02/02/2017
Agriculture et société. 02 février 2017
Nature du document: Entretiens
Mots-clés: Crises , Elevage , Mondialisation , Santé

Qu’elle soit aviaire ou humaine, la grippe cristallise tout ce qui nous effraie (entretien original)

F. Keck

La Mission Agrobiosciences poursuit sa série d’entretiens sur l’actuelle épizootie de grippe aviaire H5N8. Après l’analyse vétérinaire de Philippe Baralon, place à l’expertise des sciences humaines et sociales. En la matière, un nom s’impose, celui de Frédéric Keck. Auteur de l’ouvrage « Un monde grippé » (Flammarion), cet anthropologue s’intéresse aux crises sanitaires liées aux maladies animales - l’ESB, le SRAS, les grippes aviaires et porcines – et à la manière dont celles-ci ont été gérées en Europe et en Asie.
En quoi l’épisode actuel se distingue-t-il de celui de 2005 ? Comment expliquer l’incompréhension qu’il suscite parmi les éleveurs et la population ? A quelles conditions mettre en place une surveillance efficace ? Dans cet entretien au long cours, Frédéric Keck détaille les représentations associées à la grippe et expose les logiques de chaque acteur : celle des éleveurs habitués, traditionnellement, à gérer un certain nombre de maladies animales, celle des autorités sanitaires qui suivent des mesures globales de biosécurité, imposées depuis 20 ans. A ces deux logiques s’en ajoute une troisième : la remise en question de l’élevage industriel, portée par les mouvements animalistes. "Tout l’enjeu consiste à faire coïncider ces histoires potentiellement conflictuelles".

MAA. Quelle est votre réaction, à chaud, sur ce nouvel épisode de grippe aviaire ?
F. Keck.
Au regard des informations dont je dispose, j’ai le sentiment que l’alerte aurait pu être lancée plus tôt. Plusieurs faits étaient d’ores et déjà connus début décembre : le caractère hautement pathogène de H5N8, la transmission de celui-ci du Tarn à l’ensemble du Sud-Ouest, probablement via un camion qui transportait des volailles porteuses du virus. A ma connaissance, nous n’avons pas connu d’épizootie de grippe aviaire aussi importante en France puisque 1,5 millions de volailles ont été abattues [1], soit autant que lors de l’émergence du H5N1 à Hong Kong en 1997.
Le traitement médiatique est lui aussi singulier. Les médias jouent sur ces images frappantes des abattages qui ne sont pas sans rappeler celles prises dans les abattoirs par les associations animalistes, ou encore celles diffusées au moment de la vache folle, qui reste le grand traumatisme pour la gestion française des maladies animales. Tout ceci génère un fort questionnement sur la filière foie gras. Aux questions techniques de biosécurité et d’anticipation de l’épizootie, se mêlent des préoccupations éthiques sur l’élevage industriel, mais aussi nutritionnelles sur le bien-fondé de la consommation de viande. Comme en 1996 avec la vache folle ou en 2005 avec H5N1, le débat est très sensible.

Justement, y a-t-il une différence avec la crise de 2005 ?
Il existe une différence fondamentale : H5N8 n’est pas transmissible aux humains. Souvenez-vous de la panique que nous avons connue en 2005, avec une souche H5N1 potentiellement pandémique. Extrapolant la mortalité de la "grippe espagnole" de 1918, on prédisait 60 millions de morts. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Cette différence accentue encore un peu plus l’incompréhension du public, les mesures paraissant disproportionnées au regard des risques pour la santé humaine.
Autre fait notable, l’épisode de grippe aviaire survient en même temps qu’un épisode de grippe saisonnière très meurtrier pour les personnes les plus fragiles, quoique cette recrudescence des décès témoigne plutôt d’un recul des vaccinations que du degré de virulence du virus. Chose étonnante, les médias lient peu les deux événements. En 2005, le contexte était tout autre. Nous étions aux lendemains du cyclone Katrina, événement majeur dans la mise en place d’un dispositif de préparation aux catastrophes naturelles et aux attaques terroristes aux Etats-Unis, qui a eu des répercussions en France. Se formule alors le principe selon lequel il n’y a pas de limites budgétaires à la préparation aux pandémies, comme le dit alors le ministre de la santé de l’époque Xavier Bertrand. Il faut en conséquence acheter des vaccins humains et éradiquer des foyers aviaires. L’emballement médiatique s’effectue dans le cadre des émeutes de banlieue décrites comme une contagion de la violence par les zones « sauvages » de la République. Le contexte actuel ne mêle pas tous ces éléments d’inquiétude.

