Dans ce volume de plus de 240 pages, les responsables d’associations, les leaders politiques, les chefs d’entreprises de l’agroalimentaire, les dirigeants de la grande distribution vont trouver une somme considérable d’informations sur des pratiques de consommation dites « responsables » ou « éthiques ». Les différents contributeurs à ce numéro de la Revue « Sciences de la Société, interrogent tous la même question : en quoi ces formes de consommation peuvent-elles effectivement peser sur les logiques du marché, les producteurs comme les distributeurs ? Et ils poursuivent leur recherche sur la base de l’hypothèse suivante : c’est par l’acte de consommation que l’on peut peser sur la politique en matière d’agriculture et d’agroalimentaire « La prise en compte de la consommation dite politique ne serait-elle pas une première étape vers la reconnaissance du fait que toute consommation est, à sa manière, une pratique de nature politique » page 9.
L’ouvrage débute par des rappels historiques sur l’émergence de ces mouvements dès le début du 20ème siècle avant de faire le point sur les mouvements d’aujourd’hui. Le bilan est mitigé, depuis les Ligues Sociales d’acheteurs de la Conférence internationale de 1908 jusqu’à la notation sociale des entreprises aujourd’hui. Retenons la conclusion de Marie-Emmanuelle Chessel et Franck Cochoy que, en dépit des difficultés de l’engagement politique des consommateurs, et des écarts entre les actes d’achat et les déclarations des citoyens (voir à ce sujet la Table Ronde de la Fédération Européenne de Zootechnie, Rome, août 2003 : http://www.agrobiosciences.org/IMG/pdf/fez-rome.pdf ), « c’est très largement autour de ce terrain de la « nouvelle économie politique » de la consommation et de la production engagées que se joue la définition des contours de notre monde futur commun ». Une interrogation cruciale !
Au total, un recueil de contributions universitaires où les auteurs mobilisent les points de vue de l’histoire, de la science politique, de la sociologie et de l’économie. Un ouvrage pas toujours facile à lire, mais ces comportements en émergence dans nos sociétés méritent largement le travail d’exploration ici entrepris pour les identifier et les comprendre.
Jean-Claude Flamant.Directeur de la Mission Agrobiosciences