04/04/2024
Revue de presse, jeudi 4 avril 2024
Nature du document: Revue de presse

Tuberculose bovine : pourquoi ça tousse ?

Pas question de tuer un troupeau entier pour une seule vache malade. La ferme Pierrette d’Espès-Underein (Pyrénées-Atlantiques) a reçu samedi 20 mars le soutien de voisins et éleveurs, venus de tout le département, pour tenter de sauver la centaine de vaches gasconnes de Philippe et Sophie Sicre, après la découverte d’un cas de tuberculose bovine en janvier dans leur cheptel, rapporte France 3 Nouvelle Aquitaine. La vache malade a été conduite à l’abattoir de Mauléon une semaine plus tard. Toutes les autres seraient indemnes, assure l’éleveur à la télévision régionale.

La fiabilité des tests mise en cause

« Les services de l’État partent du principe que les tests ne seraient pas fiables à 100 % », explique Philippe Sicre. Avec l’appui du syndicat des éleveurs basques ELB, affilié à la Confédération Paysanne, la ferme Pierrette réclame un assouplissement de la réglementation sanitaire drastique appliquée dans les Pyrénées-Atlantiques et dans tous les autres foyers persistants de tuberculose bovine en France. « Moins de 5 % des animaux abattus sont infectés, on abat 95 % des animaux sains », déplore Sophie Sicre. Le couple d’éleveurs avait déjà reçu le soutien d’une centaine d’éleveurs béarnais lors d’une manifestation à Pau, signalait en février La République des Pyrénées.
La question se pose aussi en Normandie, où la tuberculose bovine sévit depuis une dizaine d’années notamment dans la « Suisse normande ». Trois cas ont été détectés dans l’Orne en 2023 et cinq dans le Calvados, expose L’Orne Combattante. Ici, ce sont les Jeunes Agriculteurs (JA) qui montent au créneau. Les éleveurs doivent tester leurs animaux chaque année. « Une épée de Damoclès » pour les porte-paroles du syndicat, qui soulignent que les tests ne seraient fiables « qu’à 80% ». Illustration dans le Limousin, où un élevage laitier bio de 300 têtes a pu éviter le pire de justesse au début de l’année. Le laboratoire chargé des analyses aurait fait « une erreur de diagnostic », rapporte France 3. Pascal Maris, le chef d’exploitation qui salarie une quinzaine de personne pour transformer son lait en fromages, détaille l’affaire au Parisien : après avoir conduit sept bêtes à l’abattoir suite à une première série de tests positifs, seulement deux d’entre elles étaient effectivement malades selon « des analyses effectuées sur les ganglions prélevés sur les carcasses ».

Salamanque, un exemple ?

En Espagne, la région autonome de Castille et Léon a décidé d’assouplir les règles de contrôle de la tuberculose bovine à l’approche des élections législatives anticipées de l’été dernier. Des centaines d’éleveurs ont violemment manifesté en juin 2023 à Salamanque, rapporte Euractiv. Contre Madrid et Bruxelles. La correspondante du Monde remarque que le score de Vox, parti populiste d’extrême-droite allié au PPE pour diriger la région, semble indexé sur la flambée de cas de tuberculose constatée du côté de Salamanque. « Alors que d’autres provinces de la région, comme celles de Léon ou de Valladolid, sont parvenues à se débarrasser de la maladie, à Salamanque, les éleveurs considèrent que les mesures, basées sur des tests de dépistage réguliers et très sensibles, l’assainissement par abattage des troupeaux infectés et la désinfection des installations, ont eu ‘un résultat lamentable’. Selon eux, le problème résiderait principalement dans la cohabitation des élevages extensifs avec la faune sauvage », rapporte Sandrine Morel.

Les blaireaux sur le banc des accusés

En France aussi, la faune sauvage est parfois montrée du doigt. Un élu à la chambre d’agriculture des Landes, Denis Lafargue, préconise même « l’éradication » du blaireau dans la Chalosse au sud du département, rapporte France Bleu Gascogne. « Vous tuez un blaireau, d’accord. Il est porteur de la maladie, très bien. Mais si un autre arrive dans le même terrier, il peut être contaminé. Sans moyen de désinfection des terriers, on n’y arrivera pas ». L’exaspération des éleveurs est encore exacerbée par les associations animalistes qui contestent le déterrage des jeunes blaireaux par des chiens. « Il est inadmissible que l’on fasse tuer des cheptels entiers de bovins lorsque ceux-ci sont touchés par la tuberculose et qu’on protège les blaireaux qui sont des animaux reconnus vecteurs de la maladie », réagit la Coordination Rurale de Haute-Vienne après la suspension d’un arrêté préfectoral par le tribunal administratif de Limoges en mai 2023. Ce sont pourtant les bovins qui ont contaminé les blaireaux à l’origine, et non l’inverse, rappelait dans un hebdomadaire professionnel agricole normand une fonctionnaire des services de l’Etat de l’Orne à la veille de sa mutation dans un autre département… En Dordogne, le quotidien Sud Ouest signale que les services de l’Etat ont commencé l’an dernier à expérimenter la vaccination des blaireaux contre la tuberculose.

"Rebuts de presse" par Stéphane Thépot

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