L’épizootie est européenne. Comment cela se passe-t-il ailleurs ?
La présence de H5N8 n’est pas nouvelle. Depuis maintenant trois ans, les Pays-Bas et l’Angleterre alertent les autres pays sur les risques liés à la transmission de ce virus hautement pathogène par les oiseaux migrateurs, particulièrement ceux qui arrivent d’Asie, où d’importants foyers ont été déclarés.
En matière d’épidémio-surveillance, un pays reste avare d’information : la Russie. En 2005, il y a eu une vive controverse sur le vecteur de transmission du H5N1 : s’agissait-il des oiseaux migrateurs ou des volailles de contrebande ? Les données laissaient penser que le virus H5N1 empruntait plutôt le trajet du Transsibérien que les trajectoires des oiseaux migrateurs, mais la question n’a toujours pas été tranchée.
Européens et chinois, à Hong-Kong notamment, coopèrent en matière de grippe aviaire depuis la crise du SRAS en 2003. Lorsque le virus H5N1 est arrivé aux portes de l’Europe, la surveillance s’est mise en place en Egypte, en Géorgie, en Israël, mais les données sur la Russie restent incertaines.

On peut supposer que d’autres épisodes de grippe aviaire verront le jour. Cette probable récurrence n’appelle-t-elle une autre manière de gérer la crise, d’organiser la filière, etc. ? Lors d’une émission de radio à laquelle vous avez participé [2], les éleveurs qui sont intervenus, ont proposé des mesures concrètes. Qu’en pensez-vous ?
Si la grippe aviaire constitue une menace globale avec des répercussions locales pour les éleveurs qu’elle affecte, cela signifie que tous les acteurs doivent être impliqués. D’une part à l’échelle internationale, avec un suivi du virus entre la Chine, la Russie, l’Union européenne et l’Afrique. D’autre part à l’échelle locale : dans chacun de ces pays, les autorités de santé animale et humaine doivent travailler avec les éleveurs pour rendre acceptables les nouvelles mesures de biosécurité imposées par la gestion de la grippe aviaire. Les éleveurs ont une connaissance historique des maladies qui affectent leurs animaux : ils parlent souvent de la maladie de Newcastle [3] dont la maîtrise a été un facteur essentiel de développement de l’élevage intensif.
La grippe aviaire a fait l’objet d’une construction publique et globale. En suivant son histoire entre les Etats-Unis, la Chine et l’Europe, on peut saisir les différentes phases de sa prise en charge : l’alerte, la reprise et l’amplification de l’alerte, sa généralisation, jusqu’à la mise en place de mesures de biosécurité. La construction des problèmes publics permet de comparer la gestion des épizooties à d’autres risques environnementaux – les perturbateurs endocriniens par exemple. Mais à la différence des fabricants de plastique et de conserve qui ont été impliqués dans l’évaluation des risques sanitaires de leurs produits – ce qui a en grande partie freiné l’alerte – les éleveurs ont été mis à l’écart de l’alerte sur la pandémie de grippe aviaire, parce que celle-ci jouait sur des représentations médiatiques des risques alimentaires liées aux contradictions de notre rapport aux animaux.
Tout l’enjeu consiste à faire coïncider deux histoires potentiellement conflictuelles : la construction de l’expertise globale sur la grippe aviaire depuis une trentaine d’année, particulièrement depuis l’alerte à Hong-Kong en 1997 sur le H5N1 ; et la perception d’un éleveur français qui a vu l’élevage industriel être promu par les autorités de l’alimentation et qui a dû gérer un certain nombre de maladies en recourant à des produits pharmaceutiques. S’y ajoute par ailleurs une troisième, plutôt urbaine : la remise en question, croissante, de l’élevage industriel et de l’alimentation carnée à bas coût par les mouvements animalistes.

