16/03/2006
Les restitutions de la Conversation de la Maison Midi-Pyrénées, décembre 2005
Nature du document: Actes des débats
Mots-clés: Expertise , Risque , Travail

"L’expertise face à la décision publique : quel est l’apport des sciences humaines et sociales ?"

A la suite de la précédente Conversation du 5 octobre 2005, qui portait sur l’inflation des expertises en France et en Europe, les échanges ont certes dessiné un paysage pour le moins complexe -diversité des types d’expertises et d’experts, incidences du principe de précaution et de l’extension du domaine de l’incertain, problématique de l’éthique, absence d’évaluation et de retour d’expérience, éclairage insuffisant de la décision politique...- mais aussi pointé des pistes de réflexion qu’il convient d’affiner.
Ainsi, le contexte social dans lequel évolue l’expertise a changé. Si autrefois, l’expert était en position de sachant, on ne peut pas en dire autant aujourd’hui. Pour comprendre à la fois l’inflation de la demande d’expertise et les nombreuses critiques adressées à son encontre, cette nouvelle séance de la Conversation de la Maison Midi-Pyrénées, abordait, le 7 décembre 2005, ce thème sous l’angle des sciences humaines et sociales. En introduction de cette séance, la Mission Agrobiosciences avait sollicité les points de vue de Gilles Allaire, économiste, et de Michel Grossetti, sociologue.

Pointant les paradoxes auxquels l’expertise scientifique et technique doit faire face, Gilles Allaire rappelle qu’il existe « deux aspects contradictoires dans les rapports entre science et société. (...) On observe d’une part un recours croissant à la science comme arbitre des controverses publiques et d’autre part, au travers de mouvements sociaux, une mise en question de cette position institutionnelle de la science ». Pour sa part, Michel Grossetti souligne qu’être expert n’est pas une profession mais un rôle - «  le chercheur est aussi enseignant, parfois expert...  » - rôle pour lequel les attentes diffèrent, engendrant incompréhension, incertitude et même désaccord. « D’un côté on s’attend à ce qu’un chercheur mette en doute des énoncés et de l’autre qu’un expert rende un avis définitif et tranché  ».

A la suite de ces exposés, la discussion s’est tout d’abord engagée sur la difficulté d’exercer le rôle d’expert. Ensuite, c’est le concept d’expertise qui a été éclairé. « Acte constructiviste  » avec «  différents niveaux selon le degré de risque », l’expertise renvoie « à la maîtrise de domaine des savoirs  ». Le problème, comme le remarque Gilles Allaire, est que « bien souvent, le contexte institutionnel où l’on convoque l’expert le place en zone limite de connaissance  »... Ce constat pose indirectement la question de la commande ce que le philosophe Jacques Lefrançois ne manque pas de relever : « La question posée est souvent très générale. Concernant par exemple les OGM, la question posée se résume à « faut-il cultiver les OGM ? » Qui est en mesure de répondre à une question aussi générale ? ».

Certes, comme le montre cette séance, la liste des modifications à apporter à la démarche ou au contexte d’expertise est longue. Néanmoins, dans la conclusion de cette séance, Olivier Moch rappelle un point trop souvent oublié : «  il existe quantité d’expertises tranquilles.  »

Avec la contribution écrite de Georges Mas, «  les experts de l’intelligence émotionnelle vont-ils remplacer les experts scientifiques auprès de décideurs ?  ». Dans son texte, ce psychosociologue rejoint à son tour les propos de Gilles Allaire et Michel Grossetti. Selon lui, « la figure de l’expert trouve de plus en plus ses limites, du fait de l’obsolescence accéléré du savoir, du fait aussi de ce que l’autorité appuyée sur l’expertise passe de moins en moins dans les mentalités ».

Télécharger la restitution

La conversation

La Conversation de Midi-Pyrénées est une expérience pilote organisée de 2003 à 2009 par la Mission Agrobiosciences dont l’objectif est de clarifier par l’échange de points de vue et d’expériences les situations de blocage Sciences-Société.
A l’issue de chaque séance, la Mission Agrobiosciences édite le contenu des échanges au travers d’une synthèse écrite « Les restitutions de la Conversation de Midi-Pyrénées ». Accéder à toutes les restitutions de la Conversation de la Maison Midi-Pyrénées éditées par la Mission Agrobiosciences.

Séance introduite par Gilles Allaire et Michel Grossetti

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