After BSE. A future for the European livestock sector. (Après la crise de l’ESB, quel futur pour l’élevage en Europe ? )

Dans les semaines qui suivirent le déclenchement de la deuxième crise de l’ESB, touchant successivement la France, puis des pays d’Europe qui se croyaient totalement à l’abri, perturbant très durement les élevages et les filières de la viande de bœuf, ébranlant durablement la confiance des consommateurs dans les assurances garanties par les pouvoirs publics, la Fédération Européenne de Zootechnie a constitué un groupe de travail dans le but de mesurer les conséquences à long terme de cet événement. La Mission d’Animation des Agrobiosciences y a participé, par l’intermédiaire de son directeur, en apportant notamment son expérience des débats publics sur des sujets de controverse tels que celui-ci et aussi ses analyses acquises au cours des Etats Généraux de l’Alimentation au cours de l’automne 2000.
Le rapport est d’abord largement consacré à un constat des évolutions du secteur de l’élevage en général, en Europe et dans le monde, tout en mobilisant les leçons de la dure expérience britannique. En fait, après ce qui peut être considéré comme un violent tremblement de terre, il s’agit de vérifier les fondamentaux, de sonder les fissures, de mesurer les forces et les faiblesses. D’où une somme d’informations extrêmement variées et complètes apportées par chacun des membres du groupe de travail, ainsi que provenant de la FAO, de l’OIE et du Ministère Italien de l’Agriculture qui ont sponsorisé ce travail. Les documents britanniques ont été également largement sollicités à propos des origines et du développement de la crise. D’où les deux premiers chapitres, tout d’abord sur la crise de l’ESB elle-même (Chapitre 1 - « ESB : les faits, les impacts, les leçons »), puis sur les évolutions en cours avec ou sans ESB (Chapitre 2 - « Le contexte en changement : une industrie en transition »).
Le troisième Chapitre veut donner les éléments d’une réflexion sur le futur (Chapitre 3 - « Le futur ; visions et options »). Cette dernière partie aborde la question des produits de qualité (produits locaux, marques de qualité, produits de l’agriculture biologique) comme une des orientations qui peuvent se déduire des leçons de la crise de l’ESB. Mais son originalité tient peut-être plutôt sur l’insistance accordée à la question : comment reconnecter au sein de la chaîne alimentaire les rapports entre les principaux acteurs depuis le producteur et le consommateur ? Mais il faut bien dire que le lecteur ne trouvera pas là une réponse claire et définitive à cette question qui est de celles qui préoccupent la Mission d’Animation des Agrobiosciences. Deux thèses sont mentionnées, dont l’analyse aurait pu être approfondie. Pour l’une, de nouvelles valeurs sociétales peuvent contribuer à modifier les rapports entre les producteurs et la société, en donnant plus d’importance à l’éthique, au principe de précaution, aux conditions environnementales de la production. Pour l’autre, quelles que soient ces nouvelles valeurs, la logique économique ne peut être ignorée dans l’organisation de la production et de la consommation pour le grand nombre, mais il revient aux pouvoirs publics de définir et de faire respecter des règles qui ne peuvent pas émerger de la seule logique marchande, concernant par exemple la sécurité sanitaire des aliments et le respect des animaux dans la conduite des élevages. Mais bien évidemment ces règles sont définies en rapport avec l’opinion et peuvent être liées à la force de valeurs émergentes. Le rapport ne conclut pas. Le débat n’est pas clos.