22/03/2012
Vient de paraître. Mars 2012

Les athlètes de l’Antiquité à nos jours : Les champions de la grande bouffe. (chronique originale)

Dans son émission radiophonique mensuelle "Ça ne mange pas de pain ! " de mars 2012, la Mission Agrobiosciences se penchait sur les relations entre la nutrition et le sport : Sport et santé : quand l’alimentation passe par tous les stades. L’occasion pour Valérie Péan de revisiter l’histoire de l’alimentation des athlètes des Jeux Olympiques antiques à nos jours.
Alcools, ripailles et interdits farfelus… Au gré des savoirs et des croyances, les régimes alimentaires censés améliorer les performances sportives ont connu tous les excès et sont effectivement passés par tous les stades… Une chronique originale à lire ci-dessous.

Les athlètes de l’Antiquité à nos jours
Les champions de la grande bouffe…
Une chronique de Valérie Péan, Mission Agrobiosciences
Lors de l’émission radiophonique mensuelle "Ça ne mange pas de pain ! " de mars 2012 de la Mission Agrobiosciences : Sport et santé : quand l’alimentation passe par tous les stades

Alcools, ripailles et interdits farfelus…Au gré des savoirs et des croyances, les régimes alimentaires censés améliorer les performances sportives ont connu tous les excès et sont effectivement passés par tous les stades…

Prenons les Jeux Olympiques, pour lesquelles l’alimentation compte tellement que la plupart des pays participants amènent désormais leurs propres produits, leurs cuisiniers, voire des goûteurs…
Une même préoccupation animait les premiers jeux, qui prenaient soin de servir le même repas à l’ensemble des athlètes. C’est-à-dire du pain d’orge, de la bouillie de froment, des noix, des figues sèches et des fromages frais : c’était là le menu obligatoire à la naissance des JO, au 7ème siècle avant notre ère, quelque part dans le Péloponnèse.
Un menu végétarien riche en fibres, glucides et lipides. Mais qui, du côté des protéines, est quelque peu frugal. Quant aux quantités, apparemment, ces athlètes mangeaient beaucoup et longtemps. En clair, ils s’empiffraient. D’ailleurs, un athlète nommé Ikkos de Tarente est non seulement devenu célèbre pour ses performances au pentathlon, mais aussi pour son comportement atypique : il aurait été parmi les premiers à adopter un régime strict, limitant de manière draconienne ses rations, à tel point que naquit l’expression « faire un repas d’Iccos », pour désigner un menu proche de la diète…
Au milieu du 5ème siècle avant J.C., un changement de cap radical s’opère sous l’impulsion de l’entraîneur Dromeus de Stymphale, ancien vainqueur olympique ; finies les bouillies et les céréales : pour que les athlètes aient de meilleures performances, le menu devient principalement carné. Et de faire bombance de grillades saupoudrées de fines herbes. En revanche, gâteaux et boissons froides sont interdites. Il n’empêche, les athlètes professionnels de l’époque sont plutôt mal vus par les philosophes et penseurs de l’époque, en raison de leur persistante gloutonnerie. Et de citer en exemple le champion Milon de Crotone qui avalait en une journée près de 9 kilos de viande et le même poids de pain, qu’il faisait passer en buvant quelque sept litres de vin. Bon, soyons honnêtes, cette orgie concernait principalement les sports de combat que sont la lutte, le pugilat et la boxe…
Il n’empêche, reprenant les principes d’Hippocrate, le célèbre médecin Galien s’insurge et vitupère contre ces sportifs qui se gavent de viandes saignantes qui, dit-il, épaississent leur sang, ce qui éteint la chaleur innée du corps et conduit à terme à la mort. Et de préconiser un régime diététique adapté à chaque sportif et prescrit par un médecin hygiéniste, et non par les entraîneurs. En clair, la médecine revendique désormais pour elle seule un pan entier de la gymnastique, une gymnastique préventive et thérapeutique qui s’intéresse avant tout au maintien et au rétablissement de la santé.

Voilà donc pour la période antique. Passons le Moyen-Âge, la Renaissance et tous ces siècles où le sport fut essentiellement fait de tournois, d’art équestre ou de jeu de paume qui ne favorisent pas vraiment la pratique de masse. Venons-en donc directement à l’aube du 20ième siècle, où s’épanouirent les Jeux Olympiques modernes (relancés en 1896) ainsi que d’autres grandes compétitions.
Vous imaginez sans doute qu’en ces temps plus civilisés, marqués par les progrès de la médecine, les sportifs de haut niveau regardaient d’un peu plus près ce qu’ils avaient dans leur assiette. Pas vraiment. D’ailleurs, rares sont les informations sur leur alimentation, si ce n’est à travers quelques anecdotes édifiantes. Prenez le marathon de 1904, dans le Missouri. Durant cette course, le grand favori, le Cubain Félix Carjaval, avait pris une telle avance qu’il s’octroya le temps de s’arrêter pour cueillir et manger des pommes, et accepter les coupes de champagne offertes par des spectateurs. Mal lui en pris : d’horribles crampes d’estomac le plient en deux avant la ligne d’arrivée. Mais le gagnant n’a rien à lui envier côté diététique : ce sont des verres d’eau de vie qu’il avale pendant la course. Il faudra quatre médecins pour s’occuper de lui après l’arrivée.
Le tour de France ne fait guère mieux : en 1903, Maurice Garin, 61 kilos tout mouillé, est connu pour avoir englouti, à l’issue de la première étape, deux poulets, 4 steaks, 10 œufs en omelette, 12 bananes, le tout arrosé d’une bouteille de vin rouge.

Il faut attendre le grand Fausto Copi pour un régime plus strict. Lui, jeûne une fois par semaine, pour n’ingérer que du foie et du germe.
Quant aux boxeurs, si l’on en croit un article d’un journaliste du Siècle, en 1847, il leur est recommandé de prendre un œuf cru au saut du lit dans un demi-verre de Xérès.

Aujourd’hui, bien entendu, fleurissent les coachs et conseils qui décortiquent les apports de nutriments avec une balance de précision. A ceci près, que rapporte Rue 89 : nombreux sont les sportifs de haut niveau à être atteints de troubles du comportement alimentaire, les uns pour maigrir, les autres au contraire pour prendre des kilos, notamment dans les sports à catégories de poids. Il n’est ainsi pas rare de voir des danseuses, coureurs d’endurance, judokas, boxeurs… balancer entre anorexies et épisodes boulimiques, ce qui ne doit pas vraiment leur donner une forme olympique.

Sources :

Une chronique de Valérie Péan, Mission Agrobiosciences

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