De l’obésité à l’aide alimentaire, cris d’alarme sur l’alimentation.
Fondation Louis Bonduelle (à partir du Lancet), Meridian Institute (à partir de UN Irin).
La revue de presse de la Mission Agrobiosciences, 24 octobre 2011
Le coût de l’obésité
Le premier cri d’alarme est relayé par le site de la Fondation Louis Bonduelle qui se fait l’écho d’un papier publié dans la très sérieuse revue scientifique médicale britannique, The Lancet. « Plus de 1,5 milliard d’adultes sont en surpoids dans le monde parmi lesquels 502 millions sont obèses », selon les dernières données obtenues, en 2008, dans 199 pays.
Mieux (ou pire), l’article a chiffré le coût de l’obésité : de l’ordre de 0,7 à 2,8 % des dépenses de santé. Sachant que les maladies cardiovasculaires, diabète et autres cancers sont les principales maladies chroniques associées à l’obésité, « les dépenses médicales des personnes atteintes d’obésité sont 30 % plus élevées que celles des personnes de poids normal. Idem pour les coûts d’hospitalisation (de 46% supérieurs aux USA). En 2030, les dépenses de santé liées à l’obésité et au surpoids pourraient atteindre 16 à 18 % des dépenses totales de santé des pays riches à forte prévalence.
Aux Etats-Unis, la prévalence de l’obésité chez les adultes d’environ 32 % en 2007-08, atteindrait 50 à 51% en 2030 pour les hommes et passerait de 35 % à 45-52 % pour les femmes ! (…)
Enfin, les chercheurs soulignent que l’excès de poids et l’obésité ont des effets significatifs sur la durée de vie, le handicap, la qualité de vie, la productivité du travail. »
Si ce papier « cherche à alerter l’opinion sur un sujet encore trop sous-estimé et se demande comment mieux cibler les mesures de prévention qui doivent être une priorité, voire par une urgence de santé publique », ainsi alignés, les chiffres ne risquent-ils pas de stigmatiser davantage encore une population déjà très largement touchée d’un point de vue sanitaire et social ? Car, comme le rappelle le chercheur Max Lafontan, cette maladie, fruit d’un télescopage entre biologie, environnement et société, reste encore très mal connue.
Aide alimentaire : controverses sur les OGM
Après les pays occidentaux et les désordres économiques liés à l’obésité, un autre cri d’alarme est publié par UN IRIN (en anglais et traduit par le Meridian Institute). Cet article nous apprend que « l’aide alimentaire composée de produits génétiquement modifiés (GM) destinée à l’Afrique a été, pendant longtemps, source de controverse entre les gouvernements, les scientifiques, les activistes, les consommateurs et les travailleurs humanitaires. (…)
Le 18 août, dans le contexte de grave sécheresse, le gouvernement kenyan a renvoyé le chef de l’Autorité nationale de biosécurité pour avoir accéléré le processus d’importation d’aide alimentaire moulue qui aurait pu inclure des céréales génétiquement modifiées.
« Lorsque dans votre pays les gens meurent de faim, vous ne tournez pas tout simplement le dos à la nourriture à votre porte, uniquement parce qu’elle est étiquetée GM – les évaluations de risque biotechnologique ont dû être faites avant l’importation de la nourriture pour voir si elle constitue effectivement une menace, préalablement à la prise de décision. Prendre cette décision si tard pourrait avoir de graves conséquences pour ceux qui souffrent », a commenté Diran Makinde, directeur du Réseau africain d’expertise en Biosécurité, du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), un groupe d’experts scientifiques créé par l’Union africaine.
Mais Tewolde Egziabher, directeur de l’Agence de protection environnementale de l’Ethiopie, se pose des questions : « Pourquoi ne devrions-nous pas nous méfier de cette technologie et de ses possibles impacts sanitaires à long terme, si l’UE le fait. Si elle n’est pas bonne pour eux, pourquoi devrait-elle être bonne pour nous ? ».
Sources
- Obésité dans les pays riches : 50 % de la population touchée à l’horizon 2050 ?, Fondation Louis Bonduelle, 20 octobre 2011
- Tapage autour de l’aide alimentaire GM, Meridian Institute, 21 octobre 2011, à partir d’un article de UN IRIN (FOOD : Rumpus over GM food aid)
Lire aussi sur le magazine Web de la Mission Agrobiosciences :
- L’obésité sous pression, une interview de Jean-Pierre Poulain, sociologue de l’alimentation, juin 2010 (interview originale)
- Malnutrition dans le monde : un mal aux multiples facettes une intervention de Yves-Martin Prével, épidémiologiste et nutritionniste, août 2009 (article original)