17/01/2007
Les restitutions de la Conversation de la Maison Midi-Pyrénées
Nature du document: Actes des débats
Mots-clés: Nature , Politiques , Risque

"Doit-on aller vers un apprentissage collectif du risque ?"

Pour se prémunir contre les risques, nos sociétés ont développé tout un arsenal de systèmes de prévention et de précaution. Mais paradoxalement, cette maîtrise croissante des risques semble exacerber les craintes plus qu’elle ne les apaise.
Dans le droit fil de la précédente séance de la Conversation, qui portait sur le principe de précaution, et relié à la préoccupation du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, qui a saisi le Conseil National de l’Alimentation (CNA) sur la question de la communication publique sur les risques (1), la Conversation du 31 mai 2006, organisée par la Mission Agrobiosciences, abordait l’apprentissage collectif des risques : celui-ci est-il possible pour tous les types de risques ? Est-il souhaitable ? A quelles conditions ?
Une séance introduite par Olivier Moch, directeur général adjoint de Météo France et Patrick Denoux, maître de conférences à l’Université de Toulouse-Le Mirail. Avec la réaction de Georges Mas, psychosociologue, consultant.

Un sentiment de vulnérabilité que rien n’apaise

Voilà en effet plusieurs décennies que nous sommes dans une « société du risque », pour reprendre le titre d’un ouvrage fondamental du sociologue Ulrich Beck, paru en Allemagne en 1986 et traduit en langue française en 2001. Il ne s’agit évidemment pas de sous-entendre que les sociétés humaines n’appréhendaient pas, jusque-là, les risques réels, imaginaires ou symboliques et ne cherchaient à s’en prémunir. Mais bien plutôt d’exprimer le tournant que nous vivons, notamment depuis Tchernobyl : un changement de nature et de perception des risques auxquels nous sommes confrontés. Des risques qui sont le produit même du développement technologique et économique actuel, voire de toute activité humaine.

La précision croissante des outils de mesure du risque, mais surtout la démultiplication des dommages possibles, la vitesse de diffusion des menaces possibles, ainsi que le caractère diffus des causes et des effets, ont entraîné dans notre société un fort sentiment de vulnérabilité et d’insécurité.
Une sensibilité exacerbée dans la perception du risque, qui se traduit notamment par des situations de crises sanitaires, souvent sans commune mesure avec la probabilité qu’il survienne, le niveau d’exposition auquel nous pourrions être soumis, ni même le degré de dangerosité supposé.
A l’heure actuelle, rien ne semble apaiser la situation, alors même que les pouvoirs publics ainsi que les organisations professionnelles et industrielles multiplient les mesures de prévention et de précaution ainsi que les procédures de gestion et d’évaluation des risques.

Sortir d’un enchaînement hystérique ?

D’où cette hypothèse : plutôt que d’entrer dans une spirale « hystérique », où se multiplient les revendications de maîtrise, de sécurité maximale et d’infaillibilité, où les procédures de prévention et de gestion du risque peuvent elles-mêmes générer de nouveaux risques, où la recherche de responsables entraîne une forte judiciarisation, où l’approche probabiliste et les mécanismes assurantiels montrent leurs limites, il convient peut-être d’inverser le mouvement. En forçant le trait, ne nous faut-il pas apprendre ou réapprendre à accepter une part de risque - et laquelle - voire à le défier plus qu’à le fuir ?
Pourquoi ainsi ne pas étendre l’expérience acquise en terme de culture du risque dans le champ des aléas naturels (inondations, séismes, incendies) ? Est-il possible d’introduire cette « culture » dans la formation initiale ? De même, sachant que certains risques à occurrence forte, tels que celui de développer ou non un cancer, sont sous-estimés voire banalisés, au contraire de risques à occurrence faible, n’est-ce pas là le signe qu’un apprentissage collectif est possible dans le temps ?
Une piste à explorer pour contribuer à nourrir la réflexion du CNA et soumettre des propositions en termes de communication publique.

Télécharger la restitution en format PDF

1- Le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche a saisi le CNA pour « recueillir son analyse, à l’horizon de l’été, sur la crédibilité de la communication professionnelle collective ». Dans ce cadre, le CNA a constitué un groupe de travail, pour étudier les moyens de limiter les impacts des situations de crises sanitaires en améliorant la communication sur les risques. Il a été convenu que la Mission Agrobiosciences contribue aux réflexions de ce groupe au travers de cette séance de la Conversation. Pour consulter l’avis publié par le CNA : « Prévenir l’impact des crises sanitaires en améliorant la communication sur les risques »

La conversation

La Conversation de Midi-Pyrénées est une expérience pilote organisée de 2003 à 2009 par la Mission Agrobiosciences dont l’objectif est de clarifier par l’échange de points de vue et d’expériences les situations de blocage Sciences-Société.
A l’issue de chaque séance, la Mission Agrobiosciences édite le contenu des échanges au travers d’une synthèse écrite « Les restitutions de la Conversation de Midi-Pyrénées ». Accéder à toutes les restitutions de la Conversation de la Maison Midi-Pyrénées éditées par la Mission Agrobiosciences.

Séance du 31 mai 2006, introduite par Olivier Moch et Patrick Denoux

Mot-clé Nature du document
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