26/06/2008
La Revue de presse commentée de la Mission Agrobiosciences. 26 juin 2008
Nature du document: Revue de presse
Mots-clés: Biodiversité , Elevage , Nature , Travail

Débat sur l’ours : comment sortir du conflit ?

Comme le rapportent la Dépêche du Midi ou Métro France de ce jour, la secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet est à Toulouse ce jeudi 26 juin, pour mettre en place le « groupe pyrénéen Ours », une « instance de dialogue placée sous l’autorité du préfet coordinateur du massif pyrénéen ». Ce groupe doit réunir l’ensemble des acteurs concernés par cette question à savoir les élus, les services de l’Etat, les professionnels de l’agriculture, de la forêt et du tourisme, chasseurs et associations de protection de la nature. A travers la constitution de ce groupe, il s’agit « d’envisager plus sereinement l’avenir de l’ours ». Car, depuis sa réintroduction, de l’ours est l’objet d’un vif débat, d’un conflit même pourrait-on dire.

Il ne s’agit pas là de la première mise en dialogue des problèmes que pose cette réintroduction. En 2005, la Mission Agrobiosciences, à la demande du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, avait conçu et organisé trois Forums sur les mesures d’accompagnement du renforcement de la population d’ours brun dans les Pyrénées. Ces Forums avaient déjà bien pointé l’incompréhension entre les éleveurs qui se sentent niés dans leur existence même et les "pros ours" qui refusaient que les éleveurs aient le monopole de la montagne, laquelle devait être reconnue comme un bien commun.
Interrogé par le Monde, Jean-Claude Flamant, directeur de la Mission Agrobiosciences, qui avait piloté ces Forums, révélait ainsi, en mai 2006, que cette question de l’ours « fait resurgir des maux antérieurs propres aux éleveurs ovins ». Il nous livre ici sa lecture du conflit.

J. Rochefort : Depuis mars 2005, date à la quelle vous avez dirigé des forums de concertation auprès des populations pyrénéennes sur le programme de réintégration de l’ours, pensez-vous que les choses aient beaucoup évolué ?
J.-C. Flamant : " Je crois que nous avons assisté à un débat bloqué entre les « pro » et les « anti » ours. Il fallait en sortir. Comme je le rappelais à l’époque, ce débat était révélateur d’une profession qui se considérait sinistrée, sinon menacée. Les éleveurs mettaient en balance leur sauvetage en regard de celui de l’espèce ours. Ils considéraient que les moyens publics consacrés au plan ours seraient mieux utilisés sous forme d’aide à la poursuite de leur activité, beaucoup plus essentielle selon eux à la montagne que la survie du plantigrade.

La mise en place du Groupe pyrénéen Ours par Nathalie Kosciusko-Morizet peut-elle modifier la donne ?
Je ne sais pas. Ce que je peux dire, c’est que la question de fond est d’évaluer la possibilité d’une alliance entre les partisans de la réintroduction de l’ours et les éleveurs qui s’y opposent. Or ceux-ci, avec les bergers des troupeaux, ont une connaissance intime de la montagne et de ses systèmes pastoraux, une expertise qui serait probablement utile à la conception d’une coexistence avec la faune sauvage. Dans une telle perspective, les éleveurs bénéficieraient d’une double reconnaissance de la société en tant que générateurs de produits de qualité et facilitateurs du maintien de la biodiversité. Cette reconnaissance devrait faire l’objet de contreparties en conséquences de la part des pouvoirs publics. Mais il ne faut pas ignorer que l’introduction d’une « innovation » (ici le retour de l’ours comme élément permanent de la vie en montagne) dans un système organisé (le système pastoral) entraîne une forcément une réaction de la part de ce système : soit un rejet par impossibilité d’assimilation de l’innovation, soit une modification de la logique du système. Tout ceci est révélateur d’un débat de société entre les soucis écologiques et les éleveurs véritables acteurs de la vie montagnarde. Et l’issue est incertaine !"

Propos recueillis par Jacques Rochefort, Mission Agrobiosciences

Revue de presse de la Mission Agrobiosciences (la Dépêche du Midi, Métro France) suivie de la réaction de Jean-Claude Flamant, zootechnicien et directeur de la Mission Agrobiosciences

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