11/06/2024
Revue de presse du mardi 11 juin 2024
Nature du document: Revue de presse
Mots-clés: Consommation , Distribution

Le (super)marché ramène sa fraise

Quand les volumes de production croisent la valse des étiquettes et des prix dans les rayons, cela donne une apparence d’articles aussi divers que les variétés de fraises... à partir d’une même source.

Le temps des cerises est-il encore celui des fraises ? La question fait irruption en fin de la première semaine du mois de juin, au terme d’un printemps capricieux et des attentes de consommateurs aussi volatiles que l’alternance des rayons du soleil et des précipitations sur les cultures. « On n’a pas eu l’ensoleillement qu’il fallait en mai. Toutes ces fraises, on va les ramasser en juin » témoigne au journal télévisé de la mi-journée, sur France 2, un maraîcher des Bouches du Rhône qui récolte entre 7 et 10 tonnes de fruits par jour. La télévision publique relaie en fait auprès des consommateurs le message lancé la veille par les producteurs : les récoltes ont pris du retard en France, c’est le moment d’acheter des fraises tricolores.

L’appel du 6 juin de l’AOPn Fraises et Framboises visait d’abord les enseignes de supermarchés, révèle un titre du principal groupe de presse professionnelle agricole Réussir. Au JT du soir, le consommateur sera heureux d’apprendre qu’il y a des promotions de 20% sur les Gariguettes à Paris. Message reçu aussi chez Carrefour et Auchan, selon Libération. La journaliste du quotidien national a décroché son téléphone pour joindre des cadres commerciaux de ces deux grandes enseignes, qui assurent « soutenir les producteurs » tout en attirant le client avec des promotions.

Une bonne affaire pour qui ?

Les prix payés aux producteurs ont déjà chuté de 8 à 6 euros le kilo et certaines barquettes pourraient même s’afficher à 2 euros, confirme le lendemain France 3 Nouvelle Aquitaine qui a rencontré une productrice du Lot-et-Garonne, inquiète de voir les prix chuter à mesure que sa récolte grimpe. Le problème, c’est d’écouler ces stocks qualifiés de « dantesques », explique le dirigeant d’une coopérative qui commercialise jusqu’à 30 tonnes par jour.

Il n’y a pourtant pas de concurrence avec les fraises du Maroc ou d’Espagne, assure la productrice qui récolte 2 tonnes quotidiennes de Gariguettes à Damazan. Les récoltes des producteurs espagnols ont été plombées cette année par la sécheresse, confirme l’interprofession de la fraise française dans Le Progrès. Les récoltes sont aussi protégées des limaces qui s’attaquent aux fraises dans les potagers amateurs car la plus grosse part de la production n’est pas cultivée en pleine terre, mais « sous serres, à l’abri et en hauteur », explique le quotidien de la région Rhône-Alpes. « Les producteurs français cherchent le gustatif, pas le quantitatif », assure au micro de France Bleu Jérôme Jury, producteur de fruit en Isère . Mais « une bonne nouvelle pour les consommateurs » peut aussi être « une inquiétude du côté des producteurs », constate Capital.

La concurrence des fruits à noyaux

Les producteurs de fraises tricolores redoutent surtout la concurrence d’autre fruits comme les abricots ou les melons étrangers, « qui seront forcément moins chers », selon l’hebdomadaire économique. Dans Le Figaro, l’arboriculteur de l’Isère qui témoignait déjà dans Capital répète à nouveau ce qu’il confiait déjà au micro de la radio locale : « En France, nous avons des charges de plus en plus lourdes sur les exploitations agricoles, notamment en termes de main-d’œuvre. Nous risquons de descendre en dessous de nos coûts de production », s’alarme Jérôme Jury. « En dernier recours, les opérateurs enverront leurs fraises en congélation, là où le prix est fixé à 1 euro le kilo », reconnait Emeline Vanespen dans Libération.

Ultime bémol de la directrice de l’AOPn Fraises et Framboises de France : si les consommateurs préfèrent désormais le melon ou les fruits à noyaux à la fraise tricolore, même ’de qualité’, ce n’est pas nécessairement pour épargner son porte-monnaie, mais parce que leurs envies ont déjà changé de saison : « A partir du mois de juin, les consommateurs se lassent de la fraise, fruit du printemps. Ils se tournent davantage vers les fruits à noyaux et les fruits d’été, comme les pêches ou les abricots, qui commencent à prendre de plus en plus de place sur les étals ».

Revue de presse du mardi 11 juin 2024.

Par Stéphane Thépot, journaliste

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