19/11/2025
Revue de presse du 19 novembre 2025
Nature du document: Revue de presse

Au bord du Lac Léman, le moral des vignerons est aussi en Berne

La ministre de l’Agriculture est attendue de pied ferme au parc des expositions de Montpellier pour la prochaine édition du salon international des filières viticole, vinicole, arboricole et oléicole (Sitevi). Annie Genevard va devoir faire un (grand) pas en direction des viticulteurs en colère de tout l’ex Languedoc-Roussillon, à en croire le compte-rendu de la (grande) manifestation de ce samedi 15 novembre 2025 dans les rues de Béziers par Vitisphère. Mais qui connaît ici Guy Parmelin, son homologue de la Confédération suisse ?

Chef du département fédéral de l’Economie (qui inclut le secteur agricole) depuis neuf ans déjà, ce businessman « auteur fréquent de litotes millésimées typiques du « parler vaudois » » est toujours propriétaire d’une parcelle de vignes sur les hauteurs de l’AOC La Côte, située dans le canton de Vaud, rapporte le correspondant du Monde à Genève, Serge Enderlin. Ce « petit » vigneron établi au bord du lac Léman entre Genève et Lausanne est confronté à des problèmes similaires à sa voisine frontalière du Doubs : baisse de la consommation intérieure et chute des ventes des vins du terroir, énumère le journaliste. « Il ne s’agit pas de forcer les gens à boire s’ils n’en ont pas envie, même si je souhaiterais qu’ils boivent davantage », a déclaré le ministre-vigneron, s’attirant aussitôt les foudres de la gauche helvétique... au nom de « la santé publique ».

Les jeunes se détournent de la consommation d’alcool et ce sont les vins suisses qui sont les premiers à trinquer, constate Le Matin. « Les raisons sont multiples et entraînent également un recul prononcé de la consommation dans les pays limitrophes et pratiquement tous les pays traditionnellement consommateurs de vin », ajoute le site gratuit de ce grand quotidien de la suisse romande.

Les producteurs de chasselas plus touchés que leurs homologues germaniques

La Chambre valaisanne d’agriculture s’inquiète de la concurrence de l’importation des vins étrangers, expliquait cet été le site du quotidien zurichois en langue allemande Blick. Les producteurs des (petits) vignobles alémaniques [NDLR situés en Suisse allemande ou alémanique], qui cultivent notamment des cépages pinot de « grande qualité qui n’ont rien à envier à leurs concurrents bourguignons », sont moins touchés que le gros des troupes des producteurs romands qui se sont longtemps reposés essentiellement sur le chasselas « cultivé sur 3.500 ha », résume un magazine gastronomique helvétique. « Au cours des six à dix-huit prochains mois, un tiers des vignerons romands feront faillite ou arracheront leurs vignes », prophétise un producteur du canton de Vaud.

Le moral dans les chaussettes, plus de 200 producteurs « révoltés » se sont retrouvés cet été sur les hauteurs du lac Léman, rapporte le quotidien gratuit 24 heures. Pas en tracteurs avec des bennes remplis de purin, mais bien sagement sous une tente. Dans le canton de Vaud, on est (déjà) en Suisse, même sur les rives francophones du lac qui sert de source au Rhône ! « La France met 1 franc par bouteille, l’Italie et l’Autriche 80 centimes, pour placer leurs vins chez nous. Nous sommes partenaires de l’UE, on doit pouvoir faire mieux » déclare un participant.

Arrachages et protectionnisme

Le quotidien régional La Côte rapporte que les « députés » du canton de Vaud ont adopté une motion pour réclamer davantage de protections tarifaires et douanières face à la concurrence étrangère. Les producteurs locaux ont demandé au gouvernement fédéral davantage de « protectionnisme » lorsque les « encaveurs » (les négociants qui achètent les vendanges pour les vinifier et les commercialiser) les ont avertis qu’ils prévoyaient de « déclasser » une partie de la récolte, explique la radio télévision suisse romande. « Ils ne peuvent pas régater [NDLR : au sens d’entrer en concurrence] contre des vins français, italiens, espagnols ou chiliens produits à moindres coûts », explique la télévision publique.

Pour rétablir la balance (commerciale) face aux pays du Mercosur, mais aussi aux concurrents européens, il est demandé d’augmenter « la promotion pour les vins suisses ». La piste d’un « arrachage » des parcelles « les plus compliquées d’accès, trop proches de zones naturelles ou peu rentables en termes d’entretien » est aussi évoquée. « La restructuration du vignoble n’est plus un tabou », déclare un responsable de l’interprofession.

LIRE AUSSI : "Arracher la vigne, et après ?", revue Sesame (juin 2025)
Par Stéphane Thépot, journaliste

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