04/07/2008
Revue de presse de la Mission Agrobiosciences, 3 juillet 2008

Réchauffement climatique : Quand la mer monte, les îles du Pacifique prennent l’eau.

Copyright www.kango.org.ki

Ce matin Alexis de Tarle chroniqueur économique à Europe 1 nous apprend que la population des îles Kiribati, dans le Pacifique, s’apprête à émigrer. Un appel à pays d’accueil à même été lancé. A ce jour seule la Nouvelle Zélande, voisine de quelques milliers de kilomètres, a répondu positivement. Ainsi, beaucoup se demandent si, suite au changement climatique annoncé, de nombreuses personnes ne seront pas amenées à prendre la fuite. Les réfugiés climatiques vont faire leur apparition sur la scène politique mondiale.

Dans le journal Le Monde, Marie-Morgane Le Moel, nous raconte qu’à l’instar des îles Kiribati, l’archipel de Tuvalu est menacé. Selon le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat)"le niveau moyen des océans devrait monter de 18 à 59 centimètres d’ici 2100." Ainsi après des raisons économiques, la situation climatique est devenue la deuxième raison d’exil pour les habitants des petits pays du Pacifique. Les grandes marées sont plus fréquentes et John Hunter, océanographe à l’Université de Tasmanie estime "que, de 1950 à 2001, la mer est montée de 2 millimètres par an en moyenne. Mais, à cause de l’accélération de l’élévation du niveau de la mer observée désormais, le phénomène pourrait s’aggraver à Tuvalu". Pour Greenpeace Nouvelle Zélande : "Les populations des petites nations du Pacifique vont être confrontées à un changement de leur écosystème avant même d’être inondées, avec la salinisation de leur système d’eau et de leurs aires de cultures." Cette situation vient s’ajouter à de mauvaises pratiques d’aménagement des îles. Notre consoeur du Monde citant Chris de Freitas, professeur à l’école de géographie de l’Université d’Auckland écrit : "Il y a des inondations évidentes sur les îles de Tuvalu, mais le réchauffement climatique causé par l’homme n’est pas en cause. C’est le résultat de l’érosion et de projets immobiliers qui provoquent un afflux d’eau de mer." Cependant les habitants déplacés des archipels demandent le statut de réfugiés climatiques et, ajoute Marie-Morgane Le Moël, "il y a quelques années, le gouvernement de Tuvalu avait même menacé de poursuivre en justice l’Australie et les Etats-Unis pour n’avoir pas ratifié le protocole de Kyoto." A ce jour, la Nouvelle Zélande autorise chaque année 75 installations d’immigrants sur son territoire. Apic, Agence de presse internationale catholique, rapporte qu’à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, Caritas Suisse a décidé de prendre position sur le problème des réfugiés climatiques. Rappelant la situation des habitants des îles du pacifique, l’article précise que "la fuite ou la migration est souvent la seule option. Il faut partir du principe que, suite à la montée du niveau des mers, une partie de ces îles ou Etats seront rayés de la carte à moyen ou à long terme." L’article précise que "la Convention de Genève de 1951 ne reconnaît pas la destruction de l’environnement comme un motif de fuite [mais] depuis peu, le HCR (Agence des Nations Unies pour les réfugiés) fait aussi valoir la destruction de l’environnement et les modifications climatiques comme causes de la fuite." Pour Caritas il est temps d’opérer un changement d’attitude. Le changement climatique devient un enjeu social et éthique. Et quand la mer monte le monde a un peu honte.

Les réactions d’Anny Cazenave, docteur ès sciences, ingénieur du Centre national d’études spatiales (CNES), est actuellement directrice-adjointe du Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales (LEGOS) à l’Observatoire Midi-Pyrénées à Toulouse.

Jacques Rochefort : Avec le réchauffement climatique, apparaît le spectre de la disparition d’atolls dans le Pacifique, une montée rapide des eaux en zone côtière et un afflux de réfugiés « climatiques », qu’en pensez-vous ?

Anny Cazenave : Je crois qu’il ne faut pas généraliser. Il faut envisager ces questions au cas par cas. Et bien souvent les phénomènes que nous observons sont liés aux activités humaines plus qu’au réchauffement climatique. C’est souvent le pompage de l’eau par les populations afin de satisfaire leur alimentation qui fait baisser le niveau des sols. Nous avons l’exemple de Venise dans les années 50 qui a vu la lagune s’affaisser suite à un pompage important.
Il est bien évident qu’il existe une élévation graduelle du niveau des mers que l’on peut chiffrer à quelques décimètres depuis le siècle dernier. L’on assiste aussi à des tempêtes plus intenses et des grandes marées qui entraînent des inondations dans des régions déjà fragilisées comme les îles du Pacifique où les deltas.

JR : Comment appréhender la réalité d’aujourd’hui ?

AC : Nous devons prendre en compte le facteur temps et raisonner sur le très long terme. De nombreux phénomènes se dérouleront mais nous ne savons pas toujours quand ni comment. Il faut envisager les évènements à l’échelle de quelques siècles et comme je le disais c’est souvent l’activité humaine qui est déterminante. Dans le Golfe du Mexique, dans la région de Houston, le sol s’enfonce d’environ un centimètre par an du fait des activités pétrolières. Le réchauffement climatique ne vient qu’amplifier le phénomène et ce, de manière modeste.
Dans les deltas du Bengale, du Nil ou de l’Indus, l’accumulation et le poids des sédiments fait que la côte recule. Dans le cas du Mississipi, les constructions de barrages empêchent les sédiments de s’accumuler en entraînent des déséquilibres entre les sols et le niveau des eaux.