Le virus de la grippe est un virus très particulier, tantôt très virulent et explosif comme cette année, tantôt moins visible qui se diffuse à bas bruit. Difficile dans ce cas pour les éleveurs de mener une surveillance : bien souvent, lorsque les premiers signes de maladie apparaissent, il est déjà trop tard…
Plusieurs éléments doivent être pris en considération. Il y a tout d’abord la perception de la maladie elle-même. Après 2005, les enquêtes de terrain menées auprès des éleveurs ont montré que ceux-ci ne considéraient pas la grippe aviaire comme un problème de surveillance sérieux. « La grippe aviaire, c’est un truc construit pour nous faire peur ; nous, notre problème, c’est l’accroissement des coûts d’abattage et le faible prix d’achat de la viande » nous ont-ils répondu. Cette perception se retrouve dans d’autres contrées. Par exemple, en Mongolie, les éleveurs bovins ne signalent pas les cas de fièvre aphteuse, la maladie n’étant pas transmissible à l’homme, alors qu’ils signalent davantage les cas d’anthrax. Le lanceur d’alerte doit dans ce cas être un acteur extérieur, comme l’association Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières.
Deuxième élément important, le contrôle des frontières. En France, en Mongolie ou même en Angleterre, les règles sont les mêmes : si l’Etat intervient, c’est pour retrouver le statut de pays indemne de la maladie, condition sine qua non à l’export. Or ce discours passe mal auprès des éleveurs, qui ont tendance à favoriser l’immunité naturelle de leurs bêtes. Reste que, pour des maladies comme la grippe aviaire ou la fièvre aphteuse, cela ne marche pas.
En définitive, ces crises nous enseignent que chaque acteur, chaque profession suit ses habitudes. Les éleveurs suivent leurs habitudes, héritées d’une mémoire locale des maladies animales. Les experts en santé animale et humaine suivent les mesures globales de biosécurité imposées depuis vingt ans. Les crises sanitaires font entrer ces habitudes en tension.

Vous l’avez dit : l’alerte aurait pu être donnée plus tôt, ce qui pose la question des lanceurs d’alerte et du fonctionnement du système de surveillance. Par ailleurs, vous avez prononcé un terme que nous n’avons pas ou peu entendu jusqu’à présent, celui d’éthique. Le terme est important au regard du nombre de bêtes saines euthanasiées pour créer le vide sanitaire autour des foyers d’infection. Vous avez évoqué enfin le récit urbain et les mouvements animalistes, qui ne veulent plus de cette viande industrielle produite à bas coût. Cela ne va-t-il pas au-delà ? Il y a, dans la société, un glissement du regard porté sur la grippe aviaire : non plus une peur pour notre santé mais une interrogation sur la manière de traiter les animaux.
Concernant la gestion de crise, nous n’avons pas encore le recul nécessaire pour l’analyser. Ceci dit, l’épizootie survient juste avant les fêtes de Noël, moment phare pour la consommation de foie gras, qui marque également, dans les habitudes administratives, une forme de trêve hivernale pouvant justifier un certain assoupissement des autorités sanitaires.
Sur la question éthique, vous avez raison. En 2005, les gens avaient peur pour leur santé : le H5N1 était transmissible à l’homme et on prévoyait 60 millions de morts. Dans la crise actuelle, il n’y a pas de risque pour la santé humaine, et le questionnement porte plutôt sur les justifications de l’abattage sanitaire. Le fait que les animaux ne sont pas consommés alors qu’ils sont sains, semble scandaleux puisque la transmission aux humains n’est pas redoutée.
Pour mieux saisir cette dimension éthique, j’ai me suis intéressé à la manière dont est gérée la grippe aviaire en Chine. A.Hong-Kong, toutes les volailles doivent passer par un marché central pour contrôler leur état sanitaire avant d’être vendues vivantes dans les marchés de détail. Tout signalement d’un cas de H5N1 sur des volailles provoque l’abattage de toutes celles qui vivent sur le territoire de Hong-Kong. En 2008, j’ai assisté à l’abattage de 90 000 volailles suite à un cas de H5N1 dans une ferme : elles étaient gazées dans des poubelles, loin des considérations du bien-être animal, et la scène était filmée par les caméras des télévisions. L’objectif était de montrer que les autorités agricoles et sanitaires du territoire géraient le risque pandémique selon des mesures standardisées.

