Histoire du... jardin potager
Derrière son apparente banalité, le jardin potager dit bien des choses de la nature humaine. Tout à la fois lieu de production et d’agrément, espace d’expérimentation agronomique et de domestication de nouvelles plantes, reflet de l’intimité d’une maisonnée, il a vu se succéder au fil des siècles moines, paysans, aristocrates, et instituteurs, chacun cultivant à sa sauce son précieux lopin. Là où les uns y voient l’apprentissage de l’humilité, les autres en font un lieu de distinction.
C’est cette histoire tout aussi méconnue que passionnante qu’a dressé le 22 mars 2013 Florent Quellier, maître de conférences en histoire moderne à l’Université François Rabelais de Tours lors d’une rencontre "Histoire de..." co-organisée par la Mission Agrobiosciences et la Société d’Etudes du Lauragais. Une conférence à écouter ci-dessous...
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A PROPOS DE LA RENCONTRE
Un temps tombé en désuétude, le potager se remet au goût du jour. Lové dans un recoin du jardin, accoudé au balcon, juché sur le toit des immeubles, voilà qu’il fleurit un peu partout et gagne du terrain. Si l’on en croit une étude réalisée par GammVert et l’institut de sondage BVA en 2011, près d’un Français sur trois cultiverait ainsi un carré de verdure. Mieux, toujours selon cette enquête, l’engouement suscité par ce dernier ne faiblirait pas.
Effet de la crise économique, plaisir de déguster sa propre production, besoin de renouer des liens avec la nature, de manger plus sain, de s’abstraire d’un certain mode de consommation… Les raisons de cet intérêt sont multiples, et révèlent en creux que le rôle attribué à cet espace dépasse le strict cadre du garde-manger. Dans nos sociétés jugées trop artificielles ou individualistes, le potager se fait refuge. Un lieu où s’expérimentent de nouvelles manières de vivre ensemble à l’instar des jardins partagés, où se construisent d’autres modes d’échanges, à l’image de ces foires et autres bourses dédiées au troc de graines et de plantes dites oubliées... Mais en a-t-il toujours été ainsi ?
Du jardin nourricier au potager des délices, comment ont évolué les rôles et fonctions assignés à cet espace depuis le Moyen-Age jusqu’à nos jours ? Que l’on soit un jardinier-paysan, ermite, aristocrate, maître d’école ou ouvrier, avait-on la même représentation de ce lieu ? Légumes de garde, folie du primeur, éloge du légume de saison : que nous disent les productions potagères des cultures culinaires d’une époque ? Où l’on comprendra que cet objet familier, somme toute banal, en dit long sur nos sociétés et ses représentations.
Avec Florent Quellier, maître de conférences en histoire moderne à l’Université François Rabelais de Tours, titulaire de la Chaire CNRS en histoire de l’alimentation des mondes modernes. Florent Quellier travaille sur les cultures de l’alimentation des Temps modernes, plus spécifiquement la bonne chère et la gourmandise, et l’histoire du potager. Il est notamment l’auteur d’une « Histoire du potager » (2012) et de « Gourmandise. Histoire d’un péché capital » (2010), ouvrages édités chez Armand Colin.
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