L’indice de la FAO est formel : en un an, le prix des produits alimentaires de base ont augmenté de 35%. Une moyenne qui masque des flambées bien plus importantes pour certaines denrées courantes. Résultat ? Des dizaines de pays connaissent des heurts violents, des émeutes et autres saccages ou bousculades pour accéder à un morceau de pain, de l’huile ou du riz. En Afrique, la Guinée, la Mauritanie, et le Sénégal, principalement, on assiste désormais à des émeutes de la faim. Au Maroc, le ministère de l’Intérieur a dû intervenir à la suite de manifestations violentes, tout aussi violemment réprimées, en baissant d’autorité le prix du pain. En Egypte,le Gouvernement est au bord de l’explosion sociale. Ce sont désormais des morts que l’on y dénombre, à la suite des bousculades de la population devant les boulangeries subventionnées par l’Etat, où le prix de la galette de pain est dix à douze fois moins cher que dans les boulangeries privées. Résultat : dans ce pays où le même mot désigne le pain et la vie, et où le souvenir des révoltes de 1977 est encore présent, les pouvoirs publics, se sentant menacés, réquisitonnent l’armée pour ouvrir des points de vente et faire tourner les fours...
Dans l’Asie du Sud-Est, c’est l’huile alimentaire qui fait tourner l’ambiance au vinaigre : ruées dans les magasins, stocks tous azimuts et convoitises des trafiquants. Il faut dire que le prix de l’huile de palme s’est renchéri de 70% l’an dernier... Ajoutons le maïs au Mexique, le riz au Cambodge, le soja en Indonésie, la liste est longue.
L’Europe n’est pas en reste, même si la situation est évidemment nettemoins moins dramatique. Pas de jacqueries ni de colères des ventres creux, mais des actions ciblées, telles que la grève des pâtes et des pizzas en Italie ou le boycott de certaines marques de laitages et de plats cuisinées en Espagne. En France, l’enquête de 60 Millions de consommateurs a jeté un pavé dans la mare, rappelle Le Figaro, en affichant une hausse des prix dans la grande distribution bien supérieure à celle qu’annonce la Répression des Fraudes.
Comment expliquer une telle flambée ? Est-il vrai qu’elle profite à terme aux agriculteurs des pays pauvres ? La Mission Agrobiosciences cherchera des réponses lors de sa prochaine émission "ça ne mange pas de pain"..., les 15 et 16 avril prochains.
On peut également lire :
Les notes et études de conjoncture sur l’instabilité des prix agricoles- sur le site du Ministère de l’agriculture
"L’agriculture à tout prix : de l’effervescence des marchés agricoles mondiaux, à l’urgence de repenser les politiques publiques"-. Edité par le groupe de réflexion européen "Groupe Saint-Germain".