Le bélier restera trophée
La Société de Défense des Animaux (SDA) présidée par Stéphane Lamart est en conflit avec la Fédération de lutte bretonne appelée gouren. Le motif ? Une tradition qui veut que le vainqueur des tournois de lutte promène sur ses épaules un bélier vivant (maout en breton). Pour mettre fin à ces pratiques, la SDA avait déposé plainte contre le gouren à l’issue d’un tournoi organisé en août 2008. Elle s’appuyait sur une ordonnance du Code rural stipulant qu’un animal vivant ne peut être décerné à titre de lot ou de prime, excepté lors des foires ou des concours agricoles.
Le gouren semble tomber sous le coup de la loi. Les juges brestois ont néanmoins relaxé la Fédération de lutte bretonne dans leur jugement rendu public le lundi 8 février. Et pour cause, l’ordonnance du code rural n’a été publiée que le 1er septembre 2008, c’est-à-dire un mois après le tournoi visé par la plainte.
« Nous sommes ravis, mais sur le principe, rien n’a été jugé (...) ils nous attendent au tournant », a déclaré le président de la Fédération de lutte bretonne, Erwan Evenou, comme le rapporte 20minutes. En effet, la SDA n’a pas l’intention de lâcher prise : « ce n’est que partie remise. Je ne lâcherai pas car, sur le principe, c’est nous qui avons raison » a affirmé Stéphane Lamart de son côté. Comme le stipule Le Télégramme, il a ainsi annoncé qu’il avait déposé une nouvelle plainte en décembre dernier portant sur « des faits constatés pendant l’été 2009 », après la publication de l’ordonnance. « La fédération du gouren tomberait sous le coup de la loi », a-t-il estimé. Il a ensuite ajouté que si la justice ne suivait pas, il allait engager une procédure de citation directe plus rapide et expéditive. Cette guerre juridique n’est donc pas close.
Plus de cabots pour les restos
A l’autre bout du monde, au pays du Soleil levant, une autre bataille fait rage. Cette fois, ce n’est pas le bélier qui est en haut de l’affiche... mais les chiens et les chats.
Depuis l’Antiquité, la viande de chien est considérée comme un aliment médical fortifiant. Il est consommé un peu partout en Chine, surtout dans le Nord du pays. Dans les restaurants, on peut vous proposer de la « viande parfumée », c’est-à-dire... du chien. Pour goûter au chat, mieux vaut se diriger vers le Sud du pays.
Mais cette tradition est de plus en plus contestée par les classes moyennes citadines qui sont attachées aux animaux familiers. Ils utilisent internet pour se faire entendre avec des vidéos dénonçant les mauvais traitements des animaux d’élevage (car les animaux consommés en chine proviennent d’élevages) ainsi que des pétitions pour l’interdiction de la consommation de viande de chiens et de chats qui recueillent des dizaines de milliers de signatures (Courrier International).
D’après 30 millions d’amis, la pression est telle que la Chine votera, d’ici la mi-avril, une loi contre la maltraitance animale. Le projet de loi présente les lignes directrices permettant de prévenir les maladies et d’apporter les soins médicaux adéquats aux animaux. Aujourd’hui, seuls les animaux sauvages sont protégés par la législation chinoise. Or, si la loi est votée, outre les animaux sauvages, ceux de ferme, de compagnie, de laboratoire et tous ceux utilisés comme outil de travail seront concernés par ces nouvelles mesures. Dans le cadre de cette loi, la consommation de viande de chiens et de chats serait interdite et sanctionnée, en cas de non respect, par une amende de 5000 yuans (500 euros) et de 15 jours de prison pour les mangeurs. Quant aux « organisations » impliquées dans cette pratique, elles risquent une amende allant de 10000 à 50000 yuans, a indiqué l’AFP d’après le Chongqing Evening News.
A plusieurs milliers de kilomètres, le même phénomène de défense des animaux est présent. Ici comme ailleurs, les traditions impliquant les animaux sont remises en question au nom du droit de ces derniers.
Revue de presse de la Mission Agrobiosciences avec le concours actif de Jules, élève de 3ème. 12 février 2010
Sources :
- En Bretagne, la justice tranche dans la guerre du maout et du gouren, Le Monde avec AFP, le 8 février 2010.
- Lutte bretonne : le trophée restera un bélier vivant 20minutes, le 8 février 2010.
- Lutte bretonne : la Fédération relaxée pour le don du bélier. Ouest France, 8 février 2010
- Tradition du maout. La fédération de gouren relaxée... pour le moment
Le Télégramme, le 8 février 1010 - GASTRONOMIE. Leurs amis les bêtes Courrier International, le 10 février 1010.
- Loi - Chine : plus de chien dans les assiettes ? 30 Millions d’Amis, le 28 janvier 2010.
- Chine : peut-être bientôt plus de chat ni de chien dans les assiettes. AFP, le 26 janvier 2010.
Lire sur le magazine Web de la Mission Agrobiosciences (publications originales accessibles gratuitement) :
- Les nouveaux rapports homme-animal. Par Jean-Pierre Digard, anthropologue, Directeur de recherche émérité au CNRS. Télécharger son intervention
- Statut de l’animal : les animaux, le droit et l’Europe, Revue de Presse de la Mission Agrobiosciences. Mai 2005
- Bien-être animal : l’Europe veut chasser les pratiques douloureuses, Revue de presse de la Mission agrobiosciences. 2 avril 2009.
- "Viande : le nouveau péché de chair ?". L’Intégrale de "ça ne mange pas de pain !" de juin 2009. Au menu : les rapports de l’homme moderne à la viande entre enjeux sanitaires, environnementaux et sociétaux. Télécharger l’Intégrale
- Une vie de cochon, vraiment pas rose. Entretien avec Jocelyne Porcher, sociologue, chargée de recherche à l’Inra. Emission de novembre de "ça ne mange pas de pain !". Tours de cochon : les heurts et malheurs du porc. (Intégrale PDF)
Accéder à toutes les publications : Sur le bien-être animal et les relations entre l’homme et l’animal Pour mieux comprendre le sens du terme bien-être animal et décrypter les nouveaux enjeux des relations entre l’homme et l’animal. Avec les points de vue de Robert Dantzer, Jocelyne Porcher, François Lachapelle... Edités par le Magazine Web de la Mission Agrobiosciences