"Il est difficile d’estimer l’évolution de la végétalisation en France"

Végétalisation de l’alimentation : à l’aube de nouveaux régimes ?. Tel est l’intitulé de la prochaine rencontre BorderLine, qui se tiendra au Quai des savoirs, le jeudi 20 mars 2025. Pour cerner dès à présent les points aveugles de ce vaste sujet, et ainsi préparer l’animation au plus près de vos questionnements, la Mission Agrobiosciences-INRAE a lancé un appel à contributions, ouvert à toutes et à tous jusqu’au 10 mars.
Directrice du cabinet de veille et de prospective AlimAvenir, Céline Laisney scrute ce sujet de la végétalisation de longue date. Dans sa contribution, elle insiste entre autres choses sur ce paradoxe : si les Français déclarent avoir réduit leur consommation de viande, la quantité de viande consommée, elle, progresse...
1/ Que vous suggère, d’emblée, l’expression « végétalisation de l’alimentation » ? Pouvez-vous en donner une définition ?
La végétalisation décrit pour moi une tendance de consommation, un rééquilibrage qui se fait progressivement (nous n’en sommes qu’au début) entre sources de protéines animales et de protéines végétales. Plusieurs facteurs la motivent, principalement la santé, suivie par la sensibilité à l’environnement, au bien-être animal, mais également les raisons économiques (la viande étant le principal poste du budget alimentaire). La végétalisation peut se faire sous plusieurs formes : au-delà des régimes excluant la viande (végétariens, végétaliens et végans), qui restent très minoritaires même s’ils progressent chez les jeunes, elle prend surtout la forme d’une réduction de la fréquence de consommation de viande ou de la taille des portions de celle-ci. Il y a un débat parmi les scientifiques pour savoir jusqu’où on peut végétaliser les régimes sans risques de carences (réponse : cela dépend si l’on prend des compléments alimentaires ou si l’on consomme des alternatives enrichies en calcium, fer, vitamine B12, etc.). Il y a également un débat pour savoir jusqu’où il serait bon de végétaliser les régimes d’un point de vue environnemental, pour ne pas perdre les bénéfices apportés par l’élevage (fertilisation, biodiversité, etc.). Mais globalement, beaucoup s’accordent pour dire qu’un régime 50% végétal /50% animal cocherait toutes les cases.
2/ Selon vous, cette notion comporte-t-elle des points aveugles, des éléments sous-estimés ou rarement abordés dans les débats ?
Il est très difficile d’estimer précisément l’évolution de la végétalisation en France car d’un côté, une majorité de Français déclare avoir réduit sa consommation de viande et, de l’autre, on voit que celle-ci continue d’augmenter (86,1 kg par habitant et par an en 2024 selon les données de FranceAgrimer, soir + 3,5 kg par rapport à 2023). En réalité, il y a des aspirations à consommer moins de viande car les impacts de celle-ci sur la santé et l’environnement sont à présent bien connus, mais les comportements ne suivent pas. Il faudrait davantage de travaux de recherche sur les freins du passage à l’acte (le prix des alternatives ? leur disponibilité ? le poids des habitudes culinaires ? etc.), et par conséquent sur les leviers les plus efficaces.
Enfin, parallèlement aux stratégies pour encourager la végétalisation, il faudrait réfléchir à l’accompagnement des filières de l’élevage vers une diversification des productions, par des politiques agricoles et par les acteurs de la transformation, comme cela commence à se faire dans d’autres pays.
Agora du Quai des Savoirs (39 All. Jules Guesde, 31000 Toulouse).
Gratuit et ouvert à tous les publics sur inscription (recommandée)
S’INSCRIRE : https://sondages.inrae.fr/index.php/661445?newtest=Y&lang=fr
Spécialistes du sujet comme néophytes, répondez aux deux questions :
1/ Que vous suggère, d’emblée, l’expression « végétalisation de l’alimentation » ? Pouvez-vous en donner une définition ?
2/ Selon vous, cette notion comporte-t-elle des points aveugles, des éléments sous-estimés ou rarement abordés dans les débats ?
Envoyez-nous vos contributions d’ici le 10 mars 2025 en une page maximum (4000 signes max) à mission-agrobiosciences[arobase]inrae.fr .
Après validation, celle-ci sera publiée sur le magazine Web de la Mission Agrobiosciences-INRAE.