Comment ces abattages sont-ils perçus par les hongkongais ?
Tout dépend de leur religion. Taoïsme et bouddhisme prônent le végétarisme, alors que le confucianisme, religion la plus proche du gouvernement, autorise l’abattage et le sacrifice des animaux dans des moments de crise. Au fil des enquêtes menées, je me suis rendu compte que les bouddhistes sont moins critiques que les taoïstes. Même s’ils prient pour l’âme des animaux, ils partagent la logique étatique de confinement du territoire. Les taoïstes affirment plus fortement que les maladies animales résultent de l’industrialisation de l’élevage, et soutiennent une consommation locale dans le cadre des villages.
Pour ces deux religions, les animaux ont une âme, alors que pour le christianisme comme pour le confucianisme ils n’en ont pas. Les mouvements animalistes européens bricolent une critique de l’élevage industriel avec des éléments du bouddhisme et du christianisme, notamment en s’appuyant sur les travaux du philosophe australien Peter Singer, défenseur de la libération animale ; mais un peu comme les bouddhistes de Hong Kong, ils reproduisent les coupures qu’ils souhaitent critiquer entre hommes et animaux. Ils considèrent en effet les animaux comme des sujets de droit à partir de leur sensibilité à la douleur. Traditionnellement, les éleveurs ont une perception différente de la mise à mort de l’animal, plus proche de celle des taoïstes : ils peuvent vivre avec un animal, lui donner un nom tout en sachant qu’il est destiné à être transformé en viande. Ils sont habitués à gérer cette contradiction dans la vie quotidienne, alors que les grandes religions compassionnelles apparaissent lorsque cette contradiction semble intolérable, notamment dans les espaces urbains où les animaux deviennent plutôt des compagnons. Le caractère scandaleux des abattages sanitaires apparaît donc plutôt pour des populations urbaines, par distinction avec l’approche que peut en avoir le monde rural. Je reconnais cependant que la contestation peut aussi venir des milieux néo-ruraux, et que les éleveurs partagent de plus en plus avec leurs animaux une souffrance au travail, comme l’a montré Jocelyne Porcher, ce qui rend, pour eux-aussi, l’abattage sanitaire plus intolérable.

