18/05/2011
Les questions de société éclairées par les Sciences humaines
Nature du document: Notes de lecture

L’Homme contre le Loup ; une guerre de deux mille ans.

« L’homme contre le loup. Une guerre de deux mille ans », tel est le nom du nouvel ouvrage de Jean-Marc Moriceau, chercheur au Centre de recherche d’histoire quantitative (CNRS/Université de Caen). Après l’« Histoire du méchant loup. 3000 attaques sur l’homme en France » (Fayard, 2007), l’historien poursuit son enquête sur les rapports entre l’homme et le loup, en ne la centrant plus sur l’animal et ses attaques contre l’homme mais, à l’inverse et de façon complémentaire, sur la société et sa politique de gestion des loups, depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque contemporaine.
Destiné à un public large et diversifié, ce livre s’impose comme un ouvrage de référence sur le loup. Il synthétise notamment des centaines de publications antérieures et des sources d’archives issues de l’ensemble du territoire. Il constitue de fait l’un des premiers ouvrages majeurs d’historien sur cette thématique pour le grand public. Cet ouvrage convoque l’histoire mais aussi la biologie, la géographie, la médecine et la sociologie. Il comporte également de nombreuses références au droit, discipline jusque-là négligée dans l’étude du loup. Cette approche pluridisciplinaire permet de mieux comprendre les raisons qui ont suscité la mise en place d’une politique de gestion de l’animal. Pour la Mission Agrobiosciences, Jean-Marc Moriceau revient dans un entretien qu’il nous a accordé sur la thématique qu’il développe tout au long de ce livre mais aussi sur la méthode de l’historien.
Accéder à l’entretien avec Jean-Marc Moriceau

Longtemps la lutte contre le loup a été vécue comme un baro­mètre du progrès de la civilisation. Le loup a bien été le seul animal sauvage à
susciter chez l’homme autant d’énergie pour le réguler. Depuis les lois de
Solon au vie siècle avant J-C, les sociétés ont forgé une réglemen­tation
spécifique afin de le contenir, le pour­chasser, puis l’exterminer. Soucieux
de s’en pro­­téger, les pouvoirs publics ont mis en place un arsenal
ré­pressif sans équivalent. Ils lui ont même dédié une insti­tution, qui
pré­tend remonter à l’an 800, et qui subsiste toujours : la louveterie.
Mais le loup est aussi l’un des rares animaux à avoir suscité autant
d’oppositions internes chez l’homme. Reconnu comme ennemi public de la
société, il a fait l’objet de statuts déro­ga­toires. Alors que la chasse
était l’attribut des privi­légiés, le danger causé par le canidé a
occa­sionné des exceptions à l’interdiction du port d’armes et des
réquisitions à des battues encouragées même par les auto­rités. Autour du
loup se sont cristallisées des rancœurs so­ciales, reflétant des
anta­gonismes dans les modes de vie et d’occupation de l’espace.

Aujourd’hui, le passage au statut d’animal protégé n’a pas réglé le conflit
sans fin qui op­pose l’homme et le loup. Il a même ravivé les tensions
depuis son retour naturel en France en 1992. Dans ce contexte passionnel, le
sens des réalités et l’ouverture d’esprit imposent des compromis. À travers
un conflit de plus de deux mille ans, l’auteur offre une synthèse de
référence pour contribuer à un débat d’actualité.
Présentation de l’éditeur.

Jean-Marc Moriceau, membre du CRHQ-Caen (UMR CNRS 6583), a publié notamment Terres Mouvantes. Les campagnes françaises du féodalisme à la mondialisation (Fayard, 2002), Histoire du méchant loup (Fayard, 2007) et La Bête du Gévaudan, 1764-1767 (Larousse, 2008).

Lire sur le magazine Web de la Mission Agrobiosciences (publications originales accessibles gratuitement)  :

Un entretien avec Jean-Marc Moriceau, Professeur d’histoire moderne à l’Université de Caen, membre de l’Institut universitaire de France, Directeur de la revue Histoire et Sociétés Rurales. Propos recueillis par Jacques Rochefort, Mission Agrobiosciences.

Mot-clé Nature du document
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