Après le destin, le temps du dessein
Après avoir instruit, en 2004, la question du destin des agricultures, l’Université d’Eté de Marciac a souhaité prolonger la production de sa réflexion sur les perspectives du monde agricole, en mettant l’accent sur le temps.
C’est en effet au cœur des échanges et des analyses sur les représentations du monde, les notions de ruptures et de mutations, le devenir et l’identité, qu’est apparu le sentiment fort de l’ écartèlement que vit l’agriculteur entre plusieurs logiques temporelles : temps du marché mondial et rythmes de la production, temps des champs et temps des villes, nostalgie du « bon vieux temps » et accélérations technologiques, appel au maintien des traditions et impératifs de la modernité, constants rappels à l’urgence sous l’impact des crises et besoins vitaux de s’adapter, d’anticiper, de former, de transmettre, de se projeter... Autant de tensions, voire de conflits, dont l’agriculteur ne cesse de faire l’expérience, avec des conséquences tant au niveau de la trajectoire personnelle qu’à l’échelle d’une génération.
Sur quels temps et avec quels acteurs l’agriculteur peut-il asseoir sa capacité d’agir ? Comment conjuguer le temps court de la décision politique avec le temps long de l’analyse et de l’anticipation ? Comment articuler la réactivité et le dessein dans un présent de l’action ? A quels pas de temps mesure-t-on les effets collectifs d’une politique agricole ?
Vers une intelligence collective
Agronomes, historiens, géographes, économistes, sociologues, psychologues, politologues, philosophes et anthropologues ont apporté leur regard pour contribuer à nourrir les échanges et les réflexions collectives, aux côtés des producteurs, des consommateurs, et des acteurs de la vie politique.
Durant deux jours et demi, conférences, cercles de discussion, tables rondes et débats en plénière devraient permettre, pas à pas, de construire une « intelligence collective » pour prendre la mesure d’un « temps retrouvé » des échanges, de la compréhension et des perspectives.
Autour du chapiteau principal, un village de tentes proposait également des espaces Librairie, Documentation, Accès multimédia, Rencontres avec des auteurs...
Mercredi 3 août 2005 (09h30-18h00) : « A l’épreuve des temps »
Cette première journée avait pour objectif de mettre à jour la réalité des tensions, conflits et contradictions que fait naître la simultanéité des différents temps dans lesquels s’inscrivent les agriculteurs. Avec notamment :
Le matin : Etat des lieux
- La restitution de trois groupes de réflexion (agriculteurs, décideurs politiques et économiques, enseignants et formateurs...).
- Les cercles d’échanges. Expérimentés depuis trois ans, ces cercles qui comptent chacun une douzaine de personnes, se déroulent à l’extérieur du chapiteau, à l’ombre des platanes, et rassemblent l’intégralité des participants, tous horizons confondus, pour une heure et demi d’échanges.
- La restitution des cercles de discussion en plénière.
- Mise en débat
- Lecture des échanges par André Vitalis, docteur en sciences politiques, directeur du Centre d’études des médias de l’Université de Bordeaux. Et Frédéric Lemarchand, Docteur en sociologie, Université de Caen.
L’après-midi : Points de repères
- Interventions :
Eclairages historique, socio-économique et politique, pour repérer les éléments de cohérence et les temps sur lesquels appuyer l’action.
Ces interventions sont issues du travail mené au long de l’année par des groupes d’universitaires et de chercheurs qui, au vu de leur discipline, instruisent la question en amont.
- Un groupe "sociologie et économie" à Toulouse, autour de Gilles Allaire, Bertil Sylvander et Emmanuelle Auriol.
- Un groupe "Ruralisme et histoire contemporaine, à Lyon, autour de Jean-Luc Mayaud et Jacques Rémy.
- Un groupe "Philosophie, sociologie et sciences politiques", animé par Marc Gauchée, chef du département médias au Service de la Communication du Ministère de l’Agriculture, l’Alimentation, la Pêche et la Ruralité, à Paris.
- Conférence : Prospective et rétrospective : quelles leçons pour comprendre le temps présent ?
Par Edith Heurgon, co-directrice du Centre culturel international de Cerisy, responsable de la mission Prospective de la RATP.
Jeudi 4 août 2005 (09h30-18h00) : « En vue d’agir »
La seconde journée est axée sur le temps de l’ « agir », que sous-tendent entre autres les notions de responsabilité, de plan et de programme. A quels pas de temps peut se référer la décision politique, au sens large du terme (politiques publiques, locales, d’entreprises...) ? Quelle emprise sur le réel et à quelle condition ? Entre l’urgence et les aléas, quelle place à la prospective ?
Le matin
- Synthèse de la veille par Jean-Claude Flamant, dir. de la Mission Agrobiosciences.
- Intervention de responsables politiques territoriaux.
- Les cercles d’échanges : sur quels temps peut-on encore agir ?
- La restitution des cercles de discussion en plénière.
- Mise en débat
- Lecture des échanges par André Vitalis et Frédéric Lemarchand.
L’après-midi
- Table ronde : « Au-delà des frontières, des temps partagés ? ».
D’un continent l’autre, puisque le temps est affaire de construction sociale et d’expérimentation individuelle, quel regard les étrangers portent-ils sur les préoccupations et préconisations exprimées ? Avec Bernard Charlery de la Masselière, directeur de l’Institut Français de Recherches pour l’Afrique (IFRA), au Kénya.Et Renato Maluf, économiste brésilien (Université Fédérale Rurale de Rio), membre du Conseil National de Sécurité Alimentaire du Brésil.
- La conférence du Grand Témoin : Armand Frémont.
Ce géographe renommé a notamment occupé les fonctions de professeur à l’Université de Caen, de Recteur et de directeur scientifique du CNRS. Auteur de plusieurs ouvrages de référence sur la prospective de l’espace français, il a présidé le conseil scientifique de la Datar.
- Synthèse des deux journées et conclusion.
Vendredi 5 août 2005 (10h-12h) : Conversation
Qu’avons-nous retiré de cette Université d’Eté ? Quelles suites peut-on lui donner, notamment en articulation avec la gestion quotidienne des entreprises, filières et administrations ?
Une matinée sous le ton de la conversation, libre et spontanée, ouverte à tous les intervenants et participants qui souhaitaient contribuer à cet échange par des remarques, réactions, suggestions, questionnements et analyses...
Certes plus informel, ce moment n’en participe pas moins de la vocation de l’Université d’Eté à constituer un laboratoire d’idées pour produire des analyses et des perspectives dans le cadre d’une aide à la décision.
L’Université d’Eté de l’Innovation Rurale est co-produite par la Mission d’Animation des Agrobiosciences et la Communauté de Communes Bastides et Vallons du Gers.
