L’augmentation de la faim et de la malnutrition est-elle inévitable ? Pas forcément
Source : Thomson Reuters Fondation (8 avril 2014)
Auteur : Frank Rijsberman
Dans cet article d’opinion, Frank Rijsberman, PDG du CGIAR, un partenariat mondial qui regroupe des organisations engagées dans la recherche pour un avenir où la sécurité alimentaire est garantie, écrit que le récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a mis en garde contre une crise alimentaire future causée par les changements climatiques. Mais, se demande Rijsberman, est-ce que la combinaison de l’évolution du climat et de la demande accrue de denrées alimentaires due à la croissance démographique signifie inévitablement des niveaux plus élevés de la faim et la malnutrition ? Pas si nous agissons maintenant, répond-il. « L’investissement dans l’innovation agricole est essentiel », soutient-il. « Et il nous en faut beaucoup. Il faudra pas moins de 20 années pour développer l’un des moyens les plus efficaces de lutte contre le changement climatique, tel que l’adaptation de variétés de cultures et du bétail aux nouvelles conditions ». Déjà, du maïs tolérant à la sécheresse est en train d’être mis au point pour les agriculteurs en Afrique australe, et du riz tolérant aux inondations est actuellement distribué à des millions de petits agriculteurs en Asie. Nous devons également protéger la biodiversité des plantes, du bétail, des arbres et des poissons, ajoute-t-il, en indiquant qu’un réseau mondial de banques de gènes pourrait permettre d’accéder à cette diversité et d’offrir des opportunités de générer rapidement de nouvelles variétés de cultures et de bétail capables de supporter les effets d’un climat en évolution. Rijsberman suggère d’autres actions, telles que : la recherche de meilleures pratiques agricoles, y compris celles qui intègrent des arbres dans les systèmes de culture et d’élevage, l’intégration du mode de fonctionnement des secteurs de l’agriculture, de la forêt et de la pêche dans le paysage plus large ; et des changements dans notre façon de gouverner qui veillent à ce que les prix des denrées alimentaires et des ressources naturelles reflètent les coûts pour l’environnement et le climat. Dans l’ensemble, conclut-il, « Oui, le changement climatique affecte déjà la sécurité alimentaire, et nos ventres et nos poches pourraient en pâtir. Mais un scénario cauchemardesque n’est pas une fatalité. Nous serons capables de satisfaire les demandes alimentaires face au changement climatique si nous considérons ce signal d’alarme comme urgent et sérieux, et investissons davantage dans la recherche pour une agriculture plus intelligente qui va être le moteur du développement ».
- Lire l’article original en anglais : Is more hunger and malnutrition inevitable ? Not necessarily
- Accéder sur Agrobiosciences TV, à l’intervention de Emile Frison, lors du colloque Biodiversité agricole et sécurité alimentaire, Vavilov retrouvé ?
- Lire la synthèse de ce colloque : "Ce qui ne s’érode pas, c’est bien la diversité des blocages
- Lire aussi "Malnutrition dans le monde, un mal aux multiples facettes", une intervention de Yves-Martin Prével, docteur en médecine, chercheur à l’IRD (Marciac, 2009). PDF 8 pages.