L’histoire démarre par la publication d’un article dans l’hebdomadaire local de Langon qui raconte la mobilisation des résidents du quartier Cessat contre un élevage de porcs en plein air sur un terrain de 4 hectares de vignes promises à l’arrachage. Le fils d’une famille de vignerons envisage de s’installer en 2026 sur une partie du domaine en développant un atelier de porcs fermiers en circuit court. Cyril Faugère a déposé un permis de construire pour un bâtiment de 1.500m² équipé de panneaux photovoltaïques, mais les riverains redoutent les mauvaises odeurs et la pollution des eaux par les effluents, explique Le Républicain du sud Gironde. Le futur éleveur a beau expliquer qu’il n’y aura aucun épandage de lisier, le comité de défense réplique par un slogan qui fait mouche : « oui au tire-bouchon, non aux cochons ». Une pétition en ligne recueille 200 signatures.
Une « réunion de concertation », prévue le jour même de la parution de l’article, est annulée in extremis. Attirée par la polémique locale naissante, France Bleu Gironde vient tendre son micro au village, hérissé de pancartes hostiles au projet. La fronde est alimentée par une pharmacienne et son compagnon artisan, propriétaires de six maisons proposées à la location. « Le projet est très bien, c’est un jeune qui se lance, nous les premiers, on lui achètera sa viande, mais pas ici, pas imbriqué au milieu des maisons », explique le couple, qui a lancé un groupe Facebook. Le maire de la commune refuse de s’exprimer, mais laisse entendre que le projet pourrait être modifié.
« Ils n’ont qu’à continuer à chanter, nous, on avance », réplique le père du jeune agriculteur dans Le Figaro. Sûr de son bon droit, André Faugère explique que l’arrachage des vignes est « une nécessité pour survivre » dans le cadre du plan de reconversion du vignoble bordelais touché par la surproduction. La Chambre d’Agriculture accompagne ce projet de diversification « dans le respect de la réglementation ». Une simple déclaration administrative suffit désormais pour les élevages de moins de 450 têtes, ajoute Le Figaro. « On ne va pas faire une usine à viande » promet André Faugère.
Comme le maire refuse toujours de s’exprimer, le viticulteur contre-attaque : « la vraie question, c’est celle de l’urbanisme mal maîtrisé dans les zones agricoles. Aujourd’hui, on s’aperçoit des problèmes, mais il y a des maisons qui n’auraient jamais dû être construites. » Face à la caméra de France 3, le maire de Porte-de-Bauge refuse toujours de s’exprimer, mais se déclare « agacé ». « J’attends de connaître le projet réel et complet. Mais je comprends les riverains qui habitent les six ou sept maisons qui se situent à proximité du projet », glisse toutefois Eric Guérin. Selon Sud Ouest, c’est la mauvaise réputation des élevages de porcs qui est en jeu : les riverains assurent qu’ils ne s’opposeraient pas à des vaches, des chevaux ou des moutons dans les vignes. L’affaire est toutefois présentée par La Dépêche du Midi comme un nouvel exemple des difficultés de voisinage grandissantes entre agriculteurs et riverains en zone rurale.
Dernier détail qui a sans doute une importance, difficile à mesurer : Porte-de-Bauge est une « commune nouvelle » née de la fusion de deux villages en 2019. Le maire actuel est l’ancien maire de Cantois (237 habitants), la famille Faugère est installée dans l’ex-commune voisine d’Arbis (276 habitants). Curieusement, personne dans l’Entre deux Mers ne fait référence à l’initiative d’un autre viticulteur girondin qui a installé l’an dernier des cochons nains dans ses vignes « pour remplacer les herbicides », selon Le Figaro.
A 20 ans, Cyril veut arracher ses vignes pour y mettre des cochons, ses voisins sont scandalisés, Le Républicain du sud Gironde, 06/03/2024.
Un projet d’exploitation de cochons en Gironde, France Bleu Gironde, 18/03/2024.
« Vous aimeriez avoir des cochons à votre porte ? », Le Figaro, 21/03/2024.
"C’est la zizanie dans le village !" , France 3 Aquitaine, 19/03/2024.
« Qu’ils mettent des chevaux ou des vaches, mais des porcs, ce n’est pas possible », Sud Ouest du 21/04/2024.
"Ça va être tout simplement invivable"… , La Dépêche du Midi du 22/04/2024.
Quand des cochons nains remplacent les herbicides dans les vignes, Le Figaro du 22/02/2023.