26/03/2024
Revue de presse, mardi 26 mars 2024
Nature du document: Revue de presse
Mots-clés: Bien-être animal , Nature

Les défenseurs du Grand Tétras se volent dans les plumes

Il ne risque pas de s’attaquer aux troupeaux de moutons, mais le Grand Tétras provoque dans les Vosges un débat aussi passionné que l’ours dans les Pyrénées. Il ne restait plus que cinq ou six spécimens de cette espèce de gros oiseau emblématique dans les forêts du massif vosgien en 2022. Le parc naturel régional (PNR) des Ballons des Vosges prévoit de renforcer cette population relictuelle en important dès cette année une quarantaine d’individus prélevés en Norvège, où l’espèce est encore abondante. Ces lâchers, qui doivent se poursuivre pendant cinq ans, représentent un investissement total évalué à un million d’euros, expose une dépêche de l’AFP publiée par Sciences et Avenir.

Mais si l’initiative du PNR est soutenue par de grandes associations comme la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) ou Alsace Nature, elle suscite aussi des réserves et de franches oppositions. L’association Vosges Nature Environnement pointe « un coût élevé, sans aucune garantie de réussite (...) pour une opération difficilement justifiable », les conditions de rétablissement de l’espèce n’étant « pas réunies », relate l’AFP. « Il vaudrait mieux consacrer cet argent à un programme ambitieux de développement de la biodiversité » favorable au Grand Tétras ainsi qu’à d’autres espèces, abonde un élu local, ancien président du PNR, dans les colonnes de l’Alsace.
L’actuel président tente de faire valoir une position quasi philosophique du PNR face à des arguments à caractère scientifique : « le parc en tant que structure ne peut pas laisser disparaître une espèce sans agir », déclare Laurent Séguin, opposé à un écologue retraité de l’université de Lorraine par la télévision régionale.
Le débat orchestré par France 3 tourne autour du climat qui ne serait plus favorable au Grand Tétras dans les Vosges, mais pointe aussi les impacts de la surfréquentation touristique du massif. Des associations locales se demandent s’il est bien raisonnable d’importer des oiseaux de Norvège pour les conduire « à une mort certaine », selon le sombre pronostic du porte-parole d’Oiseaux Nature 88 au micro des stations locales de France Bleu en prélude à la concertation publique organisée par la préfecture en ce mois de mars. Claude Maurice fait valoir ses arguments face au directeur du parc naturel régional dans un débat organisé par La Croix. Mais pour la presse locale, l’affaire semblait déjà pliée au début de l’année. « Une fausse bonne idée », se demande Le Progrès qui interroge le directeur du parc naturel voisin du Jura ? Le Grand Tétras risque fort d’être « le dindon de la farce » pour L’Est Républicain (qui appartient au même groupe de presse régionale).
Aux derniers jours de la consultation publique, une dernière voix s’est élevée pour clouer le cercueil du projet du parc naturel régional, soutenu par l’Etat et l’ONF (office national des forêts) : « une bêtise au goût amer, un bonbon au goût de sapin », tranche Vincent Munier sur sa page Facebook. L’avis de décès local de l’oiseau publié par le photographe animalier est aussitôt repris dans Vosges Matin. Sur la même ligne que son père, co-fondateur du Groupe Tétras Vosges dès les années 70, Vincent Munier estime qu’il est trop tard pour sauver le grand oiseau des bois. Le réalisateur qui est allé jusqu’au Tibet pour filmer la panthère des neiges avec l’écrivain Sylvain Tesson plaide toutefois en faveur du retour d’autres oiseaux, comme le hibou Grand-duc en forêt ou la cigogne noire en plaine. Et ne dit pas non au retour du lynx.

"Rebuts de presse" par Stéphane Thépot

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