Bien qu’il ait longtemps transmis le modèle de production dominant de la révolution agricole des Trente Glorieuses, l’Enseignement agricole s’est très tôt intéressé aux questions de conservation des systèmes écologiques [1]. Depuis 1995, via des recherches-actions [2] et l’intégration progressive du développement durable dans les référentiels de formation, la question environnementale s’affirme.
La manière d’enseigner les normes environnementales, notamment avec les politiques agricoles, renseigne sur les visions que portent souvent implicitement les enseignants quant à la construction des savoirs. La transition éducative nécessaire à la transition écologique (en termes de pédagogies constructivistes, de question socialement vive [3], etc.) nécessite d’envisager les normes environnementales sous plusieurs aspects.
La norme, une construction sociale
La norme est une construction sociale qui, à un moment donné, fixe un point d’équilibre entre les positions de différents acteurs. Les normes évoluent en fonction de rapports de force qui se tissent. Il y a donc des espaces que les acteurs peuvent utiliser pour créer des normes. En termes environnementaux comme en d’autres domaines.
Les normes environnementales : informations, représentations, connaissances et savoir conceptuel
En formation, on peut considérer la norme environnementale comme une information qui est transmise aux jeunes. Cette information peut s’inscrire dans les représentations mentales de l’apprenant, prendre sa place parmi d’autres connaissances et devenir ainsi une connaissance. Celle-ci peut être opérante, mais pour dépasser l’applicationnisme, encore faut-il que le jeune soit en capacité de la réutiliser à bon escient dans une autre situation. On glisse alors de la connaissance au savoir par l’abstraction, la conceptualisation. Placé dans un réseau de concepts, ce savoir est alors opérationnel pour résoudre des problèmes issus de différentes familles de situations.
La manière de considérer la norme environnementale est alors un « révélateur » des positions d’acteurs, des politiques – ici agricoles – prônées ou menées. En formation, ce qui est en jeu, au-delà de la connaissance des normes environnementales, c’est de cons-truire avec les apprenants des savoirs-outils [4] seuls capables de donner ici aux futurs acteurs des métiers de l’agriculture, le recul nécessaire – c’est la posture du praticien réflexif [5] qui est visé – pour prendre des décisions, dans des situations complexes et en contextes d’incertitudes.
Quels apprentissages réalisés autour des normes environnementales ?
Il convient alors d’interroger les pratiques enseignantes, en regardant à la fois l’activité, le travail produit par l’enseignant (didactique professionnelle [6]), les processus pédago-giques mobilisés [7] et la construction des savoirs chez les apprenants [8]. C’est ainsi que l’on pourrait apprécier quels apprentissages sont ainsi effectivement réalisés. Quelles compétences sont construites chez les jeunes : des compétences relevant de l’application ? Du diagnostic ? De la pratique réflexive ?
Une autre histoire à conter…