu’elle est immobile. Que signifie le chant d’un merle pour son voisin proche ? Pour le comprendre, nous devons faire tout un travail de traduction. Les animaux nous sont donc étrangers. Ils vivent dans un autre monde que le nôtre. Chercher à comprendre le monde de l’animal, son Umwelt, revient à répertorier ce qui l’intéresse, ce par quoi il est affecté, ce qui le mobilise. C’est de cette manière que les chercheurs ont découvert les compétences les plus étonnantes des animaux.
- Les animaux ont un métier
Une des formes particulières du lien entre hommes et animaux, c’est le « travailler ensemble ». Certaines situations permettent de faire équipe avec un animal, les aveugles et leur chien, les dresseurs de cirque... Mais que fait-on avec les animaux de compagnie aujourd’hui ? Quels métiers ont-ils ? Dans l’élevage, à quelles conditions peut-on parler de travailler ensemble, quand le plus souvent l’animal n’est qu’un producteur de protéines ? Y a-t-il moyen de faire autrement ?
- Les animaux imposent des choix
« Avec qui voulons-nous vivre ? » s’impose aujourd’hui comme le problème à résoudre. Or, la question du « nous » est loin d’être clôturée. Certains veulent vivre avec des ours, d’autres pas. On veut bien conserver les corbeaux, mais pas derrière chez soi. Dans les Pyrénées, les vautours étaient des alliés ; trop nombreux, ils deviennent des indésirables. Ce qui caractérise aujourd’hui les conflits et les débats, c’est la multiplicité des acteurs intéressés : des écologistes, des scientifiques, des éleveurs, des amateurs, des touristes, des habitants et... des animaux.