Quel statut a la grippe dans notre imaginaire ? Occupe-t-elle une place particulière pouvant expliquer cette forme d’emballement ?
La grippe est à la fois la maladie la plus ordinaire et la plus extraordinaire. C’est une maladie banale, qui nous cloue au lit pendant quelques jours. De là son sens étymologique, « être bloqué », incapable de s’activer. Parallèlement, c’est une maladie extraordinaire du fait de la capacité du virus à muter, et donc potentiellement à franchir la barrière des espèces, comme celle des Etats. Les autorités sanitaires du monde entier gardent en mémoire la grippe espagnole de l’hiver 1918 qui a tué entre 20 et 50 millions de personnes.
L’histoire des recherches sur la grippe est liée aux guerres du 20ème siècle. Les Anglais découvrent le virus dans les années 30, mais ce sont vraiment les Américains qui, en 1941, mettent au point des techniques quasi industrielles de dépistage, de vaccination et de classification des mutations. Viennent ensuite, à l’aube des années 2000, la guerre contre le terrorisme suite aux attaques du 11 septembre, puis l’épisode des lettres contenant de l’anthrax qui ont alimenté la crainte d’attentats bioterroristes venus de l’ex-URSS ou d’Al Quaïda. C’est dans ce contexte que les autorités de santé américaines lancent une alerte mondiale sur la grippe qui viendrait de Hong-Kong, autrement dit de Chine.
Bien que mortelle pour les plus fragiles, cette maladie banale cristallise tout ce qui nous effraie : le terrorisme, les économies émergentes comme la Chine, l’élevage industriel avec cette idée que les animaux se vengent du traitement qu’on leur impose. Ce basculement de l’ordinaire à l’extraordinaire est exploité par les médias : le virus le plus banal devient la chose la plus effrayante, capable de franchir la barrière des espèces et de parcourir d’immenses distances grâce à ces incontrôlables vecteurs que sont les oiseaux migrateurs. La grippe est la maladie des flux, comme l’illustre bien sa dénomination anglaise, influenza. Le mot prend sa source dans la langue italienne du 17ème siècle, les Italiens s’étant rendus compte que les grands voyageurs étaient plus sujets aux maladies.
Reste enfin cette dernière considération. Quand on a la grippe, on reste chez soi pour se reposer. Or ce message est de moins en moins audible dans une société qui demande aux gens de travailler plus, où les frontières entre vie professionnelle et privée s’atténuent. C’est un aspect que nous avons beaucoup entendu dans les entretiens menés en 2009 : « on nous demande de nous vacciner pour que l’on puisse continuer à travailler ». D’où cette question, qui clôture mon livre [4] : comment cette maladie somme toute ordinaire, qui se soigne très bien en restant chez soi, est-elle devenue un problème global qui mobilise à la fois nos conditions de travail, notre rapport aux animaux, et notre rapport à la guerre ?

Peut-être y a-t-il d’autres hypothèses pour expliquer la crainte que suscite le virus de la grippe. Deux pistes : la figure du sauvage, le virus étant véhiculé par les oiseaux migrateurs ; et la crainte de la mixophobie telle que la définit Jean-Loup Amselle, à savoir la hantise du mélange. Dans quelle mesure ces deux univers, où se mêlent les imaginaires du sauvage, du domestique, de l’étranger, du migrant, nourris de cette peur du mélange, contribuent-ils à cette représentation de la grippe, cette « maladie des flux » ?
L’exaltation du métissage et du mélange est sympathique et utile pour lutter contre le nationalisme, mais elle ne permet pas d’analyser les problèmes environnementaux comme la grippe aviaire, car la construction de ce problème suppose des frontières entre le domestique et le sauvage, entre l’homme et les animaux, entre la France et le reste du monde, et finalement entre soi et les autres... L’anthropologie comparée permet de comprendre comment cette coupure s’opère dans d’autres sociétés. Un chercheur de notre équipe a étudié le statut des éléphants atteints de tuberculose au Laos. Dans ce cas, les pachydermes sont considérés comme des animaux domestiques, a contrario par exemple des buffles qui sont assimilés à des animaux sauvages. Comme d’autres agents infectieux, les virus brouillent la frontière entre domestique et sauvage. Ce sont des maladies des flux et de l’information, puisqu’ils sont, biologiquement, des morceaux d’information passant d’un organisme à l’autre.
La question pour moi est celle du rapport entre anthropologie comparée et logiques d’expertise. Je ne crois pas que le rôle de l’anthropologue soit de critiquer les autorités sanitaires en disant que la peur de la grippe aviaire n’est qu’une construction culturelle nationaliste et qu’il faut plutôt laisser les flux circuler, etc… Il s’agit plutôt de les rendre attentives à la diversité des logiques d’acteurs impliqués dans une alerte globale pour faire participer tous ces acteurs à la réflexion sur un problème environnemental.

Entretien réalisé le vendredi 20 janvier 2017.

Entretien avec Frédéric Keck, anthropologue, Laboratoire d’anthropologie sociale (Ehess).

[1Les données publiées le 19 janvier 2017 font état d’un million d’animaux touchés par le virus H5N8 et de 900 000 canards abattus à titre préventif. Source LSA

[2Le téléphone sonne, France inter, lundi 9 janvier 2017. Site

[3En savoir plus sur le site de l’OIE

[4Un monde grippé, Flammarion, 2010. 350 p.


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