30/11/2009
Alimentation, consommation et société. Novembre 2009
Nature du document: Notes de lecture

"La consommation engagée"

"La consommation engagée", ouvrage de Sophie Dubuisson-Quellier, est le cinquième numéro de la collection "Contester" des presses de Sciences Po. Un ouvrage pour faire le point sur ce mouvement qui semble avoir le vent en poupe depuis plusieurs années.
Dans cette note de lecture, Jean-Claude Flamant, de la Mission Agrobiosciences nous présente les principaux aspects de ce livre qui invite à la réflexion sur le sens de ces actes de consommations, et leur ambiguïté : s’agit-il de "s’appuyer sur le marché pour défendre des causes" quitte à le renforcer ou, au contraire, de contester ledit marché ?

La consommation engagée
Note de lecture de l’ouvrage de Sophie Dubuisson-Quellier, Ed. Sciences Po. Les Presses, avril 2009

Jean-Claude Flamant : Il s’agit du 5ème ouvrage édité dans la collection « Contester », dirigée par Nonna Mayer, aux Presses de Sciences Po. De petits livres, format poche, limités à 150 pages, et pour un prix tout rond de 10 euros. Chaque ouvrage tente de faire le point sur les manières d’agir dont dispose la société pour protester, au-delà de son bulletin de vote.
Celui-ci se présente d’abord comme un inventaire des formes prises par la consommation engagée. Mais qu’appelle-t-on « consommation engagée » ? Ce sont des comportements par lesquels le consommateur va manifester « son soutien ou son désaccord vis-à-vis des pratiques des entreprises, en achetant des produits ou en en boycottant d’autres ». Ainsi « la consommation est devenue un espace de contestation sociale » par ses conséquences économiques. L’ouvrage s’ouvre par une « histoire des protestations des consommateurs ». Il se poursuit en cinq chapitres consacrés aux « causes » concernées, à savoir : « consommation et protection de l’environnement », « consommation et injustice sociale », « résister à la consommation de masse », « construire des alternatives au marché ». L’autrice souligne la grande diversité des formes d’action, et des domaines couverts par la consommation engagée et, partant de là, la grande diversité de ses pratiques. L’origine sociale de ces mouvements, ainsi que les débats qui les animent, mobilise une abondante documentation qui contribue à faire de ce petit livre une référence, puisant notamment dans les travaux anglo-saxons et se référant aux initiatives lancées aux Etats-Unis, et plus généralement dans les pays anglo-saxons, depuis le milieu du 19ème siècle. Ces initiatives ont inspiré nombre de mouvements dans le reste du monde, à l’exception notable, semble-t-il, de l’agriculture biologique en France et du mouvement Slow Food en Italie.
Le dernier chapitre a le mérite d’ouvrir de nouveaux champs de débats tels que celui qui s’est déroulé le 8 octobre 2009 au siège du Centre de Sociologie des Organisations, à Paris, lors de la présentation de l’ouvrage. En quelques mots, il s’agit de l’ambiguïté de la fonction de consommation : s’agit-il, pose l’auteur, de s’appuyer « sur le marché pour défendre des causes » sous la forme d’« actions collectives individualisées », c’est-à-dire de tenter de peser sur le marché par « agrégation d’actes d’achat individuels », quitte à le renforcer, ou bien de prendre appui sur le marché comme « espace de recrutement politique » pour le contester. C’est toute la question des tensions entre les fonctions des individus selon qu’ils sont considérés et agissent comme consommateurs ou comme citoyens. L’auteur ne cherche pas à conclure mais souligne que par la diversité des initiatives qui se manifestent aujourd’hui, il se passe quelque chose qui devrait être vu comme des « signaux faibles » d’une grande richesse pour le futur. Un ouvrage bien documenté, claire et concis à la fois ; une référence pour les militants et les décideurs politiques ; bref une bonne base pour aller plus loin.

Note de lecture de l’ouvrage de Sophie Dubuisson-Quellier "La consommation engagée", par Jean-Claude Flamant, Mission Agrobiosciences

La consommation engagée, Ed. Sciences Po. Les Presses, collection "Contester", avril 2009. 10€. 143 pages
Accéder au site des éditions Sciences Po

A propos de l’ouvrage de Sophie Dubuisson-Quellier
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