Un voyage photographique des plus beaux champs du monde, à la découverte de la diversité de la nature cultivée. L’auteur aborde également les problématiques majeures que sont la protection de l’environnement, la pollution des sols ou l’agriculture biologique, démontrant ainsi la fragilité de la Terre.
À l’orée du désert comme dans les prairies grasses, sous n’importe quel climat, à n’importe quelle altitude, là où l’homme a choisi de s’installer, il a dû apprendre à cultiver la terre pour se nourrir. La culture de la terre est le dénominateur commun entre les hommes.
Les champs du monde, aujourd’hui, sont le reflet de ses inégalités : ici, certains cultivent des milliers d’hectares seuls. Ailleurs, une famille entière est nécessaire pour cultiver un minuscule arpent. Ici, les plantes poussent hors-sol, tandis que plus loin, on met au point des systèmes d’irrigation ingénieux pour qu’elles poussent dans le désert.
Ce tour du monde des espaces cultivés nous apprend à lire le paysage, et nous montre la stupéfiante beauté et l’incroyable diversité des paysages alimentaires de la planète, fruits de l’identité culturelle et des traditions du travail de la terre.
Il permet enfin d’aborder les problématiques contemporaines majeures que sont la protection de l’environnement, la pollution des sols ou l’agriculture biologique, démontrant toute la fragilité de cette terre qui nourrit aujourd’hui près de six milliards et demi d’hommes.
Comme nous le présente Yann Calbérac sur le site des cafés-géo : Ecrit à l’occasion du Festival International de Géographie de Saint-Dié qui a eu pour thème en 2004 « Nourrir les hommes, nourrir le monde ; les géographes se mettent à table », cet atlas offre une vision tout à fait nouvelle sur l’alimentation et ses pratiques culturelles. Il n’est pas étonnant qu’Autrement ait publié un Atlas de l’alimentation traduit de l’anglais, bourré de statistiques qui, semble-t-il, ne répond pas à cette question : qu’est-ce que nous mangeons ? Quel sens donnons-nous à notre alimentation ? Et d’où vient le goût de nos assiettes ?
Dans sa préface, Jean-Robert Pitte se fait l’écho de Brillat-Savarin : « Dis-moi ce que tu manges et je te dirai ce que tu es » et il accommode cet adage : « Dis-moi ce que tu manges et je te dirai d’où tu viens ». L’alimentation est en effet un marqueur identitaire et culturel fondamental : la géographie est l’une des clés de la relation que les sociétés tissent avec leur nourriture.
L’intérêt de cet ouvrage de géographie est d’insister d’emblée sur les pratiques culturelles. Non pas qu’il ignore que les disponibilités ne sont pas identiques d’une région à l’autre, que le regard sur la santé n’est pas le même d’un individu à un autre. Mais il va au-delà des simples études classiques sur les plantes ou les plats qui voyagent.
Les auteurs ont, autant que faire se peut, privilégié la géographie des pratiques alimentaires et, notamment, des lieux de consommation. Aussi bien à l’échelle mondiale pour les viandes ou les épices qu’à l’échelle de la table puisqu’il y a une étude sur la ségrégation à table sous l’Ancien Régime (p. 23) !
Les auteurs ont bâti un atlas en rubriques qui doivent parfois aux comportements alimentaires, parfois aux produits et aux plats. Sont ainsi successivement envisagés l’origine de la cuisine (ou comment la cuisson a modifié le rapport aux aliments), l’importance des repas dans les processus de socialisation, les grands types de cuisine (de la cuisine des paysans à celle des princes et des marchands), et enfin les aliments eux-mêmes, classés par famille : les céréales, les fruits et légumes, les viandes, les boissons dont le vin (boisson éminemment géographique). A chaque fois, des cartes claires et synthétiques (celles sur la viande ressemblent trop à des nomenclatures) accompagnent un texte riche, des analyses fines et des mises au point pertinentes sur des aliments, des modes de cuisson ou des saveurs... La curiosité, l’appétit, et la découverte guident le lecteur dans ses pérégrinations. Mettre le goût et les saveurs en carte est l’une des réussites des auteurs.
L’ouvrage s’achève sur des perspectives : la mondialisation qui a permis la diffusion de certains aliments et, donc, d’enrichir les gastronomies ne va-t-elle pas à terme, en érigeant certains produits en "stars" du goût planétaire, les appauvrir considérablement ? Alors que triomphent hamburgers et pizzas, on cherche à promouvoir les territoires et au-delà les terroirs. Entre les deux, il n’y a qu’une syllabe et le défi de la labellisation : face à ce qui est perçu comme une menace, la première réaction possible est la recherche de la qualité.
Dans ce débat (tradition contre mondialisation), cet Atlas nous permet d’y voir plus clair en rappelant l’origine de nos habitudes alimentaires, ce que rappelle Michel Bras, chef cuisinier à Laguiole dans l’Aubrac, dans sa postface en forme de pirouette : « Etonnant que ces pays, si différents, d’une autre culture, d’un tout autre lieu soient en correspondance avec mon Aubrac ! »...
Lire sur le magazine Web de la Mission Agrobiosciences (publications originales accessibles gratuitement) :
- La commune rurale ne grandit pas. Elle se remplit. Elle devient obèse, Par Gérard Tiné, plasticien, enseignant-cherheur honoraire au laboratoire LI2A Ecole Nationale Supérieure d’Architecture ; dans le cadre de la 14ème Université d’été de l’innovation rurale ; 6,7,8 août 2008 à Marciac (Gers)
- Paysage, expression de vie et du vivant, Chronique par Jean-Claude Flamant, Mission Agrobiosciences. Une journée d’étude au pays de Farrebique et Biquefarre, 20 avril 2006.
- L’homme, le mangeur, l’animal : qui nourrit l’autre ?. Synthèse d’une partie des interventions du colloque organisé par l’Ocha (Observatoire cidil des habitudes alimentaires) les 12 et 13 mai 2006
- Alimentation et société : "L’imaginaire du mangeur bio". Entretien avec l’anthropologue Karen Montagne. Dans le cadre de "Ça ne mange pas de pain !" de mai 2008, On a bio dire, quel méli-mélo
- Les dualités de l’alimentation comtemporaine. Par Jean-Pierre Poulain, socio-anthropologue de l’alimentation, dans le cadre des cafés des sciences et de la société du Sicoval.
- Quel avenir pour l’omnivore de 2050 ? Serons-nous tous végétariens ?. Interview de l’anthropologue Annie Hubert, réalisée lors de "Ça ne mange pas de pain !" de décembre 2007, Que mangerons-nous en 2050 ?
- "Les représentations sont des espèces vivantes". Par Saadi Lahlou, psychologue. Dans le cadre de la 9ème Univeristé d’Eté de l’Innovation Rurale de Marciac (2003), Images et imaginaires au coeur des échanges entre agriculture et société
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