JR : Que peut-on imaginer pour les années qui viennent ?

AC : On le voit tous ces phénomènes sont très complexes et il y a parfois peu d’études qui nous permettraient de mieux envisager l’avenir. Dans le futur, nous devons nous attendre à une hausse du niveau des mers. Sur le très long terme, le réchauffement des océans entraînera une accumulation de chaleur. Par contre nous ne savons pas très bien si la perte de masse de glace des pôles induira une hausse du niveau des mers. A quelle échelle ? L’irréversibilité n’est pas automatique. Les observations du GIEC sont des mesures minimales. Effectivement, les atolls, les deltas, les côtes les plus vulnérables sont menacées. Mais c’est à l’échelle de plusieurs siècles. Nous devons avoir à l’esprit l’échelle du temps.

Propos recueillis par Jacques Rochefort, Mission Agrobiosciences.

Lire les dernières revues de presse et billets de la Mission Agrobiosciences sur le changement climatique :

Europe1, Le Monde, Apic (Agence de presse internationale catholique). Avec les réactions d’Anny Cazenave, docteur ès sciences, ingénieur du Centre national d’études spatiales (CNES), est actuellement directrice-adjointe du Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales (LEGOS) à l’Observatoire Midi-Pyrénées à Toulouse.

Accéder à toutes les Publications : Alimentation et Société Des conférences-débats, tables rondes, points de vue et analyses afin de mieux cerner les problématiques sociétales liées au devenir de l’alimentation. Edités par le Magazine Web de la Mission Agrobiosciences.

Accéder à toutes les publications : Agriculture et Société Des conférences-débats, tables rondes, points de vue et analyses afin de mieux cerner les problématiques sociétales liées au devenir de l’agriculture. Edités par le Magazine Web de la Mission Agrobiosciences.

Accéder à tous les Entretiens et Publications : "OGM et Progrès en Débat" Des points de vue transdisciplinaires... pour contribuer au débat démocratique. Edités par le Magazine Web de la Mission Agrobiosciences.

Accéder à toutes les publications : Sur le bien-être animal et les relations entre l’homme et l’animal Pour mieux comprendre le sens du terme bien-être animal et décrypter les nouveaux enjeux des relations entre l’homme et l’animal. Avec les points de vue de Robert Dantzer, Jocelyne Porcher, François Lachapelle... Edités par le Magazine Web de la Mission Agrobiosciences

Accéder à toutes les Publications : "Sciences-Société-Décision Publique"de la Conversation de Midi-Pyrénées. Une expérience pilote d’échanges transdisciplinaires pour éclairer et mieux raisonner, par l’échange, les situations de blocages « Science et Société » et contribuer à l’éclairage de la décision publique. Edités par le Magazine Web de la Mission Agrobiosciences.

Accéder à toutes les Publications : Science et Lycéens.
Les cahiers de l’Université des Lycéens, moment de rencontres entre des chercheurs de haut niveau, des lycéens et leurs enseignants. Des publications pédagogiques, agrémentées d’images et de références pour aller plus loin, qui retracent la conférence du chercheur et les questions des lycéens.
Edités par le Magazine Web de la Mission Agrobiosciences

Accéder à toutes les Publications : L’agriculture et les bioénergies. Depuis 2005, nos articles, synthèses de débats, revues de presse, sélections d’ouvrages et de dossiers concernant les biocarburants, les agromatériaux, la chimie verte ou encore l’épuisement des ressources fossiles... Edités par le Magazine Web de la Mission Agrobiosciences

Accéder à toutes publications Histoires de... »- Histoire de plantes (gui, luzerne, betterave..), de races animales, de produits (foie gras, gariguette...) pour découvrir leur origine humaine et technique et donc mieux saisir ces objets. Editées par le Magazine Web de la Mission Agrobiosciences.

Accéder à toutes les publications. Sur l’eau et ses enjeux. De la simple goutte perlant au robinet aux projets de grands barrages, d’irrigations en terres sèches... les turbulences scientifiques, techniques, médiatiques et politiques du précieux liquide. Edités par le Magazine Web de la Mission Agrobiosciences.

Accéder à toutes les publications Produits de terroir, appellations d’origine et indications géographiques. Pour tout savoir de l’avenir de ces produits, saisir les enjeux et les marges de manoeuvre possibles dans le cadre de la globalisation des marchés et des négociations au plan international. Mais aussi des repères sur les différents labels et appellations existants. Edités par le Magazine Web de la Mission Agrobiosciences.

Accéder aux Carnets de Voyages de Jean-Claude Flamant. De Budapest à Alger, en passant par la Turquie ou Saratov en Russie, le regard singulier d’un chercheur buissonnier en quête de sens. Edités par le Magazine Web de la Mission Agrobiosciences

ACCEDER A LA TOTALITE DE LA REVUE DE PRESSE DE LA MISSION AGROBIOSCIENCES

Mot-clé Nature du document
A la une
BORDERLINE, LE PODCAST Une coproduction de la MAA-INRAE et du Quai des Savoirs

Écoutez les derniers épisodes de la série de podcasts BorderLine :
Générations futures : pourquoi s’en remettre à demain ?
Humains et animaux sauvages : éviter les lieux communs ?
Le chercheur-militant, un nouveau citoyen ?

Voir le site
FIL TWITTER Des mots et des actes
FIL FACEBOOK Des mots et des actes
Top