Le premier tiers de ce livre aux multiples facettes, s’apparente à une vulgarisation en histoire de la philosophie, suivie de développements basés principalement sur l’immunologie et l’ontogenèse. Dans la deuxième partie, les auteurs manient les mots et l’art de la métaphore pour s’attaquer aux dogmes de la biologie moderne et y déceler des faiblesses conceptuelles. Si l’ouvrage fait appel à des notions de biologie, celles ci relèvent d’une bonne culture scientifique et ne nécessitent pas de connaissances approfondies. Quel que soit l’intérêt du lecteur en philosophie ou en science, sa lecture ne manquera pas de susciter de nombreuses questions.
D’exemples en métaphores filées, les illustrations peuvent conduire à des paradoxes. Comment interpréter par exemple, les processus mis en jeu dans le développement des cancers ? Tout simplement, en s’appuyant sur le seul modèle « proie-prédateur » répondront les auteurs. Ils étendent ainsi de la même façon leur paradigme à de multiples domaines tels que l’immunologie, le développement embryonnaire ou encore à la virologie.
Si l’on adhère volontiers à la nécessité de prendre du recul par rapport au déterminisme forcené qui sous tend la plupart de nos activités de recherche, en soulignant que les fondements théoriques de la biologie restent flous, l’autre théorie de l’hérédité proposée ici reste encore adolescente. Jean-Jacques Kupiec et Pierre Sonigo dans « Ni Dieu ni Gène » apportent leur contribution pour accompagner la biologie dans un saut conceptuel où la chimie ou la physique l’ont précédé, un saut qu’elle réalisera lorsqu’elle saura mieux appréhender l’aléatoire dans les phénomènes du vivant.
